Au XIXe siècle, les cadeaux archéologiques sont de coutume. Le dirigeant de l’Égypte, Méhémet Ali, promet à la France et à l’Angleterre deux obélisques de Thoutmosis III conservés à Alexandrie (originellement à Héliopolis). Cependant, lorsque Jean-François Champollion arrive à Thèbes, il tombe en admiration devant les obélisques conservés dans cette ville, au point que les obélisques d’Alexandrie lui "font pitié". Il convainc alors la France de demander en cadeau les deux obélisques du temple de Louxor, même si le plus bel obélisque est selon lui celui de la reine Hatshepsout dans le temple de Karnak. La reine Hatshepsout a érigé six obélisques à Karnak: le grand obélisque est l’un des deux obélisques érigés dans une cour nommée la "Ouadjyt" (le second s’effondra ou fut abattu au Moyen Âge). Si Champollion trouve que ce monolithe est "le plus beau et le plus admirable de tous", il sait que son poids et son emplacement au centre des vestiges de Karnak font qu'il est très difficilement transportable. D’une hauteur de 30 mètres (320 tonnes), il s’agit en effet du deuxième plus grand obélisque intact à ce jour — après celui de Thoutmosis III (haut. 36 m) originellement à Karnak et aujourd’hui à Rome sur la place de Latran. Champollion estime dès lors qu’il vaut mieux le laisser à Thèbes et se contenter des obélisques de Louxor, créés par Ramsès II et hauts d’environ 23 m (230 tonnes). Il conseillerait cependant, de manière peu honorable, d’offrir le grand obélisque de Karnak à l’Angleterre, avec qui la France est alors en pleine rivalité. La France déplacera l’obélisque droit de Louxor sur la place de la Concorde à Paris en 1836 (le second obélisque n’a jamais été déplacé et la France a officiellement renoncé au cadeau en 1981). L’Angleterre n’arrivera jamais à organiser le déplacement de l’obélisque de Karnak et se résout dans les années 1870 à installer sur les bords de la Tamise à Londres un des obélisques d’Alexandrie.