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Chris McSorley est notre invité du lundi

Chris McSorley, un homme qui se bat pour GE-Servette.
Chris McSorley, un homme qui se bat pour GE-Servette.
Sans Chris McSorley, arrivé au bout du lac Léman en avril 2001, GE-Servette n'en serait sûrement aujourd'hui pas là où il est maintenant. Le Canadien se confie.

Chris McSorley (46 ans) est un personnage atypique sur les
patinoires helvétiques. L'Ontarien (Canada) est ainsi non seulement
le coach de GE-Servette depuis avril 2001, mais en est également
devenu le grand patron en 2005, lorsque le puissant groupe Anschutz
(ndlr: propriétaire notamment des Los Angeles Kings, en NHL) a
retiré toutes ses billes.



Et aujourd'hui, si la franchise genevoise a la possibilité de
cueillir le titre national cette saison déjà, la priorité de
McSorley aux Vernets s'installe plutôt dans la durée: "nous voulons
faire de GE-Servette une organisation no1 en Europe", narre le
natif d'Hamilton.



Réputé pour ses coups de gueule envers les "zébrés", Chris
McSorley n'en demeure pas moins un personnage très attachant et
très disponible, loin de l'image qu'il dégage à la bande des
Vernets. La preuve, après quelques bribes d'intox.



TXT: - Pour Genève, il s'agit de la 2e
participation aux 1/2 depuis votre arrivée au club, en 2001.
Serait-ce enfin l'année du titre pour Servette?




CHRIS MCSORLEY: Ce que nous avons réussi
jusque-là est exceptionnel, avec la 2e équipe la plus jeune du
plateau avec Bâle si on enlève Olivier Keller et Igor Fedulov. Mais
nous n'allons pas non plus nous voir plus grands que ce que nous
sommes. Aller en finale serait génial, tout comme gagner le titre.
Mais notre objectif reste de construire quelque chose de grand et
solide sur la durée à Genève.

"Gagner cette année tiendrait d'un petit miracle"

- Est-ce à dire que le titre interviendrait trop tôt dans
votre "mission"?




CHRIS MCSORLEY: Nous sommes jeunes, et n'avons
pas beaucoup de profondeur. Mais je sais que cette équipe va
continuer à grandir et que les gars contribuent à faire de Genève
une belle destination pour développer une carrière. Donc gagner
cette année tiendrait d'un petit miracle. Mais un miracle que nous
pouvons faire en sorte de réaliser, même s'il y a une vingtaine de
Fribourgeois qui vont tenter de nous en empêcher!



- Au fait, comment vous, le Canadien de l'Ontario, avez
atterri à Genève, en 2001?




CHRIS MCSORLEY: Le groupe Anschutz m'avait fait
venir à Londres, en Superleague britannique, pour redonner des
résultats au club. La 1ère saison, nous avons fini champions, et 2e
l'année d'après alors que le club végétait en fond de classement
avant mon arrivée. Puis Anschutz avait cette petite équipe à
Genève, en LNB. Et ils ont refait appel à moi! En fait, c'est Marco
Torriani (ndlr: alors président de GE-Servette, aujourd'hui
président d'honneur), qui est venu à Nottingham, où on jouait, avec
son épouse. Il a ensuite dit à Anschutz qu'il me voulait comme
coach à Genève. Et après la première saison, nous sommes montés en
LNA!

Le doute, Chris McSorley ne connaît pas

- Vous avez toujours su que vous réussiriez, même à
Genève?




CHRIS MCSORLEY: Si tu doutes, le doute s'installe
dans ton caractère. Je n'accepte pas la défaite, comme je demande à
mes joueurs de ne pas l'accepter.



- Mais Anschutz a ensuite lâché le club. Ca ne vous a pas fait
peur?




CHRIS MCSORLEY: Personne ne voulait prendre la
relève. Nous aurions pu partir en courant. Mais avec mon associé
Hugh Quennec, nous avons décidé de faire le grand saut et pris le
contrôle du club. Aujourd'hui, je me félicite de cette
collaboration et de ce privilège. En fait, la seule chose que tu
peux craindre, c'est de ne pas être les meilleurs. Sur la glace, tu
peux très bien ne pas toujours être le meilleur. Mais en dehors,
GE-Servette prouve qu'il est au top: communauté, fondations,
services VIP, site internet, etc. On veut le leadership en
Suisse.

La lune de miel de Genève avec Servette

- Genève, une ville de hockey donc?



CHRIS MCSORLEY: Genève est devenu un grand acteur
sur la scène hockey en Suisse. La ville vit une véritable lune de
miel avec son équipe. Partout on voit des maillots, des t-shirts ou
des autocollants sur les voitures. Nous voulons construire une
grande tradition de hockey à Genève. Mon but, c'est que dans 20-30
ans, les gens disent que le duo McSorley-Quennec a fait du bon
boulot. Et qu'il a emmené le club plus haut que lorsqu'il l'a
repris.



- Vous êtes donc lié à Genève à vie?



CHRIS MCSORLEY: Le jour où les résultats ne
suivront plus, que je ne serai plus le meilleur à ce poste, je
trouverai quelqu'un pour me remplacer!

"En NHL, les coaches sont des baby-sitters"

- Vous n'imaginez donc pas entraîner ailleurs un jour, ni en
NHL?




CHRIS MCSORLEY: Je reçois chaque année 2-3 coups
de fil de clubs de pointe, et j'en suis très flatté. Je ne dis
jamais "jamais", mais aujourd'hui ma "mission" ici me rend heureux,
et j'ai encore beaucoup de travail devant moi. Pour ce qui est de
la NHL, j'ai déjà entraîné 10 ans en Amérique du Nord, dont
beaucoup de joueurs de NHL. Avec Aubin, Vigier et Kolnik j'en ai
aussi à Genève. Aller là-bas, faire face à d'autres attitutes et de
très gros chèques, et m'exciter après des gars qui gagnent 6
millions par saison et qui ne veulent pas bosser, non merci. Chez
nous, c'est le management qui dirige une équipe, et c'est plus
sain. En Amérique du Nord, les coaches sont plutôt des
baby-sitters!

Un sujet de discussions autour des grandes tables

- Vous avez donc une "mission" à remplir à Genève, et
n'allez pas partir une fois un titre national en poche?




CHRIS MCSORLEY: Nous voulons faire de GE-Servette
une organisation no1 en Europe. Aujourd'hui déjà, je ne pense pas
qu'une autre équipe européenne présente un show comparable au
nôtre: vidéos et shows d'avant-match, diverses promotions autour du
club, etc. On essaie également d'impliquer davantage d'enfants dans
le hockey. Notre but, c'est que GE-Servette devienne un sujet de
discussion autour des grandes tables. GE-Servette doit devenir une
marque réputée et notre logo doit être fièrement porté. C'est pour
cela aussi que nous avons les projets d'une nouvelle patinoire et
d'un programme pour les hockeyeurs en herbe.

"Nous n'autorisons aucune déviation"

- Votre méthode, qui consiste à
recruter des joueurs suisses que plus personne ne veut, semble
fonctionner..
.



CHRIS MCSORLEY:

Nous restons une équipe à petit
budget, mais avec des attentes de top-4! Il faut donc trouver des
gars que nous pensons être de bon caractère, désirant travailler.
Ils ont peut-être besoin de davantage de chance et de confiance
après des expériences malheureuses ailleurs. Et avec Hans Kossmann
(ndlr: qui va quitter le club en fin de saison, pour retourner au
Canada), j'ai un bon assistant. Il a de bons yeux et un sacré flair
pour les talents. A Genève, nous sommes très durs. Nous fixons une
direction et n'autorisons aucune déviation. Servette est devenue
une bonne destination. Les gars qui viennent croient en l'avenir et
en cette méthode. Vous ne verrez jamais un joueur venir à Genève et
repartir après une saison, à moins d'une grosse offre
financière.

Chris McSorley, le "John McEnroe du hockey"

- Chris, peut-on dire que vous êtes le "John McEnroe du
hockey"?




CHRIS MCSORLEY: (rires) Oui, on peut. C'était
même l'un de mes joueurs favoris, même si je suis maintenant devenu
un grand fan de Roger Federer! Quand je suis arrivé, Genève ne
bénéficiait d'aucun respect. Et ça demande beaucoup d'énergie pour
changer ce crédit de la ligue envers les Romands. Je sais que je ne
suis pas parfait, et que personne ne l'est. Même pas les arbitres.
Mais on attend d'eux qu'ils évoluent au niveau de la ligue. Je dis
ce que je pense. Si Genève n'avait pas un combattant, elle serait
une équipe de bas de classement, jouant contre la relégation chaque
année.

"A la maison, c'est ma femme le boss"

- Etes-vous le même dans la vie de tous les
jours?




CHRIS MCSORLEY: Tout le monde serait vraiment
surpris de savoir à quel point je suis docile et tranquille en
dehors de la patinoire. A la maison, c'est ma femme le boss, et mes
enfants me conduisent où ils veulent. Avec moi, il n'y a pas de
surprise. Mes joueurs savent quand je suis content et quand je ne
le suis pas. Perdre fait partie du jeu, mais cela ne doit pas être
l'essentiel de ce jeu! Je suis content, car j'ai un bon groupe à
Genève. Après une défaite, mes gars pensent déjà à la prochaine
victoire!



TXT/Propos recueillis par Daniel Burkhalter

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Chris McSorley express

La 1ère chose que vous faites au réveil: je me lève généralement à 5h45 et je me mets sur internet pour voir quels joueurs ont bien joué en Amérique du Nord. Et vers 7h, j'arrive à la patinoire.

Votre plat préféré: j'adore la cuisine italienne, et c'est d'ailleurs souvent moi qui cuisine pour ma famille. Ca me permet de me relaxer. Il y a aussi toute une variété de très bons restaurants à Genève et à Carouge, où je vis.

Votre boisson préférée: le vin rouge. A Genève, il y a de très bons vins. Mais j'aime le vin suisse dans son ensemble. Un bon verre de vin partagé avec des amis, c'est le pied.

Si vous n'aviez pas été dans le hockey: je serais sûrement devenu avocat. J'aime les bonnes discussions!

Votre plus grande qualité: la détermination. "Non" et "peut-être" n'existent pas chez moi. Je suis dislexique: pour moi, "no" c'est "on". Tu ne peux pas diriger une organisation si tu acceptes les routes barrées. Une route barrée, c'est une rampe de lancement, pas un obstacle.

Votre pire défaut: mon impatience. J'attends tellement de tant de gens.

Votre idole: Sidney Crosby pour sa maturité à son jeune âge, Tiger Woods pour sa force mentale, LeBron James pour ses qualités physiques et Sir Alex Ferguson pour la classe avec laquelle il dirige la plus grosse organisation sportive au monde (ndlr: Manchester United).

Votre salaire: je suis le seul coach qui paie son coach! Peut-être le moins bien payé de la ligue au niveau financier, mais le mieux payé dans la satisfaction de ce qu'il fait!

"FR Gottéron, la meilleure équipe du championnat!"

TXT: - Vous affrontez FR Gottéron en 1/2 des playoff. Surpris?
CHRIS MCSORLEY: Tout le monde l'a été. Berne a bien joué, mais n'a pas su concrétiser ses chances. Les playoff, c'est une nouvelle saison. Certaines équipes élèvent leur niveau, d'autres évoluent en dessous. Il était arrivé la même chose à Edmonton il y a 2 ans. Qualifiés de justesse la dernière semaine de la saison régulière de NHL, les Oilers avaient ensuite pu emmener cette émotion pour sortir les Detroit Red Wings, qui avaient connu une saison "à la Berne".

- Et Fribourg Gottéron, alors?
CHRIS MCSORLEY: C'est la meilleure équipe du championnat puisqu'ils ont sorti Berne, les meilleurs jusque-là!

"Nous devons battre les meilleurs"

- Mais Gottéron a peut-être perdu beaucoup d'énergie face à Berne...
CHRIS MCSORLEY: C'est surtout un argument qu'utilise Serge Pelletier (ndlr: l'entraîneur fribourgeois)! Il y a parfois plus de jeu dans les médias que sur la glace... Mais je ne suis pas un "rookie" à ce niveau-là, et je suis persuadé que Fribourg aura les émotions nécessaires après avoir sorti Berne!

- Content d'affronter Fribourg à ce stade?
CHRIS MCSORLEY: Pour nous, cela ne change rien. Nous savons que nous devons battre les meilleures équipes pour devenir champions, que ce soit Davos, Zurich ou Fribourg! Mais il est clair que je suis content pour le hockey romand et heureux de ne pas avoir de trop longs déplacements à effectuer!