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Les Etats-Unis mettent leur veto à l'adhésion de la Palestine à l'ONU, la Suisse s'abstient

Les États-Unis bloquent l'adhésion des Palestiniens à l'ONU. La Suisse s'abstient. Réactions contrastées
Les États-Unis bloquent l'adhésion des Palestiniens à l'ONU. La Suisse s'abstient. Réactions contrastées / 19h30 / 2 min. / vendredi à 19:30
Les Etats-Unis ont mis fin jeudi à l'infime espoir d'adhésion pleine et entière de la Palestine à l'ONU, mettant sans surprise leur veto au Conseil de sécurité à une revendication fustigée par leur allié israélien. La Suisse s'est, de son côté, abstenue.

Depuis plusieurs semaines, les Palestiniens, qui ont le statut inférieur "d'Etat non membre observateur" depuis 2012, et les pays arabes imploraient le Conseil d'accepter qu'un "Etat palestinien" déjà reconnu par la majorité des capitales prenne sa place "légitime" au sein des Nations unies.

"Accorder à la Palestine une adhésion pleine et entière aux Nations unies allégerait une partie de l'injustice historique subie par des générations de Palestiniens", a encore plaidé jeudi devant le Conseil Ziad Abu Amr, haut responsable de l'Autorité palestinienne.

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Les Etats-Unis mettent leur veto à l'adhésion de la Palestine à l'ONU, la Suisse s'abstient
Les Etats-Unis mettent leur veto à l'adhésion de la Palestine à l'ONU, la Suisse s'abstient / Forum / 3 min. / vendredi à 18:00

Mais en vain. Les Etats-Unis, qui ont tout fait pour retarder le vote, n'ont pas hésité à recourir à leur droit de veto qu'ils utilisent régulièrement pour protéger leur allié israélien, en pleine guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.

Abstention suisse

Le projet de résolution, présentée par l'Algérie qui "recommande à l'Assemblée générale que l'Etat de Palestine soit admis comme membre des Nations unies", a recueilli 12 votes pour, 1 contre et 2 abstentions (Royaume-Uni et Suisse, lire l'encadré).

"Un échec à agir serait une erreur grave et impardonnable. Ne pas se réveiller aujourd'hui serait permettre la poursuite de l'injustice et de l'impunité, une honte éternelle", a lancé juste avant le vote l'ambassaeur algérien Amar Bendjama.

>> Les précisions de La Matinale :

Les Etats-Unis ont mis leur veto à l'adhésion de la Palestine à l'ONU, la Suisse s'est abstenue. [EPA/Keystone - Sarah Yenesel]EPA/Keystone - Sarah Yenesel
Veto américain à l'adhésion de la Palestine comme Etat membre à part entière de l'ONU: les précisions Alice Froussard / La Matinale / 1 min. / vendredi à 06:19

Aval du Conseil de sécurité nécessaire

Mais l'admission d'un Etat à l'ONU doit recevoir une recommandation positive du Conseil (au moins 9 voix sur 15 en faveur, sans veto d'un membre permanent), puis être approuvée par l'Assemblée générale, à la majorité des deux-tiers.

Les Etats-Unis n'ont cessé de répéter ces dernières semaines que leur position "n'a pas changé" depuis 2011, lorsque la demande d'adhésion présentée par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait tourné court face à l'opposition américaine, avant même d'atteindre l'étape du Conseil.

Ils estiment que l'ONU n'est pas le lieu pour la reconnaissance d'un Etat palestinien, qui devrait selon eux être issu d'un accord entre Israël et les Palestiniens. Ils soulignent aussi que la législation américaine leur imposerait de couper leur financement à l'ONU en cas d'une adhésion palestinienne en dehors d'un tel accord bilatéral.

Le dernier veto à l'adhésion d'un Etat à l'ONU date de 1976, quand les Américains avaient bloqué l'entrée du Vietnam.

Opposition de la part d'Israël

Les Israéliens dénonçaient également avec virulence l'initiative palestinienne, fustigeant le simple fait que le Conseil examine la requête palestinienne que leur ambassadeur à l'ONU Gilad Erdan a jugé "immorale".

"Un Etat pacifique, quelle blague!", a-t-il lancé, en référence à la Charte de l'ONU qui stipule qu'une des conditions d'adhésion est d'être un Etat "pacifique".

Le gouvernement israélien s'oppose à la solution à deux Etats, défendue par une grande majorité de la communauté internationale, dont les Etats-Unis.

Et la majorité des 193 Etats membres de l'ONU (137 selon le décompte de l'Autorité palestinienne) reconnaissent de manière unilatérale un Etat Palestinien.

afp/ami

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L'Autorité palestinienne et le Hamas fustigent le veto américain

L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fustigé jeudi le veto américain: "Cette politique américaine agressive envers la Palestine, son peuple et ses droits légitimes représente une agression flagrante contre le droit international et un encouragement à la poursuite de la guerre génocidaire contre notre peuple (...) qui poussent encore davantage la région au bord du gouffre", a déclaré le bureau de Mahmoud Abbas dans un communiqué.

Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a, lui, condamné vendredi "le veto américain au Conseil de sécurité au projet de résolution accordant à la Palestine l'adhésion à part entière aux Nations Unies". Le mouvement "assure au monde que notre peuple poursuivra sa lutte jusqu'à l'établissement (...) d'un État palestinien indépendant et pleinement souverain avec Jérusalem pour capitale", a-t-il indiqué dans un bref communiqué.

Une adhésion "pas appropriée à l'heure actuelle", selon la Suisse

En s'abstenant lors du vote au Conseil de sécurité, la Suisse est le seul pays avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis à ne pas avoir approuvé la demande d'adhésion pleine et entière de la Palestine à l'ONU.

"Après avoir bien considéré tous les intérêts en jeu", le Conseil fédéral estime que l'adhésion de la Palestine à l'ONU "n'est pas appropriée à l'heure actuelle" et ne favoriserait pas "un apaisement de la situation et les efforts de paix au Proche-Orient", explique le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) sur son site en ligne.

La Suisse, qui demeure attachée à la solution à deux États, considère qu'il serait mieux de procéder à l'adhésion pleine et entière à l'ONU de la Palestine "à un moment où une telle mesure s'insérerait dans la logique d'une paix émergente", précise le DFAE. Les présidents des commissions de politique extérieure du Parlement ont été consultés par le Conseil fédéral.