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Daigle, ou un hockeyeur pas comme les autres

Alexandre Daigle, ancien choix no1 de la draft de NHL.
Alexandre Daigle, ancien choix no1 de la draft de NHL.
Sous contrat au HC Davos pour la 4e saison, Alexandre Daigle (35 ans) est un hockeyeur pas comme les autres, avec une histoire étonnante. Du 1er choix de la draft 1993 aux Langnau Tigers, il nous en parle. Sans regret.

Alexandre Daigle (bientôt 35 ans) griffe les patinoires
helvétiques depuis 2006. Pendant trois saisons sous les couleurs du
HC Davos (2 titres de champion) puis cet hiver d'abord au HCD (un
peu), puis à FR Gottéron (2 matches) et, depuis le 27 octobre, avec
les Langnau Tigers.



Si l'histoire de cet attaquant québécois peut paraît banale à
première vue, c'est lors de sa "première carrière", en Amérique du
Nord, qu'elle en a connu les chapitres les plus originaux et
inattendus. Daigle n'est en effet pas un hockeyeur comme les
autres. En 1993, ce Canadien d'alors 18 ans est choisi en no1 de la
draft NHL par les Ottawa Senators. Un futur crack, c'est certain.
"Je suis heureux d'être le premier car on ne se rappelle jamais
du deuxième"
, lâche alors Daigle.



Ottawa, qui l'a préféré au no2... Chris Pronger, lui offre 12,25
mio de dollars pour 5 ans, contrat historique pour un "rookie" à
l'époque, et qui conduira à l'introduction d'un plafond salarial
peu de temps après. Les attentes sont énormes, mais Daigle ne
parvient jamais à y faire totalement face. Ottawa l'échange en
1997/98 déjà.

Une liaison avec Pamela Anderson

Puis, en 2000, à 23 ans, il lâche
tout, quitte l'insoutenable pression canadienne et part s'installer
sous le soleil californien. Devenu promoteur artistique - il
organisera notamment un concert de Sheryl Crow -, il profite de la
vie et de sa richesse. On lui prête même une courte idylle avec
Pamela Anderson, sirène plantureuse d'"Alerte à Malibu".



Mais voilà, deux ans plus tard, le goût du hockey revient. Daigle
retrouve du job en NHL à Pittsburgh, puis à Minnesota, mais sa
carrière NHL lui échappe après 628 matches (129 buts et 200
assists). Pendant ce temps, le no2 Chris Pronger est devenu un
hockeyeur vedette en Amérique du Nord... Mais aujourd'hui encore,
Daigle parle de sa "pause" comme "la meilleure chose que j'ai
faite
". Même s'il préfère ne pas trop l'aborder...



Malin, Arno del Curto, "lâché" par Thornton et Nash repartis en
NHL, imagine déjà le bon coup à faire avec Daigle, dont les hauts
et les bas sont réputés. Mais ça, le coach de Davos, il aime.
Etoile de Davos pendant deux saisons, Daigle a ensuite connu un
nouveau "creux". Aujourd'hui parqué mais "retrouvé" à Langnau, il
parle de sa carrière. Sans regret.

A 30 ans, il fallait
faire le deuil de la NHL

Alexandre
Daigle

tsrsport.ch:

- A
34 ans, vous évoluez à Langnau, alors que vous avez été 1er choix
de la draft de NHL en 1993, c'est "bizarre", non? N'éprouvez-vous
vraiment aucun regret
?



ALEXANDRE DAIGLE:

Non, pas vraiment. A 30 ans,
quand j'ai décidé de venir en Europe, c'était un bon choix. A ce
moment-là, il fallait faire le deuil de la NHL. Ce n'est pas comme
si j'avais eu 22-23 ans à mon arrivée ici. Mon objectif était de
prendre beaucoup de plaisir et de bien jouer. Pour moi qui suis un
bon talent offensif avec une bonne vitesse de patinage, la Suisse
est idéale. Il y a beaucoup de pénalités et d'avantages numériques,
ça convient bien à mon jeu.



tsrsport.ch:

- Vous dites vouloir jouer le
plus longtemps possible alors qu'en 2000, à l'âge de 22-23 ans,
vous avez tout plaqué pendant deux saisons. Pourquoi
?



ALEXANDRE DAIGLE:

J'ai toujours joué au hockey
depuis l'âge de 8 ans. Je n'avais jamais voyagé, jamais rien vu
d'autre que des patinoires, des crosses et des pucks. Je voulais
voyager, voir de nouvelles choses. En fait, c'est la meilleure
chose que j'ai faite.



tsrsport.ch:

- Que s'est-il passé pendant ces
deux ans en Californie? L'envie est revenue
?



ALEXANDRE DAIGLE:

Honnêtement, quand j'ai arrêté,
je ne savais pas si j'allais rechausser mes patins un jour. Mais
voilà, le goût de rejouer est revenu après 2 ans. Vous savez, une
carrière de hockeyeur pro dure près de 20 ans. C'est long. Il m'en
restait 18, il n'y avait donc rien de grave.

"Mes amis sont restés les mêmes!

tsrsport.ch: - Pendant ces deux ans, vous
avez quand même changé de vie, oublié le hockey sur
glace...




ALEXANDRE DAIGLE: Je n'ai quand même pas tout
changé! Mes amis sont restés les mêmes. Au Canada, c'est comme en
Europe pour les footballeurs, un joueur de hockey n'est jamais
tranquille, ne peut pas aller au restaurant sans être harcelé. Je
devais donc partir. Et le meilleur endroit pour ça, c'était la
Californie, où il fait chaud mais pas trop, contrairement à la
Floride, où il fait trop chaud! Là-bas, nous avons organisé
quelques évènements musicaux avec un ami, mais je ne dirais pas que
c'était un job. Je n'allais pas au bureau à 9h!



tsrsport.ch: - Quitter le hockey et le
Canada, c'était un moyen de fuir la pression? A l'époque, on
parlait d'Alexandre Daigle comme du nouveau Wayne
Gretzky...




ALEXANDRE DAIGLE: Les attentes étaient très
élevées, mais c'était avant tout des histoires de journalistes. Il
n'y a jamais eu d'autres Gretzky ou d'autres Mario Lemieux!
Certains s'en approchent, comme Crosby, mais c'est tout. Un no1 de
draft ne devient pas forcément le meilleur joueur. Moi, je ne peux
pas être déçu de ma carrière.

"LA SPENGLER, C'EST UN SUPER TOURNOI"

tsrsport.ch:

- Vous retournez à Davos pendant
les Fêtes, pour y disputer la Coupe Spengler. Et pour la 1ère fois,
vous la jouerez sous le chandail canadien..
.



ALEXANDRE DAIGLE:

Et je m'en réjouis vraiment! A
l'origine, je devais la jouer avec le HC Davos, avec qui je suis
sous contrat, mais comme il y a pas mal de blessés au sein du Team
Canada, ils ont demandé mon "transfert".



tsrsport.ch:

- Que représente cette épreuve
pour un joueur canadien
?



ALEXANDRE DAIGLE:

Elle est très importante car
c'est la seule opportunité pour votre famille et vos amis au Canada
de vous voir en "live" à la TV. J'ai déjà joué la Coupe Spengler
trois fois avec Davos et franchement, c'est un super tournoi, avec
une très bonne atmosphère et surtout un très "fort calibre". Là,
avec le Canada, ce sera encore autre chose puisque la fédération
fait beaucoup pour nous et nos familles. Tout le monde arrive le 24
décembre pour un grand souper. Certains viennent même avec leurs
parents! Et la journée, pendant que nous sommes sur la glace, la
Fédération canadienne organise beaucoup d'activités pour nos
épouses et nos enfants. C'est génial.



Propos recueillis par Daniel Burkhalter

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"A Langnau, les playoff, on y croit!"

tsrsport.ch: - Après n'avoir joué que 4 matches (sur les 12 premiers!) avec Davos, vous retrouvez des couleurs à Langnau...

ALEXANDRE DAIGLE: Oh oui, ça va très très bien! En plus, quand je suis arrivé à Langnau, le gardien Benjamin Conz a aussi débarqué de Genève. Et depuis là nous restons sur 6-7 succès dans notre patinoire. En plus, nous sommes très proches de la barre.

tsrsport.ch: - Ce qui veut dire qu'à Langnau on y croit à ces premiers playoff?

ALEXANDRE DAIGLE: Bien sûr, nous ne sommes qu'à 3 pts (réd: interview réalisée le 23.12). Tant qu'il y a une chance, il faut y croire. L'équipe est capable d'y arriver.

tsrsport.ch: - Langnau n'a jamais disputé les playoff de LNA. Qu'est-ce qui lui manque pour y parvenir?

ALEXANDRE DAIGLE: Le budget! Chaque année, et ce sera encore le cas cette saison, l'équipe perd des joueurs importants. L'économie fait qu'il y a toujours des trous à combler sans en avoir forcément les moyens. Il faut aussi trouver une certaine constance sur la glace, et notamment à la maison. A "l'étranger" (réd: en déplacement), on sait que c'est toujours plus dur.

tsrsport.ch: - Vous n'avez été échangé (contre l'Autrichien Seitzinger) par Davos que jusqu'à la fin de la saison. Vous avez encore un an de contrat dans les Grisons. Vous y retournerez vraiment?

ALEXANDRE DAIGLE: Et pourquoi pas? Je n'ai aucune problème là-bas, j'y ai beaucoup d'amis. Davos a beaucoup de belles choses à offrir dès décembre. C'est l'une des plus belles régions alpines. Après, il est clair que pour ma famille, c'est plus facile où nous habitons maintenant, à 35 minutes de Berne, car davantage de gens parlent le français. Moi, je veux continuer à jouer, c'est tout. Et le niveau de vie en Suisse est comparable à celui du Canada, donc...

tsrsport.ch: - En février, le Canada affrontera à nouveau la Suisse lors des JO, comme en 2006 à Turin. Que pensez-vous des chances helvétiques à Vancouver?

ALEXANDRE DAIGLE: Le Canada pourrait monter deux équipes d'égale valeur pour cette compétition. Franchement, ils vont être très forts, surtout devant leur public. Ce sera très dur pour la Suisse. Il n'y a pas aussi les USA dans ce groupe? A moins d'un accident, les Nord-Américains seront très forts. En plus, quand tu vois que les Von Arx et Riesen, qui ont joué en NHL ou AHL et gagné des championnats ne sont pas dans l'équipe, tu te poses des questions. Mais je ne sais pas tout...

Alexandre Daigle express

La 1ère chose faite au réveil: Je me brosse les dents.

Repas préféré: le steak au homard. Au Canada, on dit "Steak Surf 'n' Turf".

Boisson favorite: le vin rouge.

Film préféré: Usual Suspects.

Série favorite: 24 heures chrono.

Musique préférée: U2.

Plus grande qualité: ma bonne humeur.

Plus grand défaut: impatient quand je n'ai pas mangé (réd: il est 13h25 au moment de l'interview, il sort de l'entraînement...).

Si pas hockeyeur: absolument aucune idée!

Le hockey c'est: la moitié de ma vie.

Le meilleur hockeyeur au monde: Mario Lemieux, avec qui j'ai joué à Pittsburg.

Et au niveau suisse? Jonas Hiller.

Le hockeyeur le plus méchant: c'est difficile car un "méchant" sur la glace ne l'est pas forcément en dehors, surtout en NHL avec les bagarreurs, "méchants" entre eux. Mais je dirais Derek Boogaard (Minnesota Wild).

Le meilleur entraîneur suisse: Arno Del Curto. Mais je n'ai connu que lui! Il faut jouer pendant un moment sous les ordres de quelqu'un pour le connaître. Del Curto parle beaucoup avec les joueurs quand quelque chose ne vas pas. Il est très fort pour encadrer les jeunes.

Votre salaire: jamais assez! Si les gens le disaient en Suisse, je vous le dirais aussi. En NHL, les salaires se savent car ils permettent de comparer les joueurs.