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Malgré l'accord de paix en Colombie, les assassinats politiques augmentent

Enterrement du leader social Libardo Moreno, assassiné le 23 juillet passé en Colombie. [AFP - Christian EscobarMora]
Malgré l'accord de paix en Colombie, les assassinats politiques augmentent / La Matinale / 1 min. / le 4 octobre 2018
Près de deux ans après l'accord de paix signé avec les FARC, la violence est repartie à la hausse en Colombie. Le nombre d’assassinats de leaders communaux, militants écologistes ou syndicaux alarme les organisations.

Le peuple colombien avait rejeté l'accord de paix à 50,21% des voix lors d'un référendum le 2 octobre 2016. Le traité avait alors été remanié et signé en novembre par le président Juan Manuel Santos et le chef des FARC Rodrigo Londono.

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Cet accord historique devait faire baisser le niveau de violence, selon ses partisans. Aujourd'hui, les Colombiens déchantent face à la difficulté de mettre en oeuvre cette paix, et d'en ressentir les effets.

Un assassinat tous les trois jours

Pas moins de 123 défenseurs des droits humains, dirigeants sociaux, défenseurs du droit à l’environnement et membres d’organisations communautaires autochtones ont été assassinés durant les six premiers mois 2018, décompte l'Institut d'études pour le désarmement et la Paix (Indepaz).

Ce chiffre monte à 311 depuis la signature de l'accord de paix, selon Carlos Negrete, "Défenseur du Peuple" en Colombie, soit en moyenne un meurtre tous les trois jours.

Parmi ces victimes, il y a Ana Maria Cortes, coordinatrice locale pour le candidat à la présidentielle Gustavo Petro, assassinée au moins de juillet dans son village, par ce qui semble être des membres d'un groupe mafieux.

Phénomène en augmentation

Ces assassinats politiques ne sont pas nouveaux. Ils étaient cependant "moins visibles à cause du bruit des fusils", explique sur La Première le prêtre et défenseur des droits de l'homme Henry Ramirez Soler, venu témoigner mardi passé au Conseil des droits de l’homme de l'ONU à Genève. Pour lui, la fin du conflit armé a permis de les mettre en lumière.

Mais le phénomène s'est également accentué avec l'arrivée de nouveaux groupes mafieux, venus occuper la place laissée libre par les FARC.

>> Ecouter le témoignage du prêtre colombien Henry Ramirez Soler :

Le prêtre colombien Henry Ramirez Soler. [Facebook]Facebook
Témoignage du prêtre colombien Henry Ramirez Soler / La Matinale / 1 min. / le 2 octobre 2018

Inquiétude depuis l'arrivée d'Ivan Duque

L'ascension au pouvoir en août dernier du président conservateur Ivan Duque fait craindre à Henry Ramirez Soler une aggravation de la situation.

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"Il y a quelques jours, le ministre de la défense affirmait que les protestations sociales étaient financées par des groupes illégaux et par le trafic de drogue. Les groupes hors-la-loi se sentent ainsi légitimes à agir contre les défenseurs des droits de l’homme et les leaders sociaux, faisant augmenter les risques d'assassinats", explique le prêtre colombien.

Deux ans après la signature d'un accord mettant fin à plus de 52 ans d'insurrection, les Colombiens n'ont pas encore trouvé la paix. En juillet passé, une quarantaine d'ONG avaient appelé la Suisse à intervenir pour faire cesser les assassinats de défenseurs des droits humains en Colombie.

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Anouk Henry / Mouna Hussain

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