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Manifestation nationale pour la "Boillat"

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour la "Boillat" à Berne
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour la "Boillat" à Berne
Plusieurs milliers de personnes ont exprimé samedi à Berne leur solidarité aux employés de la «Boillat» de Reconvilier. Elles ont aussi dénoncé la stratégie de Swissmetal, accusé de vouloir démanteler le site du Jura bernois.

Quelque 5000 manifestants selon le syndicat Unia, 2500 selon la
police municipale bernoise, ont envahi la Place fédérale aux cris
de «La Boillat est à nous» ou «La Boillat vivra». Seuls ou en
famille, ils ont voulu témoigner leur soutien à l'égard des
employés de la «Boillat».

Sous le slogan «Stop à l'hémorragie industrielle, la "Boillat"
vivra, les manifestants ont conspué le nom du directeur général de
Swissmetal Martin Hellweg à chaque fois qu'il était prononcé dans
un discours. M. Hellweg est accusé de vouloir fermer cette usine du
Jura bernois pour ensuite délocaliser la production.

Témoignage émouvant

Le moment le plus fort de la manifestation a été le témoignage
de l'épouse d'un cadre licencié. «Depuis 74 jours ce conflit nous
ronge de l'intérieur, nous avons mis notre vie de côté et nous ne
faisons plus de projet», a expliqué Corinne, une mère de quatre
enfants.



Elle a dit la difficulté de répondre aux questions des enfants.
«Pourquoi papa n'a plus de travail ? Pourquoi tu pleures ? «Ce qui
nous fait tenir le coup, c'est votre solidarité et votre soutien»,
a lancé cette femme de 42 ans à la foule visiblement émue.

Pas de démantèlement

Ce rassemblement doit montrer à la Suisse la gravité du conflit,
a expliqué le comité de soutien de la «Boillat». Le cas de l'usine
de Reconvilier illustre le risque de démantèlement industriel dont
la Suisse pourrait être victime. «Ce combat concerne tout le monde
du travail», a lancé Mario Grünenwald, président de la commission
ouvrière.



«La "Boillat" vivra parce que nous le voulons», a lancé Nicolas
Wuillemin, porte-parole des employés et figure emblématique du
mouvement. «Nous n'accepterons jamais que pour de seules raisons
financières, et par la volonté d'une personne, elle disparaisse.»
Et de répéter que l'entreprise est viable et rentable.

Appel au Conseil fédéral

Les manifestants demandent au Conseil fédéral d'intervenir pour
que la «Boillat» puisse quitter le groupe métallurgique Swissmetal.
Mais la direction et le conseil d'administration ont répété qu'ils
ne voulaient pas vendre cette unité de production qui fabrique des
produits à haute valeur ajoutée.



«Nous exigeons des autorités, du Conseil fédéral et du conseil
exécutif bernois qu'ils s'engagent activement pour le maintien de
la «Boillat», a expliqué le co-président d'Unia Renzo Ambrosetti.
«Les autorités fédérales doivent prendre des mesures permettant de
préserver les intérêts économiques, industriels et sociaux de notre
pays», a renchéri le maire de Reconvilier Flavio Torti.

Alerter l'opinion publique

En organisant cette manifestation, les employés de la «Boillat»
ont voulu porter leur combat sur la scène nationale. Ils ont aussi
voulu alerter l'opinion publique, en particulier celle de Suisse
alémanique, sur la situation difficile qu'ils traversent.



Comme cette mère de famille du Jura bernois, des participants ont
raconté que c'était la première fois qu'ils manifestaient. Un élan
de solidarité qui a ému plus d'un ex-gréviste. Parmi la foule,
beaucoup de familles, mais également des personnes plus âgées, des
altermondialistes et des politiciens de tous bords venus en grande
majorité du Jura bernois.

Longue lutte

Les employés de la «Boillat» luttent depuis maintenant des mois
pour le maintien de leurs emplois et du site de production dans le
Jura bernois. Ils ont observé une grève de plus d'un mois avant de
reprendre le travail à la mi-février après la mise en place d'une
médiation sous l'égide de Rolf Bloch.



ats/dk

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Rappel des faits marquants

Le 16 novembre 2004, le personnel de Swissmetal-Boillat débraie durant dix jours pour protester contre le licenciement du directeur du site.

Le 25 janvier 2006, le personnel reprend la grève. Il s'oppose aux restructurations annoncées fin 2005 par la direction.

Le 9 février, le ministre de l'économie Joseph Deiss nomme un médiateur pour résoudre le conflit: Rolf Bloch.

Le 23 février, le personnel vote la suspension de la grève.

Le 2 mars, le travail reprend officiellement à Reconvilier. La production ne fonctionne toutefois pas à 100%.

Le 24 mars, un jour après la troisième ronde de négociations, Swissmetal annonce sans surprise le licenciement de 112 employés à Reconvilier.

Le 30 mars, Swissmetal assure que "La Boillat" ne sera pas vendue. Un nouvel administrateur allemand est nommé.

Le 4 avril, Rolf Bloch décide de nommer un expert qui sera chargé de soumettre des propositions afin que l'usine de Reconvilier tourne à plein régime avec 200 collaborateurs.