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L'Assemblée générale de la BNS ciblée par les revendications climatiques

Les revendications climatiques ont chamboulé l’assemblée générale de la BNS. [Keystone - Anthony Anex]
Les revendications climatiques ont chamboulé l’assemblée générale de la BNS / Le 12h30 / 2 min. / hier à 12:34
L'Alliance climatique suisse a fait entendre sa voix par l'intermédiaire de plusieurs actionnaires lors de l'assemblée générale de la BNS vendredi matin à Berne. Elle fustige la politique de placement de la Banque nationale suisse, jugée peu regardante sur l'environnement.

Les revendications climatiques prennent de l’ampleur, et le principal acteur économique de Suisse n'est pas épargné. L'Alliance climatique n'a pas relâché la pression vendredi à Berne, avec plusieurs résolutions et interventions pour modifier l'ordre du jour et exiger davantage de durabilité dans les placements.

Des revendications qui ont le don d'agacer la direction de la Banque centrale suisse. L'Assemblée générale a ainsi commencé par un long plaidoyer de la présidente du Conseil de banque, Barbara Janom Steiner, qui a mené les débats, pour dénoncer ces revendications, qu'elle a même qualifié d'"attaques dangereuses pour notre pays".

Elle s'est érigée contre l'"instrumentalisation" de la notion d'intérêt général, élargie à la protection du climat par les contestataires écologistes.

Un seul mandat: la stabilité des prix

"Ne nous laissons pas abuser par ces interpellations, aussi sonores soient-elles!", a-t-elle asséné. "Ce n'est pas le rôle de notre institution. Notre mandat, c'est d'assurer la stabilité des prix, ce qu'elle a fait avec succès."

Ce préambule n'a pas empêché un premier actionnaire contestataire de monter à la tribune dès le point quatre de l'ordre du jour, qui concernait pourtant le rapport financier. La présidente l'a laissé s’exprimer jusqu’au bout, mais lui a signifié que la réponse à sa question n'interviendrait qu'au point 8, "discussion générale".

Mais les salves ont continué, à chaque point à l’ordre du jour, toujours pour réclamer plus d'engagements pour le climat.

Ces interventions n'ont, pour l'heure, aucun impact sur la politique de placement de la banque. Quant à sa mission d'assurer la stabilité des prix, la BNS l'a plutôt menée avec succès, si on compare les taux d’inflation en Suisse par rapport aux pays voisins.

>> Voir le sujet du 19h30 :

La Banque nationale suisse est sous le feu des critiques pour n’avoir rien versé aux cantons et à la Confédération en 2023
La Banque nationale suisse est sous le feu des critiques pour n’avoir rien versé aux cantons et à la Confédération en 2023 / 19h30 / 2 min. / hier à 19:30

Sylvie Belzer/jop

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D'autres revendications

La protection du climat n'est pas la seule revendication portée par les critiques de la BNS. Mais toutes ont été balayées par la présidente du Conseil de banque dans son allocution.

L'élargissement de la direction générale, présentée par ses partisans comme une mesure visant à accroître la diversité, reviendrait à faire prévaloir "des critères politiques ou idéologiques" et les "intérêts particuliers", estime-t-elle, alors que l'institut d'émission doit prendre des décisions de politique monétaire "dans l'intérêt du pays".

Barbara Janom Steiner considère également qu'il n'est pas dans l'intérêt général que la BNS assure la pérennité du système de prévoyance-vieillesse. Cela irait à l'encontre des dispositions de la Constitution fédérale au sujet de la banque centrale. "De politique climatique ou sociale il n'est point question, même s'il s'agit incontestablement de sujets importants", note-t-elle.

Enfin, alors que certaines voix s'élèvent pour réclamer des versements systématiques aux cantons et à la Confédération, la dirigeante rappelle que cela ne figure pas au cahier des charges de la BNS. Des dividendes garantis pourraient mettre en péril le bilan de l'institut, selon elle.

"La BNS n'est pas fermée aux critiques", a averti la présidente. "Mais les personnes qui la critiquent ces temps-ci devraient se demander si elles ne cherchent pas à imposer des changements qui n'ont pas lieu d'être." Elle a toutefois relativisé la portée des attaques, les attribuant à des détracteurs "peu nombreux" mais qui "parlent fort".