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Jour 3: le baiser de Djoko, la noyade de "Kiki", la révolution italienne et le gâchis Parmentier

Novak Djokovic: trop facile, à Paris. [AFP - Thomas Sanson]
Novak Djokovic: trop facile, à Paris. - [AFP - Thomas Sanson]
Tellement au-dessus du lot contre Ymer, Novak Djokovic a juste eu besoin de se "chauffer" avec un spectateur pour ressentir des frissons. Alors que Kristina Mladenovic s'est noyée sur le central, que les Italiens sont dans la forme de leur vie et que la malheureuse Pauline Parmentier a tiré le rideau devant des masques et seulement une poignée de fidèles. Retour sur la 3e journée.

DJOKO TRES PROPRE: sans surprise, Novak Djokovic a eu droit à une véritable promenade pour son entrée en lice, puisqu’il a détruit Mikael Ymer en 1 h 38’. Très au-dessus du lot, le No 1 mondial a prouvé – si besoin était encore – qu’il est bien le favori principal de ce tournoi disputé dans des conditions qui ne peuvent que lui convenir. Auteur au passage de 25 amorties(!), Djoko, qui a au passage nargué un fan de Federer assis en tribunes, a pu tester des armes qu’il n’utilise pas souvent d’ordinaire. Même si c’est son adversaire qui a signé le point du jour (voir ci-dessous). Reste que pour le lauréat 2016, la promenade ne fait certainement que commencer.

"UNA STORIA IMPORTANTE": pour la première fois de l’ère Open, soit depuis 1973, l’Italie a réussi à placer 6 des siens au 2e tour d’un tournoi du Grand Chelem. Une perf d’autant plus belle que ses leaders historiques, Fabio Fognini et Andreas Seppi, ont tous deux déraillé d’emblée à Paris. Matteo Berrettini, Marco Cecchinato, Lorenzo Giustino, Jannik Sinner, Lorenzo Sonego et Stefano Travaglia entrent de concert dans l’histoire du tennis transalpin. Certains d’entre eux sont des visages à retenir puisqu’ils représentent sans doute l’avenir du jeu.

4 SUR 18: ne restent en lice que 4 des 18 joueurs français initialement engagés dans ce tournoi. Soit le pire bilan des "Bleus" depuis l'an 2000. Une véritable catastrophe. Qui confirme que le public de Roland-Garros est vraiment trop cruel avec les siens en leur infligeant une telle pression. Ah bon? Il n'y a pas de public, cette année?

FINALISTES ET SURVIVANTS: opposés dimanche en finale du tournoi de Hambourg, Andrey Rublev et Stefanos Tsitsipas n’ont logiquement pas débarqué dans la forme de leur vie Porte d’Auteuil. Et l’un et l’autre ont souffert davantage qu’attendu pour franchir le cap du 1er tour. Carrément proche du précipice contre Sam Querrey (6-7 6-7 2-5), le Russe est parvenu à retourner la rencontre pour finir par s'écrouler d'émotions. Lui aussi mal en point et mené deux manches à rien par Jaume Munar, le Grec - sur courant alternatif en Grand Chelem depuis sa demie à Melbourne en 2019 – est également parvenu à finir en trombe. Ouf! Commentaire du Russe: "J’étais congelé du 1er au dernier point de mon match et j’étais aussi tendu. Je n’arrivais pas à bouger. Je n’ai pas le souvenir d’avoir été aussi tendu."

LA NOYADE DE "KIKI": certes, une erreur d’arbitrage l’a (en partie) privée du gain de la 1re manche, mais une fois de plus, Kristina "Kiki" Mladenovic est passée à côté de son sujet dans ce Roland-Garros, s’encoublant 5-7 3-6 contre Laura Siegemund après avoir pourtant mené 5-1 et obtenu sept balles de 1er set! La joueuse française, qui a une haute estime d’elle-même mais ne laisse que peu de place à la remise en question, s’en est pris à la juge de chaise, à son adversaire et à la terre entière. Mais jamais à elle-même! "L’arbitre est la seule à ne pas avoir vu son erreur. C’est vrai que l’erreur est humaine, mais je ne comprends pas trop comment cela a pu lui échapper. Malheureusement, elle va continuer Roland-Garros. Moi pas." Précision: la faute d’arbitrage a eu lieu sur la 1re balle de set de "Kiki", qui en a donc galvaudé six autres ensuite, sans qu'Eva Asderaki n'y soit pour quelque chose. Déjà ridicule et ridiculisée à l’US Open, Mladenovic a poursuivi une conférence de presse déroutante: "Je ne dis pas que j’aurais gagné le match sans la faute, mais franchement j’étais en jambes, j’étais bien." Des propos qui ont fait bondir Justine Hénin et Mary Pierce, anciennes Nos 1 WTA, qui n’ont manqué de "rhabiller la Française pour l’hiver" sur le plateau de France TV. Logique.

TIENS, REVOILA JELENA! Vous vous souvenez certainement de Jelena Ostapenko, le phénomène letton de 2017 qui tapait sur tout ce qui bouge, faisait environ 423 fautes directes par match, mais aussi 528 coups gagnants (chiffres à confirmer)? Lauréate de Roland-Garros voici trois ans au prix d’un parcours aussi incroyable et curieux qu’exceptionnel, la jeune femme n’avait plus gagné un match à Roland depuis sa finale remportée face à Simona Halep. C’est corrigé depuis hier et sa démonstration de force contre Madison Brengle (6-2 6-1). On n’ira pas jusqu’à écrire qu’il va falloir se méfier d’elle pour le restant de la quinzaine, mais à la place de Karolina Pliskova, sa future adversaire, on serait doublement sur nos gardes.

TAUSON, RETENEZ BIEN CE NOM! Clara Tauson, 17 ans, est sortie de l’anonymat hier au bout d’un match épique contre Jennifer Brady, remporté 6-4 3-6 9-7. Issue des qualifications, la Danoise qui travaille à la… Justine Hénin Academy, a frappé la bagatelle de 48 coups gagnants pour culbuter la demi-finaliste du dernier US Open. Un énorme coup pour celle qui est la nièce d’un ancien tennisman danois et a notamment orné son passage en juniores par un succès à l’Open d’Australie 2019.

LE GÂCHIS PARMENTIER: c’est à 23 h 19, devant trois pelés et un tondu, que Pauline Parmentier - battue par Veronika Kudermetova - a dû quitter le tournoi. Une défaite qui pourrait être anecdotique s’il ne s’agissait pas de la dernière de sa vie sportive pour la Française, qui avait décidé de mettre un terme à sa carrière après cette édition de Roland-Garros. Perdre dans ce contexte, tirer sa révérence dans une atmosphère pareille, glaciale, c’est d’une tristesse absolue et ce n’est évidemment pas ce qu’on aurait souhaité à cette joueuse très sympathique, dont le fait d’armes restera la victoire en Fed Cup 2019. "Je suis maintenant heureuse de passer à autre chose", a-t-elle soufflé à minuit passé. Bonne route à elle pour la suite!

L’INFO DU JOUR: elle concerne l’édition 2021 de Wimbledon. Agendée dans 10 mois, elle reste suspendue à l'évolution ou non de la crise sanitaire, mais Andy Murray implore déjà les organisateurs d’éviter l’annulation comme en 2020. "Je souhaite que les organisateurs aillent de l’avant, peu importe si des fans peuvent venir ou non", dit l’ancien No 1 mondial. Son avis serait largement partagé par les membres du All England Lawn Tennis Club. Et selon le Times, le scénario envisagé serait celui d’une réduction du nombre de spectateurs. Absolument pas celui d’un huis clos.

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

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