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Les concurrents dans la tourmente du Pacifique

Les concurrents passent par tous les états d'âme.
Les concurrents passent par tous les états d'âme.
Les marins du Vendée Globe traversent des moments pénibles dans le Pacifique Sud. Au menu, vagues géantes et tempêtes dantesques. Michel Desjoyeaux en tête.

Vagues de dix mètres, rafales glacées à plus de 100 km/h,
bateaux couchés, cabines inondées: les solitaires du Vendée Globe
essuient depuis Noël des tempêtes dantesques dans le Pacifique sud,
et ceux qui en sortiront indemnes auront toutes les chances d'être
les premiers à l'arrivée.



En tête, Michel Desjoyeaux (Foncia) trace sa route et décrit par
mail sa vie quotidienne: "Je dirais les plus grosses vagues à
9-10 mètres, oui, 3 étages, c'est ça, le reste 6 mètres moyen,
celles-là, on ne les regarde même pas (...) Les traînées blanches
sur la mer, parallèles au vent, les crêtes de vagues turquoises
quand ça déferle, journée ordinaire..."

Marins en mode "survie"

Plus à l'ouest, Armel Le Cléac'h (Brit'Air) avait été cueilli
par la dépression dès jeudi, jour de Noël: "Record de vent avec
62 noeuds (115 km/h),
a-t-il raconté plus tard, record de
vague avec des creux qui devaient allègrement dépasser les 10
mètres, et record de vitesse avec 32 noeuds (60 km/h) au compteur
dans un surf! Mais je peux vous dire qu'à ce moment-là, je n'étais
pas fier pour un sou".




Dans ces conditions, les marins se mettent en mode "survie" et
oublient momentanément la course. "A un moment il ne faut plus
réagir en compétiteur mais en marin. L'important est de se
préserver et de s'en sortir sans casse",
explique d'ailleurs
sans fausse pudeur Roland Jourdain (Veolia), qui dispute son
troisième Vendée Globe.

"Une vague est entrée dans ma chambre!"

Pour l'heure, la principale victime de ces conditions infernales
est Sébastien Josse, dont le bateau a été endommagé lorsqu'une
déferlante l'a couché sur le flanc pendant plusieurs minutes
vendredi. "C'est un peu surréaliste sur le coup, en une
seconde, de sentir le bateau partir à l'envers",
a raconté le
skippeur samedi matin, visiblement touché au moral, "tout nous
tombe dessus, on est projeté à l'intérieur. On met une ou deux
minutes à repérer le haut du bas, essayer de trouver une lampe, de
comprendre ce qui se passe. Comme le roof (toit de la cabine) est
fissuré, de l'eau rentre dans le bateau, et tu te dis que c'est
grave."




L'un de ses safrans (partie immergée du gouvernail) étant déformé,
Josse a dû abandonner sa quatrième place pour se dérouter vers le
nord, à la recherche d'eaux plus calmes où il comptait faire un
diagnostic et décider de continuer la course ou d'abandonner.
Spectaculaire mais moins dramatique, la mésaventure survenue à
Roland "Bilou" Jourdain, qui dormait paisiblement lorsqu'une
déferlante a recouvert le bateau par l'arrière et projeté des
centaines de litres d'eau dans sa cabine.



Après avoir pompé et écopé, Jourdain, toujours deuxième derrière
Desjoyeaux, a raconté avec ce mélange d'humour et de fatalisme qui
le caractérise: "J'ai une vague qui est rentrée dans ma
chambre, j'avais jamais vu ça! D'autant que pour nous, la chambre
c'est aussi le bureau. Ca a rebondi jusqu'au plafond et j'ai
quelques dommages collatéraux au niveau de la table à carte, de
l'électricité et de l'électronique. Côté moteur et batteries, ça
va."
Selon les prévisions, la "baston" devrait durer encore
plusieurs jours.



afp/alt

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Vendée Globe, classement (27.12 à 16h00)

1. Michel Desjoyeaux (FRA/Foncia) à 9'899

2. Roland Jourdain (FRA/Veolia Environnement) + 68,9

3. Jean Le Cam (FRA/VM Matériaux) 165,7

4. Armel Le Cléac'h (FRA/Brit Air) 338,6

5. Vincent Riou (PRB) 375,2

Wavre proche du but

Dominique Wavre est à moins de 30 milles des côtes de Fremantle. A quelques heures de son arrivée, le Genevois conserve un oeil attentif sur la course et réagit aux récents problèmes survenus à bord de BT. «J'ai appris pour jojo, j'espère que tout se passera bien pour lui, il a besoin de toutes ses ressources pour réparer son bateau et se sortir du cauchemar dans lequel cette déferlante l'a plongé. Décidémment, ce Vendée Globe ne laisse pas beaucoup de répit, ni aux bateaux, ni aux skippers, mais sa dureté concourt à sa magie», explique-t-il sur son site internet.

Wavre devrait faire son entrée dans le port de commerce samedi aux alentours de minuit (heure française). «Actuellement je dérive à 6 noeuds, je veille même s'il n'y pas énormément de trafic, ce n'est pas la Manche! (rires) Je vais sûrement devoir patienter 3 heures au Nord de l'île Rottnest au large de Perth. Je pourrai rentrer dimanche à 8h00, je sais qu'à terre on prépare mon arrivée. Il y a aussi les équipes de Mike et de Loick sur place. Les Australiens font bien les choses, ils nous ont aménagé un ponton d'attente dans le port de commerce».