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Le cardinal Barbarin chez le pape pour présenter sa démission

Le cardinal Barbarin lors de son procès, lundi 7 janvier. [Keystone/AP Photo - Laurent Cipriani]
Le cardinal Barbarin chez le pape pour présenter sa démission / Le Journal horaire / 22 sec. / le 18 mars 2019
Le pape François a reçu lundi matin au Vatican le cardinal Philippe Barbarin. Le plus haut dignitaire catholique français est venu lui présenter sa démission après sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation des abus sexuels d'un prêtre.

La rencontre privée s'est déroulée en toute discrétion lundi matin, a confirmé officiellement le Vatican en publiant les rendez-vous du jour du pape. En fin de matinée, le cardinal a été aperçu et photographié par un vaticaniste italien, marchant dans les jardins de la Cité du Vatican.

>> Lire : Condamné pour son silence, le cardinal Barbarin démissionne

Le pape argentin a longtemps pris personnellement la défense du cardinal français. En 2016, il avait ainsi estimé qu'une démission avant l'issue d'un procès serait "un contresens, une imprudence".

François pourrait se donner plusieurs semaines avant d'accepter ou non la démission.

Philippe Barbarin restera cardinal

Archevêque de Lyon depuis 2002, cardinal depuis 2003, primat des Gaules  – titre honorifique conféré à l'archevêque de Lyon depuis le XIe siècle – Monseigneur Philippe Barbarin est considéré comme le plus haut dignitaire de l'Eglise de France. Si sa démission est acceptée, il deviendra "évêque émérite" de Lyon et restera cardinal.

Monseigneur Barbarin, 68 ans – un âge prématuré dans l'Eglise pour démissionner – a été condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour ses silences sur les agressions pédophiles imputées par des scouts au père Bernard Preynat dans les années 1980-1990 et dont il avait été informé par une victime en 2014.

Le prélat a fait appel

Le cardinal a martelé durant le procès n'avoir "jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles". Mais le jugement l'accuse d'avoir choisi de ne rien dire aux autorités françaises "pour préserver l'institution" de l'Eglise, empêchant ainsi "la découverte de très nombreuses victimes d'abus sexuels par la justice".

Si Philippe Barbarin souhaite démissionner pour apaiser son diocèse, où sa présence est désormais difficilement tenable, il a fait en revanche appel de sa condamnation.

Le pape, décidé à placer les évêques devant leurs responsabilités individuelles et collégiales face aux scandales, tranchera-t-il sans attendre l'issue de l'appel?

"Aucun abus ne doit être couvert"

"Aucun abus ne doit jamais être couvert, comme ce fut le cas par le passé, et sous-évalué," avait lancé fin février François, après un sommet inédit sur les abus sexuels sur mineurs, rassemblant 114 présidents de conférences épiscopales du monde entier.

>> Lire : Pédophilie dans l'Eglise, le "sommet de la dernière chance" au Vatican

Les avocats du cardinal Barbarin ont rédigé une note juridique sur sa condamnation, exposant les perspectives d'un jugement en appel. Un document traduit en espagnol à l'attention du pape argentin.

"C'est le cardinal qui jugera utile de la transmettre au Saint-Père", avait précisé avant la rencontre son avocat Me André Soulier.

afp/sjaq

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Relations délicates entre Paris et le Vatican

L'affaire Barbarin tombe à un moment délicat des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège.

Le parquet de Paris vient de demander la levée de l'immunité diplomatique du nonce apostolique – ambassadeur du Saint-Siège – en France, Monseigneur Luigi Ventura, pour l'auditionner dans une enquête pour "agressions sexuelles". Le ministère français des Affaires étrangères devra décider de relayer ou non cette demande auprès du Vatican.

La justice a enregistré une quatrième plainte, s'ajoutant à celles déposées par trois hommes qui reprochent à l'évêque de 74 ans des mains aux fesses appuyées.

Début mars, la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau avait dit attendre du Vatican qu'il prenne ses "responsabilités".

Pour compliquer la donne, la France n'a toujours pas proposé un remplaçant à son ambassadeur auprès du Saint-Siège, parti à la retraite voici huit mois et demi, même si l'intérim est assuré par son chargé d'affaires Yves Teyssier d'Orfeuil.