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"Le Tessin ne peut pas différencier ressortissants suisses et européens"

L'ancienne conseillère nationale PDC Chiara Simoneschi. [Keystone - Peter Klaunzer]
Chiara Simoneschi Cortesi, conseillère nationale PDC tessinoise / L'invité de la rédaction / 22 min. / le 3 août 2015
Alors que les frontaliers doivent désormais présenter un extrait de casier judiciaire au Tessin, l'ex-conseillère nationale PDC Chiara Simoneschi-Cortesi prône plutôt un renforcement des contrôles auprès des employeurs.

Invitée du Journal du matin de la RTS, Chiara Simoneschi-Cortesi a indiqué comprendre la préoccupation des autorités italiennes, qui considèrent cette mesure comme une violation de la libre circulation.

"Je sais qu'on ne peut pas différencier citoyens suisses et ressortissants européens", a-t-elle affirmé, rappelant toutefois que les bilatérales devaient reposer sur la réciprocité. "En Italie, le marché du travail est très protégé. Il est très difficile pour des entreprises suisses d'y accéder dans le domaine de la construction par exemple. Si Rome hausse parfois le ton, le Tessin le pourrait aussi."

Plus que l'accès au marché du travail des deux côtés de la frontière, ce sont surtout les abus des employeurs qui constituent le noeud du problème, selon la démocrate-chrétienne tessinoise. "Lors de l’introduction des bilatérales, une énorme crise a frappé la Lombardie, la région limitrophe du Tessin. Dans tous les secteurs, les employeurs ont accepté d'engager des frontaliers en les payant moins", a-t-elle rappelé. Une pratique historique qui demeure encore largement à l'heure actuelle.

Appel à une "éthique" patronale

Pour autant, Chiara Simoneschi-Cortesi fustige les propositions du Parti socialiste suisse qui va déposer plusieurs motions pour améliorer les conditions de travail dans le canton frontalier en ciblant surtout les employeurs (lire encadré). "Dans la constitution tessinoise, on trouve la liberté de commerce. Il existe déjà des instruments pour combattre les abus. On ne peut pas tout réglementer", explique-t-elle.

La démocrate-chrétienne en appelle donc à une augmentation "des contrôles et des sanctions" mais également à "une certaine éthique de la part des patrons".

kg

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La Parti socialiste suisse fait campagne au Tessin

Taxer les entreprises qui recrutent à l'étranger, sanctionner celles qui licencient les plus de 50 ans pour engager des frontaliers et ouvrir le marché aux requérants d'asile: à moins de trois mois des élections fédérales, le Parti socialiste suisse lance un plan d'action pour protéger le marché du travail au Tessin. Il déposera prochainement plusieurs motions pour que la Confédération se préoccupe de la situation du canton limitrophe.

Des velléités socialistes qui font sourire le président du gouvernement tessinois Norman Gobbi. Son parti, la Lega, avait fait des propositions similaires par le passé. "On a déjà présenté des mesures pour favoriser l'occupation des indigènes et pas des frontaliers. Lorsque c'est la Lega qui les propose, c'est de la xénophobie et lorsque c'est le Parti socialiste, c'est de la paix sociale", s'est-il amusé sur les ondes de la RTS.

"On peut se demander si le Parti socialiste ne veut pas se mettre à la place de Monsieur Blocher puisque lui-même avait proposé de telles mesures avant de faire marche arrière à la fin de l'année passée", a quant à elle réagi, particulièrement irritée, la directrice romande d'Economiesuisse Cristina Gaggini.