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Le Kosovo reporte ses nouvelles règles à la frontière serbe après des tensions

Les forces de sécurité kosovares bloquent la route dans le cadre des mesures de sécurité prises autour de la ville, tandis que les sirènes de raid aérien se font entendre près de la frontière serbe, à Mitrovica, au Kosovo, le 31 juillet 2022. [AFP - Anadolu Agency]
Les Serbes du Kosovo ont démantelé lundi les barricades qu'ils avaient érigées dans le nord du pays / La Matinale / 1 min. / le 2 août 2022
La minorité serbe du Kosovo a démantelé lundi les barricades érigées dans le nord du territoire après le report par Pristina de mesures qu'elle juge vexatoires, dernier accès de tensions en date dans l'ex-province serbe.

Selon une correspondante de l'AFP, les protestataires ont enlevé les camions et autres véhicules lourds qui bloquaient depuis dimanche l'accès à deux postes frontaliers avec la Serbie dans une atmosphère lourde de dissensions.

La police kosovare a déclaré avoir essuyé des tirs à quatre reprises, sans qu'il n'y ait de victimes. Elle a fait état de "mauvais traitements" subis par des Albanais kosovars.

Nouvelles règles administratives

Belgrade n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée par le Kosovo en 2008, une décennie après une guerre sanglante qui fit 13'000 morts, en majorité des Kosovars albanais. Depuis, la région est le théâtre de frictions épisodiques.

Ce nouvel accès de violences fait suite à la décision de Pristina d'imposer de nouvelles règles administratives et frontalières aux Serbes. En vertu de ces mesures, qui devaient entrer en vigueur lundi, les autorités kosovares fournissaient des permis de séjour temporaires aux personnes entrant au Kosovo avec une carte d'identité serbe.

Le Premier ministre kosovar Albin Kurti avait invoqué le principe de "réciprocité" puisque Belgrade impose le même régime aux Kosovars entrant en Serbie.

Plaques serbes

Pristina avait également donné deux mois aux Serbes du Kosovo pour remplacer les plaques d'immatriculation serbes de leurs véhicules par des plaques de la République du Kosovo. D'après les estimations des médias locaux, 10'000 véhicules circulant au Kosovo portent des plaques émises par Belgrade.

>> Relire : Regain de tensions entre la Serbie et le Kosovo, sur fond de plaques d'immatriculation

Sous la pression des puissances occidentales et en particulier des Etats-Unis, grand allié du Kosovo, Pristina a annoncé dimanche soir le report de l'entrée en vigueur des nouvelles mesures pour un mois, jusqu'au 1er septembre.

"Financés par Belgrade"

Albin Kurti a cependant dénoncé les auteurs présumés des attaques du week-end. "Nous appelons les forces internationales, les capitales démocratiques occidentales, l'Union européenne et l'Otan à condamner la violence et l'agression des gangs criminels du nord du Kosovo, qui sont clairement organisés et financés par Belgrade", a-t-il dit.

Le blocage des routes et les tirs dénoncés par la police kosovare avaient fait craindre une escalade. Les forces de l'Otan déployées au Kosovo avaient averti qu'elles "interviendraient si la stabilité était compromise".

Désabusés

Les quelque 120'000 Serbes du Kosovo, dont environ un tiers vivent dans le nord du territoire, ne reconnaissent pas l'autorité de Pristina et restent fidèles à Belgrade dont ils dépendent financièrement.

Le dernier épisode de tensions remontait à septembre dernier après la décision de Pristina d'interdire les plaques d'immatriculation serbes. Pendant plusieurs jours, deux postes-frontières avaient été bloqués.

ats/iar/ebz

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