Publié

"Redonner de l'argent aux riches en réduisant l'impôt, c'est du gaspillage"

Le salaire de Donald Trump devrait se monter à un dollar symbolique. [AFP - Jim Watson]
L'équation de Donald Trump pour augmenter les dépenses tout en baissant les impôts / Tout un monde / 7 min. / le 16 novembre 2016
Investissements massifs, baisse d'impôts et dette: le professeur d'économie Cédric Tille est revenu mercredi pour l'émission Tout un monde sur le programme économique de Donald Trump et ses implications.

"Dans tous ce tas de politiques mauvaises ou incertaines, il y a aussi du bon dans le plan pour l'économie américaine de Donald Trump. Son programme pour doper la relance par des investissements massifs dans les infrastructures est positif. C'est quelque chose dont le pays a besoin", a analysé Cédric Tille, professeur d'économie au Graduate Institute à Genève, sur les ondes de la RTS mercredi.

Le nouveau président élu prévoit d'investir jusqu'à 1000 milliards de dollars pour reconstruire les ponts, autoroutes et aéroports à travers le pays, dont certains ont un besoin urgent de réfection.

"Je reste par contre sceptique sur le déplafonnement des dépenses militaires, a poursuivi celui qui a aussi travaillé à la Réserve fédérale de New York. Il y a eu de gros gaspillages, notamment dans une fascination technologique avec des budgets non contrôlés, il faut en sortir".

Désastre en perspective

Concernant les baisses d'impôts que prévoit Donald Trump, Cédric Tille y voit par contre un clair gaspillage. "Réduire les impôts des forts revenus, ce n'est pas bien, ils n'ont pas le couteau sous la gorge. Ce ne sont pas eux qui vont dépenser plus et soutenir la croissance. Au contraire, il faut soutenir les bas revenus, ceux qui sont au chômage ou qui ont de la peine à joindre les deux bouts, parce que c'est eux qui vont ensuite consommer. Redonner de l'argent à des riches, ça ne marche pas".

Et de citer un cas très frappant: "l'Etat du Kansas a coupé les impôts pour les riches il y a deux ou trois ans pour stimuler la croissance, c'était un désastre! Le budget s'est effondré et la croissance n'a pas décollé du tout".

Certains craignent aussi que ces mesures de réduction d'impôts couplées à un investissement massif dans les infrastructures augmentent encore la dette des Etats-Unis, qui atteint déjà 18'000 milliards de dollars. Cédric Tille pondère toutefois ce chiffre. "La dette est élevée mais ce n'est pas un danger, il y a encore de la marge pour la faire augmenter. Un Etat ne doit pas rembourser sa dette mais la stabiliser en fonction du PIB", rappelle l'économiste.

Ramener Ford, un rêve

"Revenir à la période des trente glorieuses, ce n'est pas possible. Ramener Ford aux Etats-Unis, ce n'est pas réaliste", poursuit Cédric Tille. La tendance à la désindustrialisation est lourde, les emplois sont passés du secteur secondaire au tertaire et ce n'est pas en abrogeant les traités internationaux que cela va changer, explique-t-il encore.

>> Ecouter aussi à propos des liens entre les Etats-Unis et l'Europe, l'interview d'Yves Bertoncini :

Yves Bertoncini. [eesc.europa.eu]eesc.europa.eu
A quoi ressembleront les relations entre l'Europe et l'administration Trump? / Le Journal du matin / 10 min. / le 16 novembre 2016

sbad

Publié