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La Suissesse binationale Natallia Hersche de retour après plus d'un an en prison en Biélorussie

La Suisso-Biélorusse Natallia Hersche a été libérée. Elle était détenue depuis septembre 2020 en Biélorussie
La Suisso-Biélorusse Natallia Hersche a été libérée. Elle était détenue depuis septembre 2020 en Biélorussie / 19h30 / 2 min. / le 18 février 2022
Natallia Hersche, double nationale suissesse et biélorusse, est de retour en Suisse, libérée après plus d'un an de détention en Biélorussie. Elle avait été arrêtée en septembre 2020 après une manifestation contre le régime d'Alexandre Loukachenko.

Natallia Hersche est arrivée vendredi vers 17h30 à l'aéroport de Zurich-Kloten, où l'attendait Johannes Matyassy, secrétaire d'Etat adjoint au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et directeur de la direction consulaire. A ses côtés également, l'ancien ambassadeur suisse en Biélorussie Claude Altermatt.

Double nationale suissesse et biélorusse, Natallia Hersche avait participé à une manifestation contre la réélection du président Alexandre Loukachenko le 19 septembre 2020 à Minsk et avait été arrêtée à cette occasion.

"Il n'y a pas eu de deal", a assuré d'entrée Johannes Matyassy lors d'un point de presse organisé à l'aéroport de Zurich. La Biélorussie n'a pas non plus posé de conditions. Natallia Hersche ne s'est vu retirer ni visa ni passeport et peut retourner à tout moment. "C'était un processus de négociations ennuyant, complexe", a-t-il dit, "qui a conduit à un résultat très positif et réjouissant".

Des conditions de détention "normales"

Devant les médias, Natallia Hersche a affirmé se sentir "bien". "J'ai été libérée ce matin à 06h00. On m'a réveillée. J'ai eu cinq minutes pour manger, cinq minutes pour faire mes bagages."

Natallia Hersche ne s'est pas étendue sur ses conditions de détention, qu'elle a juste qualifiées de "normales". Elle était "moralement" prête à purger l'intégralité de sa peine. "Je ne regrette en rien mon engagement politique", a-t-elle affirmé.

Elle n'a jamais voulu se résoudre à une demande de grâce. "Je suis prête à retourner en Biélorussie. C'est ma première patrie. La deuxième est la Suisse". Elle est reconnaissante envers le gouvernement suisse et espère qu'il continuera à s'engager pour d'autres détenus politiques.

Vendredi matin, le président de la Confédération et ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis avait déjà annoncé sur Twitter la libération de Natallia Hersche de la prison de Mogiljov, dans l'est de la Biélorussie. Elle a pu rejoindre son frère et la nouvelle ambassadrice de Suisse à Minsk, Christine Honegger Zolotukhin.

Intenses efforts diplomatiques

La libération de Natallia Hersche intervient suite à d'intenses efforts déployés pendant près d'un an et demi. Suite à son arrestation, l'organisation de défense des droits humains Libereco avait remis une pétition munie de 9500 signatures, demandant sa libération. Ignazio Cassis était invité à intervenir directement auprès du président Loukachenko.

En février 2021, dans une lettre ouverte adressée au ministre biélorusse des Affaires étrangères, 83 parlementaires suisses avaient aussi demandé sa libération.

A Minsk, seul Alexandre Loukachenko pouvait décider du sort de Natallia Hersche, a insisté vendredi Johannes Matyassy. Il a fallu chercher des solutions et agir très prudemment. Dans une lettre au dirigeant biélusse en début d'année, Ignazio Cassis a évoqué le cas de la double nationale.

ats/jop/lan

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Nouvelle ambassadriceor

L'ambassadrice Christine Honegger Zolotukhin n'est en poste en Biélorussie que depuis le courant février. Lors de l'annonce de sa nomination, le DFAE avait souligné qu'une présence diplomatique sur place permettrait de mieux défendre les intérêts helvétiques dans le pays du président contesté Alexandre Loukachenko.

La Suisse poursuivra son engagement pour les droits humains dans ce pays, souligne encore le DFAE. Elle s'engagera notamment en faveur de la libération d'autres prisonniers, de la protection de la liberté d'expression et des enquêtes sur les violations des droits humains.

Après avoir pesé le pour et le contre, le DFAE est arrivé à la conclusion qu'il fallait se focaliser sur la réalité du pays et laisser certains ponts en place, a précisé fin janvier Johannes Matyassy, secrétaire d'Etat adjoint du DFAE.

Des organisations de défense des droits humains, comme Libereco, critiquent ce choix. Elles estiment que les intérêts de la Suisse en Biélorussie pourraient également être défendus par un chargé d'affaires, qui n'aurait pas à présenter de lettres de créance au pouvoir en place. L'organisation a ainsi estimé que "la politique étrangère suisse touche le fond" en reconnaissant ainsi Alexandre Loukachenko comme président légitime.