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Quand la propagande du Kremlin s'invite dans les écoles russes

Une écolière moscovite de 10 ans témoigne de l’omniprésence de l’État russe, à l’école et sur les réseaux sociaux
Une écolière moscovite de 10 ans témoigne de l’omniprésence de l’État russe, à l’école et sur les réseaux sociaux / 19h30 / 3 min. / le 21 février 2023
Près d’un an après le début de l’offensive russe en Ukraine, la vie semble suivre son cours en Russie. Une vie ordinaire qui cache en réalité une propagande du régime, s'invitant parfois jusque dans les établissements scolaires. Témoignages.

Irina, dix ans, est une écolière moscovite comme tant d’autres. Chaque lundi depuis la rentrée de septembre, l’actualité en Ukraine s’invite dans son programme scolaire.

En plus de la levée du drapeau et du chant patriotique entonné dès l’arrivée à l’école, un nouveau cours a fait son apparition: "les conversations sur l’essentiel". La première personne à avoir dispensé cette leçon, diffusée dans tous les établissement scolaires, n’est autre que le président russe Vladimir Poutine.

"Un amour pour l’Etat"

Aux yeux de sa maman, Olga, ces leçons revêtent un caractère fasciste, voire nazi. "On explique aux enfants que seul l’Etat russe est important, que les Russes sont bons et que les autres sont méchants." Elle ajoute: "Je dirais que c’est un patriotisme dans le mauvais sens du terme. Il ne s’agit pas de l’amour pour la patrie, mais plutôt de l’amour pour l’Etat, pour le système politique lui-même".

Ce cours, non obligatoire, n'a pas été suivi par sa fille. Mais Irina attire désormais l’attention de ses professeurs pour une autre raison: elle a choisi innocemment le drapeau ukrainien en guise de photo de profil sur son compte Telegram. "Je l’ai trouvé sur Internet. Je voulais un avatar vert. Et pour avoir le vert on prend les couleurs jaune et bleu (…) Il y avait un texte que je n’ai pas vu, c’était 'Gloire à l’Ukraine'", confie-t-elle mardi dans le 19h30.

Réseaux sociaux surveillés

Rapidement, le choix de cette effigie sur le réseau social a des répercussions. L'écolière et sa maman sont arrêtées, menacées d'être séparées, avant d’être relâchées. S'en suit une perquisition à leur domicile. Depuis cet incident, Olga a peur et enchaîne les cauchemars.

"Je sais qu’on me surveille en ce moment. Ils vérifient mes comptes sur les réseaux sociaux. Maintenant, avec mes filles, quand on veut parler de certaines choses, on le fait seulement à la maison, pas ailleurs".

Si cette mère et sa fille témoignent aujourd’hui, c’est parce qu’elles veulent quitter la Russie. Olga a entamé des démarches pour rejoindre l’Europe afin que ses filles grandissent dans un pays où elles seront libres de penser et de vivre sans crainte.

Sujet TV: Karima Benamrouche

Texte web: hkr

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