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Appels au cessez-le-feu ignorés au Soudan, après deux semaines de combat

Des volutes de fumée s'élèvent au-dessus des immeubles résidentiels de l'est de Khartoum, le 22 avril 2023, pendant les combats qui opposent les forces de deux généraux rivaux. [AFP]
Appels au cessez-le-feu ignorés au Soudan, après deux semaines de combat / Le Journal horaire / 32 sec. / le 22 avril 2023
Les combats entre militaires et paramilitaires au Soudan qui ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés sont entrés samedi dans leur deuxième semaine sans qu'aucun cessez-le-feu ne tienne malgré les multiples appels en ce sens de l'étranger.

Dans la nuit, les fortes explosions qui avaient secoué la capitale Khartoum ces derniers jours ont diminué, mais dès le matin, les échanges de tirs ont repris, selon des témoins.

Les violences ont éclaté le 15 avril entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan depuis le putsch de 2021, et son adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide (RSF), des paramilitaires redoutés. Les deux généraux avaient pris le pouvoir lors du coup d'Etat, mais ils se sont ensuite affrontés dans une lutte de pouvoir acharnée.

L'armée avait pourtant annoncé vendredi avoir "accepté un cessez-le-feu de trois jours" pour la fête de l'Aïd al-Fitr, qui marque la fin du mois sacré du jeûne musulman. Auparavant, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, avaient appelé à un cessez-le-feu. Les deux précédents cessez-le-feu de 24 heures annoncés en début de semaine ont également été ignorés.

>> Lire à a ce sujet : L'armée soudanaise annonce un cessez-le-feu après une semaine de combats

Créées en 2013, les FSR du général Daglo regroupent des milliers d'anciens Janjawids, des miliciens arabes recrutés par l'ex-dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019, pour combattre des minorités ethniques au Darfour.

Violences dans tout le pays

Khartoum, ville de cinq millions d'habitants, a été le théâtre de certains combats parmi les plus féroces, avec des frappes aériennes, des chars dans les rues et des coups de feu dans les quartiers densément peuplés, mais la violence a explosé dans tout le pays.

Les combats ont fait rage notamment au Darfour, l'une des régions les plus pauvres du Soudan, où "la situation est catastrophique", selon un docteur de Médecins sans frontières (MSF).

Des plans d'évacuation des ressortissants étrangers au Soudan sont en cours d'élaboration: les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont déployé des forces dans les pays voisins, et l'Union européenne envisage de prendre des mesures similaires.

Vendredi, le département d'Etat américain a fait savoir que la situation était encore trop risquée pour permettre l'évacuation du personnel de l'ambassade. Aussitôt, les FSR du général Daglo - très actives sur les réseaux sociaux - ont répondu être "prêtes à ouvrir tous les aéroports du Soudan" pour que "les pays amis voulant évacuer leurs ressortissants" puissent le faire.

>> Revoir le sujet du 19h30 du 21 avril :

Le conflit s'aggrave au Soudan. La situation ne permet pas d'organiser l'évacuation des ressortissants suisses
Le conflit s'aggrave au Soudan. La situation ne permet pas d'organiser l'évacuation des ressortissants suisses / 19h30 / 2 min. / le 21 avril 2023

Menace de "guerre civile"

Un bilan publié par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fait état de 413 morts et 3551 blessées dans les combats.

La violence pourrait plonger encore des millions de personnes dans la faim au Soudan, où 15 millions de personnes, soit un tiers de la population, ont besoin d'aide, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

Des analystes redoutent que les pays de la région ne soient entraînés dans le conflit. Des mesures urgentes sont nécessaires pour empêcher qu'il ne dégénère en "guerre civile à part entière", a averti l'International Crisis Group (IGC).

ats/cab

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Les forces en présence

Depuis le 15 avril, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo s'affrontent au Soudan.

Military Balance Plus et International Institute for Strategic Studies (IISS) estiment que l'armée compte 100'000 hommes, contre 40'000 paramilitaires.

Plusieurs experts avancent cependant le chiffre de 100'000 paramilitaires, tout en donnant la supériorité numérique à l'armée.

Mais sur le terrain, aucun camp ne semble prendre l'avantage en près d'une semaine de combats acharnés.

Le conflit a éclaté en raison du différend entre les deux généraux sur les modalités d'intégration aux troupes régulières des FSR, dont des milliers d'ex-miliciens ont été accusés d'exactions dans la longue guerre du Darfour (ouest) dans laquelle ils combattaient pour le compte de la dictature d'Omar el Béchir, renversé en 2019.