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Un scénario haletant, une solidité défensive irréprochable, mais toujours pas d'or

Nouvelle déception pour l'équipe de Suisse, qui n'a pas démérité contre la Tchéquie. [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]
Nouvelle déception pour l'équipe de Suisse, qui n'a pas démérité contre la Tchéquie. - [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]
Suisse
0 - 2
Tchéquie
La Suisse a longtemps tenu tête à la Tchéquie en finale du Mondial 2024, mais elle s'est finalement inclinée 2-0 pour décrocher une quatrième médaille d'argent. Elle ne peut pourtant pas se reprocher grand-chose durant cette rencontre.

TENSION PALPABLE La partie a été indécise jusqu’à la fin ou presque. Malgré une domination tchèque dans le jeu, la Suisse a vaillamment résisté pour retarder l’ouverture du score. Chaque minute s’égrenant sans but a permis à la rencontre d’augmenter encore d’un cran dans sa dramaturgie, rendant chaque tir ou chaque puck libre potentiellement déterminant pour l’attribution du titre.

Les deux équipes ont néanmoins toujours cherché à maîtriser leurs émotions dans une bataille à la fois physique et mentale où l’équilibre entre pousser son adversaire à la faute et en commettre une soi-même était infime. La Suisse a bien maîtrisé ce registre en plaçant les débats sur le plan physique sans jamais dépasser la limite, ajoutant encore à la tension ressentie à Prague.

La Tchéquie a remporté son septième titre mondial. [KEYSTONE - PETR DAVID JOSEK]
La Tchéquie a remporté son septième titre mondial. [KEYSTONE - PETR DAVID JOSEK]

SOLIDARITE DEFENSIVE Si le score est resté vierge aussi longtemps, il le doit aussi à la solidarité défensive exemplaire affichée par l’équipe de Suisse. La Tchéquie a ainsi eu plusieurs excellentes opportunités, mais elle a à chaque fois trouvé un patin ou une canne helvétique pour la contrer. Et lorsque le puck se frayait néanmoins un chemin jusqu’à Leonardo Genoni, le portier de Zoug se démultipliait pour sauver son équipe (quels arrêts notamment à la 10e et à la 16e!).

Les Suisses ont combattu ensemble du début à la fin, bloquant toutes les tentatives adverses d’une manière ou d’une autre. Cela n’a certes pas suffi, mais il leur aurait été difficile de faire mieux dans l’état d’esprit et la rigueur défensive.

BERTSCHY PARTOUT Toute l’équipe a été excellente durant cette finale, mais Christoph Bertschy s’est particulièrement mis en évidence, comme depuis le début du tournoi. Le Fribourgeois a tout d’abord touché le montant de Lukas Dostal (17e), avant de nettoyer un puck dangereusement libre devant la cage de Leonardo Genoni (26e) quelques secondes après être sorti de sa pénalité.

Il n’a pas été le seul qui mérite une mention. Calvin Thürkauf, pour l’ensemble de son œuvre, et Andrea Glauser, nommé joueur du match pour la Suisse et à la réception d’une charge si appuyée d’Ondrej Palat qu’elle en a brisé le plexiglas (48e), forçant une interruption de jeu d’une dizaine de minutes, ont aussi été très en vue.

LE MISSILE DE PASTRNAK La réussite décisive est finalement tombée à la 50e et elle a été tchèque. Il a fallu un missile de David Pastrnak pris depuis la ligne bleue à la suite d’un engagement pour transpercer Leonardo Genoni. L’attaquant de Boston, intégré à l’effectif le 20 mai dernier seulement, a démontré toute l’importance qu’avait eue le sélectionneur Radik Rulim de lui conserver une place dans son contingent.

La Suisse a accusé le coup durant quelques secondes, avant de tout donner pour tenter d’inverser le cours des événements. En vain, David Kampf devançant avec un enchaînement de rebonds favorables le retour désespéré de Roman Josi pour envoyer le puck au fond d’un filet désert à 20 secondes de la sirène et réglant définitivement le sort de cette finale.

TROP D’ARGENT Comme en 2013 et en 2018, la Suisse échoue donc à la deuxième place d’un Championnat du monde. Et comme à Copenhague, il n’a pas manqué grand-chose pour que les Helvètes n’obtiennent un meilleur résultat. La troupe de Patrick Fischer a fait le match qu’elle devait faire, jouant solide défensivement et se montrant dangereuse dès qu’elle l’a pu. Malheureusement pour elle, la Tchéquie a également réussi le match parfait, muselant les meilleurs éléments suisses et inscrivant à la troupe de Patrick Fischer son seul "vrai" but à cinq contre cinq depuis le 12 mai dernier, une réussite qui se sera avérée décisive pour le titre.

Regrettable, tant elle aurait mérité mieux, mais elle est tombée sur un adversaire programmé pour remporter le titre cette année à domicile et que rien ne semblait pouvoir arrêter. De quoi inspirer peut-être aussi la Suisse, qui accueillera le Mondial en 2026 et qui pourra se nourrir des émotions vécues à Prague pour tenter de briser la tendance et décrocher enfin un premier titre. D’ici-là, lorsque la déception de la défaite retombera, il sera aussi temps de mesurer le chemin parcouru et d’apprécier à sa juste valeur une médaille d’argent qui reste néanmoins historique pour le hockey helvétique.

>> A lire aussi : La Suisse doit encore se contenter de l'argent et La Suède remporte la médaille de bronze

De Prague, Bastien Trottet - @BastienTrottet

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Mondial 2024, les finales (26.05)

La sélection suisse

Gardiens (3): Reto Berra (Fribourg), Leonardo Genoni (Zoug), Akira Schmid (New Jersey).

Défenseurs (8): Michael Fora (Davos), Andrea Glauser (Lausanne), Roman Josi (Nashville), Sven Jung (Davos), Dean Kukan (Zurich), Romain Loeffel (Berne), Christian Marti (Zurich), Jonas Siegenthaler (New Jersey).

Attaquants (14): Andres Ambühl (Davos), Sven Andrighetto (Zurich), Christoph Bertschy (Fribourg), Kevin Fiala (Los Angeles), Gaëtan Haas (Bienne), Fabrice Herzog (Zoug), Nico Hischier (New Jersey), Ken Jäger (Lausanne), Philipp Kurashev (Chicago), Nino Niederreiter (Winnipeg), Tristan Scherwey (Berne), Sven Senteler (Zoug), Dario Simion (Zoug), Calvin Thürkauf (Lugano).