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Jour 6, Gaston la baffe, un "loser" heureux et le grand réveil américain

Hugo Gaston, tout juste 20 ans, en plein conte de fées. [AFP - Martin Bureau]
Hugo Gaston, tout juste 20 ans, en plein conte de fées. - [AFP - Martin Bureau]

GASTON, LA BAFFE! Le jour et la nuit. Flamboyant mercredi contre Koepfer, Stan Wawrinka n’a pas livré la même "marchandise" hier et a donc logiquement été culbuté du tournoi par l’inconnu Hugo Gaston (6-2 3-6 3-6 6-4 0-6). C’était l’un de ces matches «sans», où il donne l’impression de ne pas vraiment vouloir être là. Pas aidé qui plus est par une balle qui ne sortait pas de sa raquette. Bref, au vu du 5e set, le Vaudois va pouvoir repartir de Paris en monocycle et avec une valise pleine de regrets. Oui, un 0-6 contre Gaston, la baffe! On pourra toujours dire que le Français - que nous vous présentions comme un joli gaucher très talentueux il y a de cela 48 heures - a crânement joué sa chance, qu’il s’est montré audacieux, culotté, solide, difficile de nous enlever de l’idée qu’un Wawrinka bien dans son physique et dans sa tête n’aurait pas perdu ce 16e de finale. Et ce même si c’était un Gaston de fer, en face. Voilà donc le Vaudois hors du tournoi. Il va maintenant pouvoir peaufiner son staff. Sans Kev Adams ni Cyril Hanouna (lire encadré).

KORDA GRIMPE ENCORE: on vous en a parlé depuis le début de ces carnets quotidiens et puisqu’il n’est pas décidé à s’arrêter, on va continuer. Eh oui, Sebastian Korda poursuit son superbe parcours parisien et entre même dans l’histoire récente du jeu, puisque cela faisait 19 ans que les Etats-Unis n’avaient pas glissé l’un des leurs en 8es de finale de Roland-Garros. C’est maintenant chose faite, puisque le joueur aux origines tchèques a laminé Pedro Martinez Portero (6-4 6-3 6-1). De quoi s’offrir un immense rendez-vous dimanche contre… Rafael Nadal. Une sorte de rêve qui devient réalité pour le joueur de 20 ans. "Rafa, c’est ma plus grande idole, l’un des joueurs qui ont fait que je pratique le tennis, expliquait-il vendredi soir. J’adore le voir jouer, c’est un formidable compétiteur. C’est grâce à lui, à son exemple, que je ne baisse jamais les bras."

ELINA À L’HEURE? Le soussigné doit bien avouer qu’il voit Elina Svitolina en future lauréate en Grand Chelem depuis maintenant plusieurs saisons. A tort, jusqu’à présent, l’Ukrainienne n’ayant jamais fait mieux que des demi-finales, à Wimbledon 2019 et à l’US Open la même année. Tiens, et si cela changeait dans cet exercice pas comme les autres? La question ne se pose peut-être pas encore, mais après avoir été accrochée au 2e tour, celle qui est aussi la compagne de Gaël Monfils a bien corrigé le tir en 16e de finale, dominant Ekaterina Alexandrova (6-4 7-5). L’actuelle No 5 WTA n’a cependant pas le cœur à la fête. "Franchement, jouer sans public, c’est pesant, dit-elle. Je suis d’accord avec Nadal, qui dit que le monde est triste en ce moment. Moi j’adore jouer dans des stades pleins avec des gens qui vous poussent." Dix ans après avoir remporté… Roland-Garros junior, Svitolina devra donc aller puiser toute seule, et au fond d’elle-même, les ressources pour s’imposer enfin au plus haut niveau. "J’ai cela à l’esprit, mais il faut savoir saisir les occasions pour aller au bout, ce que je n’ai pas encore su faire", reconnaît-elle.

UN REPÊCHE FACE AU MONSTRE: défait par Henri Laaksonen au dernier tour des qualifications, Daniel Galan a été repêché à la dernière seconde grâce à son statut de lucky loser et vit désormais un conte de fées dans le tableau principal. N’a-t-il pas battu Cameron Norrie au bout d’un gros match en 5 sets, puis Tennys Sandgren? Ce samedi, le Colombien de 24 ans, "loser" heureux, s’attaque à un tout autre défi: Novak Djokovic. Le voici placé face au monstre, à l’injouable. "Je le vois tout le temps à la TV, partout, dans toutes les finales, donc je sais comment il joue, mais de là à trouver une solution", ironise l’actuel 153e ATP. Il se réjouit cependant de se retrouver de l’autre côté du filet et jure qu'il ne se montrera pas galant. "Je ne me suis jamais entraîné avec Djokovic, je l’ai seulement croisé parfois dans le vestiaire", relève-t-il. Escogriffe de 191 cm, que l’on a découvert l’an dernier lors du tournoi de Houston, Galan n’a strictement rien à perdre face au favori du tournoi. "Je vais me focaliser sur mon tennis et on verra ce que cela donnera", souffle-t-il dans un sourire. Bientôt un sourire jaune?

RAVIE, GARCIA: malmenée durant une manche par Elise Mertens, Caroline Garcia est parvenue à retourner la situation alors que nombreux pensaient que la Française était cuite après avoir largement cédé le 1er set. Tenace comme dans ses plus beaux jours, devenue plus agressive dès lors qu’elle s’est retrouvée dos au mur, "Caro" a pu forcer la décision en frappant notamment 38 coups gagnants et ainsi offrir son joli sourire aux quelques spectateurs du Court Philippe-Chatrier (1-6 6-4 7-5). Elle entre en 2e semaine et se frottera à Elina Svitolina. Un sacré choc en perspective!

VIVA ARGENTINA! Cela faisait neuf ans que l’Argentine attendait de voir l’une des siennes en 8es de finale de Roland-Garros. Et c’est Nadia Podoroska (23 ans), totalement inconnue jusqu’ici, qui succède à Gisela Dulko. Née à Rosario, comme un certain Lionel Messi, cette droitière munie d’un revers à deux mains manie assez bien la petite balle jaune et vit la plus belle semaine de sa carrière. Sortie des qualifications, elle qui a des origines ukrainiennes se promène dans le tableau principal et a administré hier une correction à Anna Karolina Schmiedlova (6-3 6-2). On peut désormais se demander jusqu’où ira la surprise de cette édition 2020, qui n’avait jusqu’ici disputé qu’un seul match en Grand Chelem, à l’US Open il y a déjà quatre ans.

LE SAVON DE HALEP: Simona Halep a les crocs et doivent se méfier toutes celles qui, un jour, lui ont joué un mauvais tour. On espère pour elle qu’Amanda Anisimova a fini par comprendre que la Roumaine n’est pas du genre à tendre l’autre jour. Battue l’an dernier en quarts de finale par la jeune Américaine, Halep lui a passé un monstrueux savon pour le lui faire comprendre (6-0 6-1). Encore une fois en démonstration, celle qui apparaît comme "LA" favorite de cette édition 2020 n’en finit plus de "voler" dans ce tournoi. En trois matches, elle n’a égaré que 12 jeux. Sa prochaine adversaire, Iga Swiatek, a du souci à se faire.

SINNER D’ACIER: 6-3 7-5 7-5. Jannik Sinner n’a pas tremblé devant Federico Coria. Brillant, l’Italien de 19 ans (il est né le 16 août 2001) se hisse en 8es de finale de son 1er Roland-Garros et devient au passage le plus jeune joueur à atteindre ce stade du tournoi depuis un certain… Novak Djokovic (en 2006). En feu depuis qu’il a rallié Paris, où il n’a toujours pas perdu la moindre manche, le lauréat du Masters de la Next Gen 2019 se frottera dimanche à un certain Alexander Zverev, l’ancien emblème de cette même "Next Gen".

TREVISAN... PITIÉ: bien que l’on aime rire dans ces carnets, on tient surtout ici à saluer avec tout le respect et l’admiration qu’on lui doit le superbe parcours de Martina Trevisan, qui a dérouté hier Maria Sakkari après avoir sauvé deux balles de match (1-6 7-6 6-3)… Ancienne promesse du tennis italien, demi-finaliste de Roland-Garros et Wimbledon juniors en 2009, l’actuelle 159e ATP revient de loin, de très loin, puisqu’elle a surmonté l’anorexie pour pouvoir enfin prendre sa carrière à bras-le-corps, ceci à l’âge de 26 ans. En raison de problèmes familiaux, la jeune femme avait commencé à haïr et à haïr son corps - "trop musculeux", dit-elle aujourd’hui – tout en ne se nourrissant quotidiennement que de "30 grammes de céréales et un fruit". Tout ceci appartient au passé désormais. Pour finir sur une forme ironique, le blé qu’elle touche, désormais, ce sont les plus de 100'000 euros qui récompenseront son superbe parcours parisien. Magnifique Trevisan. Une leçon de courage!

LES JOUEURS POUR LA VIDÉO: après qu’il eut estimé avoir été floué par une erreur d’arbitrage, Denis Shapovalov a demandé à ce que l’œil de faucon («hawk-eye») soit également installé pour les matches sur terre battue. Une demande qui semble assez largement soutenue sur le circuit. Interrogés par des journalistes désireux d’en faire leur sujet magazine du week-end, Stefanos Tsitsipas, Dominic Thiem et Casper Ruud sont allés dans le même sens que le Canadien. "Il serait juste pour tout le monde d’utiliser la technologie, appuie le récent lauréat de l’US Open. Shapovalov a été victime d’une erreur jeudi. Moi aussi ce vendredi. Parfois ce n’est pas la faute de l’arbitre, c’est juste que l’on ne voit pas toujours la marque." Le tennis risque fort d’écouter ses joueurs. Lui a au moins la chance de ne pas avoir à pouvoir voir la vidéo être remise en question sur des hors-jeu, simulations ou autre tirages de maillot. Cela évite les polémiques.

LA PHRASE: "Si dans ces conditions vous êtes au Parc des Eaux-Vives et que vous voulez jouer, y a Donato qui descend avec sa truelle et il vous tape sur la tête". Signé l’immense Marc Rosset qui, devant la pluie du match Stan Wawrinka-Hugo Gaston, a tenu à rendre hommage à Donato Ciriolo, maître d’œuvre des courts du club genevois, hôte du Geneva Open.

L’INFO DU JOUR: le Masters WTA ne se tenant finalement pas à Shenzhen, pour les raisons que l’on sait, il pourrait migrer du côté de Prague, la République tchèque disposant de belles installations et s’étant déjà montrées très impliquées dans le tennis ces derniers mois. Si le classement était arrêté maintenant, les joueuses qualifiées pour le rendez-vous de fin de saison seraient: Naomi Osaka, Simona Halep, Sofia Kenin, Victoria Azarenka, Garbine Muguruza, Elise Mertens, Elena Rybakina et Petra Kvitova. Présente l’an dernier, Belinda Bencic n’a plus aucune chance d’y prendre part.

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

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Jour 4, un Stan des grands jours, l'estomac de Rafa, l'attaque de Verdasco et un psychodrame à Paris

Jour 3, le baiser de Djoko, la noyade de "Kiki", la révolution italienne et le gâchis Parmentier

Jour 2, les douleurs de France, le héros genevois qui épate et le bonheur glacé de Thiem

Jour 1: Roland s'arrose, Wawrinka donne le "la" et... future corrida de Rafa?

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Dur retour sur terre battue pour Stan

Sur l'air du "Loir et Cher", de Michel Delpech, après la défaite de Stan Wawrinka

Ah qu’il a été dur, le retour sur terre
T’es tombé sur un gars qui n’a rien fait d’travers
Il a passé la journée à transpercer ton tennis
A t’enfouir le nez dans tes doutes
J’ai pourtant cru que tu allais t’en sortir
Mais tu as été un peu trop court
Avec ce temps je broie du noir
Dimanche tu ne s’ras plus sur terre
J’ai la hantise, la hantise
D’avoir supporté l’mauvais cheval, c’est relou
Quelle hantise
Je suis fou
Je dois soutenir Sonego ou Gaston
As-tu vraiment pensé à nous?

On dirait que ça t’gêne de jouer dans la boue
On dirait que ça t’gêne tous ces sièges à trous
On dirait que ça t’gêne de jouer dans la boue
On dirait que ça t’gêne tous ces sièges à trous

Ah que c’était beau le tennis sur terre
Quand tu matais tous les Bleus
Mais maintenant que t’es coincé à Paris
Tu ne fais plus toujours c’que tu veux
On va bientôt déplorer ton absence
Tu regagneras bientôt sur terre
Ou autrement à Flushing Meadows
Même contre un Gaston de fer

J’ai la hantise, la hantise
D’avoir supporté l’mauvais cheval, c’est relou
Quelle hantise
Je suis fou
Je dois soutenir Sonego ou Gaston
As-tu vraiment pensé à nous?