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En manque de fonds, l'école de ballet de Bâle ferme sa filière professionnelle

L'école de ballet de Bâle ferme sa filière professionnelle : interview de Cyril Tissot
L'école de ballet de Bâle ferme sa filière professionnelle : interview de Cyril Tissot / Forum / 5 min. / le 2 décembre 2022
Il n'y aura plus qu'un seul CFC de danse classique en Suisse, à Zurich. L'Ecole de ballet de Bâle a annoncé qu'elle allait fermer sa filière professionnelle. Après des accusations d'abus, humiliations et insultes - parues dans les médias fin octobre - la direction de l'école explique qu'il devient très compliqué de trouver des fonds privés.

Cyril Tissot, directeur de Danse Suisse, l'Association suisse des professionnels de la danse, a réagi à cette fermeture dans l'émission Forum de la RTS. Au nom de Danse Suisse, il déclare regretter vivement cette décision.

"Danse Suisse a été le moteur dans l'établissement des CFC pour les formations de danseuse/danseur-interprète, qui existent depuis 2009", explique le directeur de l'association professionnelle. "Il s'agissait d'avoir une reconnaissance du métier par ce biais-là. Danse Suisse s'est donc fortement impliqué dans l'ouverture du CFC de danse classique à Bâle qui a pu être lancé en 2013. "

Cyril Tissot regrette ainsi "que le canton ne voie pas de possibilités de poursuivre un soutien adapté à cette formation". Il se dit surpris "de la décision du comité de cette association de fermer cette formation CFC, à ce moment précis, alors qu'elle venait de lancer cet été une campagne de recherche de financements, pas seulement auprès du canton mais aussi auprès de privés.

"Des élèves devront se tourner vers l'international"

La Suisse proposait jusqu'ici seulement deux CFC de danse classique. Il ne restera plus que celui de Zurich. Peu de solutions s'offrent donc aux élèves. "Nous nous mettons à disposition pour apporter une aide", déclare Cyril Tissot, au nom de Danse Suisse.

Malheureusement, "même si le CFC de Zurich devait intégrer certains élèves, cela ne suffirait pas, regrette-t-il. Il faudra que d'autres élèves se tournent vers l'internationale. Nous pensons aussi aux pédagogues de danse, aux pianistes, au personnel administratif de cette filière, qui perdent aussi un emploi dans un domaine très spécialisé."

"Garantir l'intégrité physique et psychique"

La fermeture de la filière CFC serait aussi due, selon l'école, à des difficultés de financement liées à la mauvaise image de l'institution après des scandales d'abus et de mauvais traitements. Pour Cyril Tissot, la remise en question des écoles de danse est "un processus qui est en cours, au niveau international et aussi en Suisse".

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"Notre travail, notre mission, c'est de valoriser la profession, par exemple par des pratiques salariales mieux adaptées; ensuite de garantir l'intégrité physique et psychique des élèves, des étudiants, mais aussi des professionnels par des dispositifs spécifiques en collaboration avec les écoles, théâtres et compagnies," précise aussi le directeur de Danse Suisse.

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Ainsi, l'Association suisse des professionnels de la danse a "établi un code de conduite il y a une année et demi". Danse Suisse a aussi "un registre professionnel, dont les pédagogues de danse inscrits s'engagent à suivre des formations continues régulières".

"Là est vraiment notre mission importante, et c'est à ça que nous allons activement continuer de nous engager", conclut Cyril Tissot.

Propos recueillis par Mehmet Gultas

Adaptation web: Julien Furrer

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