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En Birmanie, le CICR doit faire face aux haines interethniques

Crise humanitaire au Bangladesh: l'interview de Peter Maurer
Crise humanitaire au Bangladesh: l'interview de Peter Maurer / 19h30 / 3 min. / le 21 novembre 2017
La gestion du conflit en Birmanie est compliquée par la participation de la population. Le président du CICR Peter Maurer se dit frappé par la haine ancrée au sein de cette population, divisée entre bouddhistes et musulmans.

"On n'a pas affaire à une situation classique d'un conflit armé entre groupes armés. Ici, le conflit est interethnique, intraculturel et intrareligieux", constate le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer mardi dans le 19h30.

Le CICR est un acteur crucial en Birmanie, car il est l'un des seuls à pouvoir garder un contact avec les populations Rohingyas restées sur place. Depuis fin août, quelques centaines de milliers de Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie, ont fui les violences pour se réfugier au Bangladesh. Mais des dizaines de milliers d'autres sont restés. C'est pour eux que le CICR a augmenté ses capacités sur place.

"La sécurité n'est plus assurée"

"Mes collègues et moi avons été frappés par cette haine et par la participation de la population au conflit", témoigne Peter Maurer. Selon lui, la sécurité "des uns et des autres" n'est plus assurée, car il devient très difficile de vivre ensemble.

Avec les populations qui prennent part au conflit, la gestion de l'aide humanitaire se complique. "Sur le terrain, il devient plus difficile d'avoir la confiance des gens. On a du mal a recevoir l'acceptation d'une communauté lorsqu'on a apporté une aide humanitaire à l'autre groupe", insiste Peter Maurer.

>> Lire aussi : Une enquête indépendante sur la crise des Rohingyas demandée par la Suisse

Au Bangladesh, la crise des enfants

Devant cette situation difficile à gérer, 1000 à 2000 Rohingyas continuent de fuir chaque jour la Birmanie pour le Bangladesh. Dans ce pays, de nombreuses organisations humanitaires sont actives.

Dans ces camps, six réfugiés sur dix ont moins de 18 ans. Une situation qualifiée sur place de crise des enfants. "Il y a plus de 14'000 orphelins", affirme un humanitaire zurichois sur place.

Officiellement, la Birmanie appelle les Rohingyas à rentrer, mais ces derniers n'ont pas confiance et la plupart sont partis pour rester au Bangladesh.

>> Voir le reportage du 19h30 sur les humanitaires suisses au Bangladesh :

Rohingyas au Bangladesh: avec les humanitaires suisses
Rohingyas au Bangladesh: avec les humanitaires suisses / 19h30 / 3 min. / le 21 novembre 2017

Propos recueillis par Darius Rochebin

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