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Première exécution par inhalation d'azote prévue en Alabama

Le détenu, définitivement condamné en 1996 à la peine capitale pour le meurtre d'une femme commandité par son mari, est décédé au pénitencier d'Atmore à 20h25 locales. [EPA/Keystone - Dan Anderson]
Un condamné à mort exécuté par inhalation d'azote aux Etats-Uni, une première mondiale / La Matinale / 16 sec. / le 26 janvier 2024
L'Etat américain de l'Alabama s'apprête à mettre à mort un condamné par inhalation d'azote. L'ONU condamne cette première mondiale, qu'elle compare à une forme de "torture".

Kenneth Eugene Smith, définitivement condamné en 1996 à la peine capitale pour le meurtre d'une femme commandité par son mari, est décédé au pénitencier d'Atmore à 20H25 locales (02H25 GMT vendredi), 29 minutes après le début de l'exécution, a annoncé un communiqué du procureur général d'Alabama.

"Justice a été rendue. Ce soir, Kenneth Smith a été mis à mort pour l'acte abject qu'il avait commis il y a 35 ans", a déclaré Steve Marshall, affirmant que l'Alabama avait "accompli quelque chose d'historique".

Plusieurs minutes d'agonie

Selon la chaîne locale du réseau CBS, dont un journaliste a assisté à l'exécution, les derniers mots de Kenneth Smith ont été: "Ce soir, l'Alabama a fait faire un pas en arrière à l'humanité (...) Je m'en vais avec amour, paix et lumière (...) Merci de m'avoir soutenu. Je vous aime tous".

Jeudi matin, il avait pris un dernier repas composé d'un steak, de galettes de pommes de terre et d'oeufs, d'après l'administration pénitentiaire.

Une fois l'exécution débutée, Kenneth Smith "a commencé à se tordre et se débattre pendant approximativement deux à quatre minutes, suivies d'environ cinq minutes de respiration bruyante", a rapporté le média local AL.com se fondant sur des témoins.

Le condamné semble avoir "retenu sa respiration aussi longtemps qu'il le pouvait", a indiqué aux journalistes le commissaire de l'administration pénitentiaire de l'Alabama John Hamm.

Mode d'exécution inédit depuis 40 ans

Il s'agit de la première exécution de l'année aux Etats-Unis, où 24 ont été réalisées en 2023, toutes par injection létale. C'est la première fois depuis plus de 40 ans qu'un mode d'exécution inédit est utilisé dans ce pays.

Une précédente tentative par injection létale, le 17 novembre 2022, avait été annulée in extremis, les perfusions intraveineuses pour administrer à Kenneth Smith la solution mortelle n'ayant pu être posées dans le temps légalement imparti, bien qu'il soit resté attaché plusieurs heures.

L'Alabama, situé dans le sud-est des Etats-Unis, est l'un des trois Etats américains autorisant l'exécution par inhalation d'azote, dans laquelle le décès est provoqué par hypoxie (raréfaction d'oxygène).

Possiblement de la "torture"

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme s'est dit le 16 janvier "alarmé" par l'utilisation d'un "mode d'exécution inédit et non testé".

Cela "pourrait constituer de la torture ou d'autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international", a prévenu une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, appelant à un sursis à cette exécution.

Le protocole d'exécution par hypoxie à l'azote de l'Alabama ne prévoit pas de sédation, alors que l'Association américaine vétérinaire (AVMA) recommande d'administrer un sédatif aux animaux euthanasiés de cette façon, a souligné la porte-parole.

>> Réécouter les précisions dans le 12h30 :

La Cour suprême maintient la peine de mort par asphyxie aux Etats-Unis (image d'illustration). [Keystone - Steve Helber/AP photo]Keystone - Steve Helber/AP photo
La Cour suprême maintient la peine de mort par asphyxie aux Etats-Unis / Le 12h30 / 2 min. / le 25 janvier 2024

afp/edel/kkub

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