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L'Europe au chevet de la Grèce et du Portugal

Euro Grèce [Geert Vanden Wijngaert]
L'Europe, ici Ch.Lagarde et J-Cl.Juncker, s'inquiète pour l'avenir de la zone. - [Geert Vanden Wijngaert]
L'Europe a ouvert la porte lundi 16 mai à un rééchelonnement de la dette de la Grèce, enlisée dans la crise. Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Finances ont aussi sans surprise donné leur feu vert à un plan d'aide au Portugal prévoyant 78 milliards de prêts octroyés conjointement avec le FMI. Il va devenir le troisième pays à bénéficier d'une aide internationale, après la Grèce et l'Irlande.

Pour la Grèce, la communauté internationale se prépare à remettre la main au portefeuille. Elle avait promis déjà il y a un an 110 milliards d'euros sur trois ans, en raison de la crise budgétaire persistante dans le pays.

"Nous sommes favorables à ce que le délai (donné à la Grèce pour rembourser ses dettes) soit prolongé, qu'on leur donne plus de temps", a déclaré la ministre autrichienne, Maria Fekter. Elle a ajouté que si des créanciers privés souhaitaient s'associer à cette mesure, sur une base volontaire, ils seraient "bienvenus".

Restructuration douce ou dure?

L'Allemagne avait aussi évoqué dimanche pour la première fois la possibilité d'un rééchelonnement de la dette grecque, mais en prévenant qu'il devrait aussi concerner les créanciers privés. Un tel scénario serait une forme de restructuration "douce" de la dette. Mais les marchés financiers parient, eux, sur une restructuration "dure" qui verrait la Grèce renoncer à rembourser une partie de son énorme dette, qui atteint 150% du Produit intérieur brut national.

Le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, a alimenté ces spéculations. Il a reconnu lundi que même si les ministres se montraient "réticents" en public, ils discutaient "de toutes sortes de sujets, y compris de la restructuration".

Nouveaux prêts, nouveaux efforts

L'Espagne et la Belgique ont toutefois rejeté cette option, tout comme la Commission européenne qui a mis en garde contre ses "conséquences dévastatrices" pour toute l'Union monétaire. Mais elle non plus n'a pas semblé exclure l'option moins radicale d'une prolongation des échéances de remboursement ou d'une baisse des taux d'intérêt.

Autre idée évoquée: accorder de nouveaux prêts en faveur d'Athènes en plus de ceux promis l'an dernier. Mais un nouveau geste impliquera dans tous les cas de nouveaux efforts d'Athènes. "Les Grecs doivent s'aider eux-mêmes avant de demander de l'argent supplémentaire", a commenté Maria Fekter. Et de souligner le "très haut potentiel de privatisations" du pays.

Enfin, le FMI a annoncé lundi soir avoir débloqué 1,58 milliard d'euros supplémentaires pour l'Irlande dans le cadre du plan de sauvetage international accordé à ce pays. La mise à la disposition de cette somme aux autorités de Dublin a été approuvée par le Conseil d'administration du FMI, indique un communiqué du Fonds.

Sans Dominique Strauss-Kahn

La réunion européenne s'est tenue sans le patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, dont un juge new-yorkais a décidé le maintien en prison lundi suite à une inculpation pour agression sexuelle.

Une affaire dont plusieurs ministres ont tenté de minimiser les conséquences pour la zone euro. Les accusations sont "épouvantables", mais "je ne vois pas ce que des faits avérés ou supposés dans un hôtel de New-York ont à voir avec la crise de l'euro", a affirmé l'Allemand Wolfgang Schäuble.

Dominique Strauss-Kahn a toutefois joué un rôle personnel clé pour faire avancer les programmes d'aide dans la zone euro. Il était considéré comme un allié d'Athènes dans les tractations en cours pour un nouveau coup de pouce financier.

En pleine crise de l'euro, l'identité de son successeur pourrait s'avérer cruciale. Certains pays ont déjà ouvert le débat en plaidant pour que le siège reste occupé par un Européen. Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a ainsi jugé "préférable que l'Europe continue à occuper ce poste", tandis que la chancelière allemande, Angela Merkel, a évoqué "de bonnes raisons pour dire que l'Europe a de bons candidats".

agences/cer

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