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Sebastian Kurz et l'extrême droite s'installent au pouvoir en Autriche

L'extrême-droite autrichienne décroche 6 sièges au gouvernement
L'extrême droite autrichienne décroche 6 sièges au gouvernement / 19h30 / 1 min. / le 18 décembre 2017
Le nouveau gouvernement autrichien formé par la droite et l'extrême droite a prêté serment lundi. Il a été contesté à Vienne par quelques milliers de manifestants, mais sans provoquer d'émoi chez les partenaires européens.

La première fois que le Parti de la liberté (FPÖ) est entré au gouvernement il y a près de dix-huit ans en Autriche, des manifestations de masse contre l'extrême droite avaient obligé les nouveaux ministres à emprunter un tunnel entre la chancellerie et la présidence pour la prestation de serment. Lundi, le dirigeant du FPÖ, Heinz-Christian Strache, nouveau vice-chancelier, a pu gagner la Hofburg, siège de la présidence, "la tête haute et à l'air libre".

L'Autriche, à l'issue des élections législatives du 15 octobre, est le seul pays d'Europe occidentale où la coalition gouvernementale compte un parti d'extrême droite. Les réactions à ce nouvel accord entre les conservateurs de l'ÖVP et le FPÖ ont été bien moins vives qu'en 2000.

"Cabinet des horreurs"

Neuf rassemblements de protestation étaient prévus à Vienne à l'heure de la prestation de serment du nouveau gouvernement, à 11h00. Plusieurs milliers d'Autrichiens ont manifesté devant le palais de la Hofburg pour protester contre l'investiture d'un gouvernement qualifié de "cabinet des horreurs". Environ 1500 policiers avaient été déployés dans la capitale.

Des milliers de manifestants défilent à Vienne contre le FPÖ
Des milliers de manifestants défilent à Vienne contre le FPÖ / L'actu en vidéo / 47 sec. / le 18 décembre 2017

Les manifestants, au nombre de 10'000 selon les organisateurs, ont défilé dans le calme avec des pancartes proclamant "Nazis dehors" et une banderole où l'on pouvait lire "Ne laissez pas les nazis gouverner". La police a estimé leur nombre à 5000-6000 et dit avoir procédé à trois arrestations.

Chancelier à 31 ans

Le dirigeant conservateur Sebastian Kurz, 31 ans, est devenu le nouveau chancelier. Son parti, l'ÖVP, est arrivé en tête des élections avec 31,5% des voix, après avoir mené une campagne anti-immigration proche de celle du FPÖ. Celui-ci s'est classé troisième avec 26% des suffrages, juste derrière les sociaux-démocrates du SPÖ (27%).

Lors de la cérémonie, le président Alexander Van der Bellen a appelé la coalition de M. Kurz à "respecter l'histoire autrichienne, (...) ses pages positives comme ses pages sombres", à "respecter les droits des minorités et ceux qui pensent différemment". Il s'est dit conscient que certains étaient "sceptiques voire hostiles" à la nouvelle majorité.

agences/sey/tmun

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Peu d'émoi chez les partenaires européens

A Berlin, la chancelière Angela Merkel a dit espérer une bonne coopération avec le nouveau gouvernement autrichien. "Nous regarderons comment évolue la politique européenne de l'Autriche. Le chancelier Kurz a l'intention d'être un partenaire actif en Europe et je m'en réjouis."

La France a adressé ses félicitations à Sebastian Kurz. "Le nouveau chancelier a, à de nombreuses reprises, affirmé son attachement aux valeurs européennes et au projet européen, ce que le programme de son gouvernement reprend", a déclaré le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Alexandre Giorgini.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a aussi "chaleureusement félicité" M. Kurz. Il s'est dit confiant dans "le rôle constructif et pro-européen" que jouera au sein de l'UE le nouveau gouvernement autrichien.

Des passeport pour les germanophones italiens?

De son côté, l'Italie s'inquiétait lundi d'une proposition du nouveau gouvernement autrichien, qui envisage d'offrir un passeport autrichien aux habitants germanophones de la province de Bolzano, dans le nord-est de la péninsule.

Cette région montagneuse a été principalement autrichienne pendant des siècles, avant d'être intégrée après la Première Guerre mondiale à l'Italie.