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Des dizaines de morts dans des combats intercommunautaires au Tchad

La région du Ouaddaï, dans l'est du Tchad, est le théâtre de tensions permanentes entre agriculteurs et éleveurs. [AFP - Amaury Hauchard]
Plusieurs dizaines de morts dans des combats intercommunautaires au Tchad / Le Journal horaire / 15 sec. / le 9 août 2019
Au moins 37 personnes ont été tuées en trois jours de combats entre agriculteurs et éleveurs, en début de semaine, dans l'est du Tchad. Pour le président Idriss Déby, ce conflit intercommunautaire devient "une préoccupation nationale".

"On assiste à un phénomène de mal vivre. En trois jours, 37 Tchadiens ont été tués dans le Ouaddaï" (est), a déclaré le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse organisée à N'Djamena. Une source hospitalière a même cité à l'afp un bilan de 44 morts.

L'Est tchadien, zone de transhumance et région stratégique à la frontière avec le Soudan, est régulièrement en proie à des conflits entre éleveurs arabes et agriculteurs autochtones ouaddaïens qui se disputent les terres et les pâturages.

Engager "une guerre totale"

Les troupes envoyées sur place "ont essuyé des tirs", a ajouté Idriss Déby. "Les détenteurs d'armes n'hésitent pas à tirer sur les forces de l'ordre. C'est une guerre totale que nous devons engager contre ceux qui portent des armes et sont à l'origine des morts d'hommes", a-t-il affirmé.

Selon une ONG locale, les combats ont commencé lundi dans la localité d'Hamra, où "le corps sans vie d'un jeune éleveur" a été retrouvé, entrainant des affrontements entre sa communauté et des agriculteurs ouaddaïens.

Les affrontements se sont ensuite déplacés mardi dans la localité de Chakoya, selon une autorité traditionnelle qui précise que "les communautés se sont affrontées avec des armes de guerre."

afp/oang

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Un scénario à répétition depuis longtemps

Depuis plusieurs dizaines d'années, la province du Ouaddaï est le théâtre de violences entre communautés. Chaque fois, le même scénario ou presque se répète: un troupeau de dromadaires d'éleveurs nomades entre dans le champ d'un agriculteur local ou un jardin cultivé par une famille, provoquant une confrontation.

Selon le président tchadien Idriss Déby, l'animosité entre les deux communautés s'est déplacée depuis le début de l'année à d'autres régions "où la cohabitation était (autrefois) exemplaire".

Appel à une lutte commune contre Boko Haram

Les pays riverains du lac Tchad (Niger, Nigeria, Tchad et Cameroun) et leurs alliés occidentaux doivent mieux coordonner les renseignements pour lutter plus efficacement contre les djihadistes de Boko Haram, ont affirmé des responsables militaires lors d'une rencontre à Niamey mardi et mercredi.

"L'accent est mis sur l'intégration qui met en évidence le rôle crucial que le renseignement joue dans la définition de l'action militaire", a expliqué la contre-amiral américaine Heidi Berg, à l'ouverture de cette rencontre regroupant des responsables des services de renseignement de la Force multinationale (Niger, Nigeria, Cameroun, Tchad, Bénin), des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de France.

La Force mixte multinationale opère depuis 2015 dans le bassin du Lac Tchad contre Boko Haram.

Vendredi dernier, le président du Niger, Mahamadou Issoufou avait regretté qu'"en dépit des opérations" militaires, "Boko Haram malheureusement fasse preuve d'une résilience" que "nos forces doivent briser coûte que coûte".