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"Ma vie s'est arrêtée" le 7 octobre: témoignage d'une survivante des attaques du Hamas

Témoignage de Laura Blajman-Kadar, survivante du massacre du 7 octobre
Témoignage de Laura Blajman-Kadar, survivante du massacre du 7 octobre / Forum / 8 min. / jeudi à 19:00
Laura Blajman-Kadar était au Festival de musique Nova lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre. Cette Franco-Israélienne a miraculeusement échappé aux terroristes, en se cachant pendant six heures dans une caravane avec son mari et ses amis. "Ma vie s'est arrêtée ce jour-là", confie-t-elle dans l'émission Forum.

"C'est vrai que j'ai eu beaucoup de chance et je suis rentrée vivante à la maison. Mais on n'est pas tous rentrés", rappelle Laura Blajman-Kadar dans Forum. Cela fait "bientôt 200 jours que les otages sont là-bas et, de jour en jour, c'est de plus en plus dur pour nous", explique cette Franco-Israélienne, rescapée de l'attaque du Hamas le 7 octobre.

Pour échapper aux terroristes, elle s'est cachée pendant six heures dans une caravane avec son mari et ses amis. Six longues heures qu'elle raconte dans son livre "Croire en la vie", aux Editions Robert Lafont.

Etre cachés dans la caravane et entendre tout ce qu'il se passe dehors avec les terroristes qui ont tiré sur la caravane, qui ont tenté de mettre le feu, on essaye de se remettre

Laura Blajman-Kadar, rescapée des attaques du 7 octobre

"Ma vie a complètement changé et s'est arrêtée" ce jour-là. "On était venu pour un festival de musique. Ce qui devait être un superbe week-end est devenu un cauchemar horrible. A 8h du matin, quand tout a démarré, on a décidé de se cacher dans la caravane sans savoir que six heures de cauchemar allaient commencer", raconte-t-elle.

Revivre chaque minute de cette journée

"Etre cachés dans la caravane et entendre tout ce qu'il se passe dehors avec les terroristes qui ont tiré sur la caravane, qui ont tenté de mettre le feu, on essaye de se remettre, on essaye de continuer quelque chose, mais on ne peut pas vraiment commencer à guérir ou commencer à reprendre une vie quand des otages sont encore là-bas", explique-t-elle.

"Comme on était cachés dans la caravane, on ne pouvait pas parler entre nous. On devait garder le silence, comme nous étions entourés de terroristes. Toutes les conversations qu'on a tenues étaient par téléphone", relate-t-elle.

"Ecrire ce livre a été une épreuve très très dure parce que c'était vraiment revivre chaque moment, chaque sentiment, chaque minute de cette journée. Et on continue à la vivre depuis. J'ai eu six heures de cauchemar dans cette caravane, mais j'ai des amis qui sont otages depuis six mois. C'est très important de continuer à en parler." 

Culpabilité de vivre

Laura Blajman-Kadar évoque également la culpabilité des survivants face à la perte de leurs amis et à la nécessité de continuer à témoigner pour ne pas les oublier. "Les jours, les semaines après le 7 octobre étaient remplis d'enterrements. On a enterré nos amis les uns après les autres. Et quand on va à tellement d'enterrements, on ne réussit pas à comprendre pourquoi on est là, debout, et pourquoi nos amis sont enterrés. On culpabilise pour tout ce qu'on fait." 

Je n'ai pas le droit d'arrêter de parler tant que mes amis sont là-bas

Laura Blajman-Kadar, rescapée des attaques du 7 octobre

Malgré la douleur persistante et les cauchemars récurrents, elle estime que parler de son expérience est un devoir envers ses amis toujours retenus en otage. "Je vais être honnête, il n'y a rien au monde que j'aimerais plus que mettre cette histoire derrière moi et reprendre une vie. Mais je n'ai pas le droit d'arrêter de parler tant que mes amis sont là-bas."

Malgré les traumatismes subis, Laura Blajman-Kadar souligne l'importance de garder espoir. "Tous les matins, il faut croire qu'il y a une raison à la vie et croire en la paix."

 Le Hamas a réussi à me prendre énormément de choses le 7 octobre. Mais je ne vais pas lui laisser prendre mon espoir et l'espoir qu'un jour on aura la paix

Laura Blajman-Kadar, rescapée des attaques du 7 octobre

"Un groupe terroriste, son but, ce n'est pas seulement de tuer les gens, mais c'est de tuer l'espoir. Le Hamas tue l'espoir des Palestiniens depuis de longues années. Il essaie de nous faire croire qu'on doit avoir peur les uns des autres pour toujours. Le Hamas a réussi à me prendre énormément de choses le 7 octobre. Mais je ne vais pas lui laisser prendre mon espoir et l'espoir qu'un jour on aura la paix. On pourra vivre les uns à côté des autres", conclut-elle.

Propos recueillis par Valentin Emery

Adaptation web: France-Anne Landry

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