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La discrimination à l'embauche diffère selon l'heure d'examen du dossier

Une étude du KOF met en évidence les facteurs influents lors du tri des dossiers de candidatures.
Une étude du KOF met en évidence les facteurs influents lors du tri des dossiers de candidatures. / 12h45 / 2 min. / le 21 janvier 2021
Lorsque les recruteurs font leurs choix, ils sont influencés par des facteurs tels que la faim, la fatigue ou le moment de la journée. Ces éléments affectent notamment les discriminations de genre ou de nationalité.

Selon une étude du KOF, l'institut de recherche de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, publiée dans le revue Nature, les candidats étrangers seraient plus fortement discriminés lorsque leurs dossiers sont évalués avant midi ou en fin d'après-midi. Même tendance sur les stéréotypes liés au genre.

A qualifications égales, les Suisses restent privilégiés sur le marché du travail suisse. Les postulants d'origine étrangère sont contactés 6,5% moins fréquemment que les Helvètes, une discrimination plus marquée envers les candidats originaires d'Asie, d'Afrique ou des Balkans.

Discrimination de genre aussi

Une discrimination de genre, aussi, se vérifie: les postulations féminines pour des métiers traditionnellement masculins, et vice-versa, sont moins souvent retenues.

L'étude a porté sur près d'une demi-million de postulations sur l'un des principaux sites de recherche d'emploi. Et de manière surprenante, l'heure à laquelle les dossiers sont examinés influe sur le facteur discriminant. Etrangers ou atypiques sont plus fortement évincés avant la pause de midi et en toute fin de journée.

Retour aux instincts

Daniel Kopp, coauteur de l'étude, explique ainsi ce phénomène: "Notre interprétation, c'est qu'à ces moments de la journée, les recruteurs passent plus rapidement sur ces profils. La faim ou le stress les rendent moins attentifs. Ils s'en remettent à leur instinct et tombent plus facilement dans la discrimination", a-t-il analysé jeudi dans le 12h45.

D'où l'importance de sensibiliser recruteuses et recruteurs sur cette question, explique la faîtière des ressources humaines suisses. "Il s'agit d'intégrer plus fortement cette réflexion individuellement, ou alors de former des tandems, du coaching, avec des personnes d'un autre sexe ou d'une origine étrangère, qui ont fait de bonnes expériences, du bon travail, et ainsi donner une 'image positive' de la diversité", analyse Nicole Stucki, Présidente de HR Swiss.

SRF/Pascal Jeannerat/jpr

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