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Prudhomme: "Je réfute l'idée du tous pourris"

"Je n'ai vu qu'un seul panneau anti-Armstrong et beaucoup pour lui"
Christian Prudhomme va diriger son 4e tour de France.
Directeur du Tour de France depuis 2006, Christian Prudhomme fait le point avant le départ de Monaco, samedi, d'une épreuve trop souvent égratignée par les affaires de dopage. Et parle aussi d'Armstrong et des oreillettes.

- Armstrong fait-il recette, battez-vous des records pour
les suiveurs médias accrédités?




CHRISTIAN PRUDHOMME: Ce sera sensiblement pareil
à l'année dernière. Au Tour Down Under en Australie, au Tour de
Californie, au Giro, il y a eu des journalistes supplémentaires. Ce
n'est pas le cas au Tour de France. La vedette dans le Tour, c'est
d'abord le Tour de France, ce n'est pas nier la qualité du champion
que de le dire. Lance Armstrong lui-même ne rate pas une occasion
de le rappeler. Il nous l'a dit à la fin de l'année dernière:
"le Tour est la plus grande course du monde, je n'ai pas
imaginé ne pas le faire."




- Avez-vous pris des dispositions particulières pour
lui?




CHRISTIAN PRUDHOMME: On lui avait dit l'an passé
qu'il n'y aurait pas de mesure particulière, on est toujours dans
cette logique-là.

L'UCI et l'AFLD main dans la main

- Quels sont les changements par rapport à 2008?



CHRISTIAN PRUDHOMME: L'accord entre l'AFLD
(Agence française de lutte contre le dopage, en charge complète des
contrôles l'an passé) et l'UCI est pour nous capital. Certains
disaient qu'il ne serait pas possible. L'UCI et l'AFLD, dont nul ne
peut contester l'indépendance, ont travaillé ensemble pendant
Paris-Nice avec une satisfaction affichée de part et d'autre. Elles
vont travailler ensemble sur le Tour.



- Les organisateurs sont-ils toujours en première
ligne?




CHRISTIAN PRUDHOMME: Chacun est à sa place. Il
n'y a pas un sport où l'on pose les questions que l'on pose aux
organisateurs du Tour. La fédération internationale, l'AFLD, les
organisateurs, chacun est à sa place et ça me va bien. On est
conforme à ce qui se fait dans le monde du sport avec bien plus de
contrôles, en amont et pendant la compétition.



- Peut-on dire que le Tour est l'événement le plus
contrôlé?




CHRISTIAN PRUDHOMME: Oui, à tout points de vue,
en nombre et en ciblage. Tous les éléments à disposition servent au
ciblage. Si Ricco s'est fait prendre l'an dernier par l'AFLD, c'est
parce que des éléments d'information avaient été transmis. Mais je
veux aussi souligner un propos que Pierre Bordry (président de
l'AFLD) rappelle régulièrement mais qui est rarement repris: la
plus grande majorité n'est pas dopée. Je réfute l'idée du tous
pourris, c'est trop facile.

Une crédibilité à reconquérir

- Le cyclisme paie cher ses
fautes..
.



CHRISTIAN PRUDHOMME:

C'est trop facile d'imaginer
aussi qu'il n'y a que le cyclisme. Sans nier les fautes, je trouve
de plus en plus injuste la situation du cyclisme. On l'a vu au
sujet de la localisation (des sportifs) en début d'année.



Ce que les coureurs et les athlètes acceptent depuis deux ans,
d'autres sportifs y voient une atteinte intolérable aux libertés
individuelles. Les coureurs cyclistes l'acceptent parce qu'ils
savent que c'est le seul moyen de reconquérir la crédibilité de
leur sport. Même si c'est contraignant, ils l'acceptent.



- Comment qualifieriez-vous ce Tour?



CHRISTIAN PRUDHOMME:

C'est un Tour excitant, pour
le parcours, pour son déroulement, pour le retour d'Armstrong. Je
rêverais d'être une petite souris pour savoir ce qui se passe dans
l'équipe Astana entre MM. Armstrong et Contador.



- Les premières étapes?



CHRISTIAN PRUDHOMME:

Le départ de Monaco nous
permet de suivre l'arc méditerranéen et d'être très vite dans la
montagne. Qui dit mer dit vent, bordures. Tout peut se passer dès
les premiers jours. Peut-être cela va-t-il se terminer quatre fois
au sprint dans la première semaine mais ce ne sera pas linéaire. Un
contre-la-montre sportivement probant, deux étapes au niveau de la
mer, le chrono par équipes qui revient, de nouveau deux étapes au
niveau de la mer avec l'arrivée à Barcelone qui s'annonce
somptueuse, et puis Arcalis. Cela va être formidable.

Deux étapes sans oreillettes

- Le point faible, c'est la deuxième semaine?



CHRISTIAN PRUDHOMME: La deuxième semaine est
moins sexy que la première ou la troisième mais ce n'est pas pour
autant qu'il ne s'y passera rien. Ceux qui n'auront pas reconnu
Vittel-Colmar, une étape magnifique par ses paysages et extrêmement
athlétique, vont s'en mordre les doigts. C'est pendant la deuxième
semaine aussi qu'il y aura les deux étapes tests sans
oreillettes.



- Qu'en attendez-vous?



CHRISTIAN PRUDHOMME: J'en attends une course qui
retrouve un peu de fantaisie, que les audacieux puissent aller au
bout. Il y avait une volonté de différents acteurs du monde du vélo
de supprimer les oreillettes. L'UCI qui nous a donné son aval les a
supprimées chez les juniors et les espoirs. C'est le sens de
l'histoire.



Interview réalisée par l'afp



Boonen espère toujours prendre le départ

Tom Boonen, exclu par l'organisateur du
Tour de France (ASO) après un contrôle positif à la cocaïne, ignore
toujours s'il pourra disputer la Grande Boucle. Le Tribunal de
grande instance de Nanterre, saisi par le coureur, s'est déclaré
incompétent mardi.



Le sprinter belge de la formation Quick Step devra patienter
jusqu'en fin de semaine pour que son cas soit examiné par la
Chambre arbitrale du sport du comité olympique français (CNOSF),
ultime recours pour participer au Tour.



"Nous avons introduit la demande d'arbitrage mardi après-midi.
Nous attendons que soient fixés le lieu et la date de l'audience
mais nous avons reçu l'assurance que le décision concernant la
participation de Tom Boonen sera prise en temps utile, donc avant
samedi
" (date du départ du Tour à Monaco), a précisé
Jean-Louis Dupont, l'avocat de l'équipe Quick Step.



Les avocats de l'équipe Quick Step et de Tom Boonen avaient saisi
la justice civile française dans l'espoir de faire annuler la
décision d'ASO, qui ne veut pas attribuer de dossard au coureur, en
raison de son contrôle positif à la cocaïne, effectué hors
compétition le 25 avril. Quick Step note que, concernant Boonen, on
ne peut parler de dopage et que l'UCI n'a jamais suspendu le
coureur.



En cas d'absence de Boonen, l'Australien Allan Davis prendrait sa
place au sein de l'effectif Quick Step. La formation belge estime
que l'absence de Boonen, adulé en Belgique, la priverait
d'importantes retombées publicitaires.



afp/ggol

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Le Tour de France 2009 sous la loupe

Les 21 étapes (3445 km)
04.07: Monaco - Monaco, 15,5 km (clm individuel)
05.07t: Monaco - Brignoles, 187 km
06.07: Marseille - La Grande-Motte, 196,5 km
07.07: Montpellier - Montpellier, 39 km (clm par équipes)
08.07: Le Cap d'Agde - Perpignan, 196,5 km
09.07: Gérone (ESP) - Barcelone (ESP), 181,5 km
10.07: Barcelone - Andorre Arcalis, 224 km
11.07: Andorre-la-Vieille - Saint-Girons, 176,5 km
12.07: Saint-Gaudens - Tarbes, 160,5 km
13.07: journée repos à Limoges
14.07: Limoges - Issoudun, 194,5 km
15.07: Vatan - Saint-Fargeau, 192 km
16.07: Tonnerre - Vittel, 211,5 km
17.07: Vittel - Colmar, 200 km
18.07: Colmar - Besançon, 199 km
19.07: Pontarlier - Verbier, 207,5 km
20.07: journée de repos
21.07: Martigny - Bourg-Saint-Maurice, 159 km
22.07: Bourg-St-Maurice - Le Grand-Bornand, 169,5 km
23.07: Annecy - Annecy, 40,5 km (Chrono individuel)
24.07: Bourgoin-Jallieu - Aubenas, 178 km
25.07: Montélimar - Mont Ventoux, 167 km
26.07: Montereau-Fault-Yonne-Paris Ch.-Elysées, 164 km
Les principales difficultés
7e étape (Andorre Arcalis): port d'Oliana, 7,7 km à 7,1 % de pente (1160 m d'altitude) montée d'Arcalis, 10,6 km à 6,1% (2240 m)

8e étape (Saint-Girons): port d'Envalira, 23,2 km à 5,1 % (2407 m) col de Port, 11,4 km à 5,5 % (1249 m) col d'Agnes, 12,4 km à 6,5 % (1570 m)

9e étape (Tarbes): col d'Aspin, 12 km à 6,6% (1490 m) col du Tourmalet, 17 km à 7,5% (2115 m d'altitude)

13e étape (Colmar): col de la Schlucht, 8,9 km à 4,1% (1139 m) col de Platzerwasel, 8,7 km à 7,6% (1193 m) col du Firstplan, 8,4 km à 5,4% (722 m)

15e étape (Verbier): col des Mosses, 13,8 km à 4% (1445 m) montée de Verbier, 8,8 km à 7,1 % (1468 m)

16e étape (Bourg-Saint-Maurice): col du Grand Saint-Bernard, 24,4 km à 6,2% (2473 m) col de Petit Saint-Bernard, 22,6 km à 5,1% (2184 m)

17e étape (Le Grand-Bornand): Cormet de Roselend, 18 km à 6,1% (1968 m) col des Saisies, 15,1 km à 6% (1650 m) côte d'Arâches, 6,3 km à 7% (964 m) col de Romme, 8,8 km à 8,9% (1295 m) col de la Colombière, 7,5 km à 8,5% (1618 m)

20e étape (Mont Ventoux): Mont Ventoux, 21,2 km à 7,6% (1912 m)
Les 20 équipes au départ
France: AG2R, Agritubel, Bouygues Telecom, Cofidis, Française des Jeux
Belgique: Quick Step, Silence
Espagne: Caisse d'Epargne, Euskaltel
Etats-Unis: Columbia, Garmin
Italie: Lampre (David Loosli), Liquigas
Pays-Bas: Rabobank, Skil
Allemagne: Milram
Danemark: Saxo Bank (Fabian Cancellara)
Kazakhstan: Astana (Grégory Rast)
Russie: Katusha
Suisse: Cervélo

Un troisième Suisse dans la course
David Loosli (28 ans) sera le troisième Suisse à prendre le départ de la Grande Boucle, samedi à Monaco. Le Bernois a été sélectionné par les dirigeants de l'équipe italienne Lampre pour se mettre au service du leader Alessandro Ballan. Loosli rejoint Fabian Cancellara (Saxo Bank) et Grégory Rast (Astana) sur la liste des coureurs suisses au départ.

Kohl fournissait d'autres sportifs
Bernhard Kohl, qui a mis un terme à sa carrière après une suspension pour dopage, a admis avoir lui même fourni des produits dopants à d'autres sportifs. "Entre bons amis on se passe naturellement certaines choses", a reconnu l'Autrichien, déchu de sa 3e place du Tour de France 2008 pour dopage à l'EPO Cera. "Je ne donnerai pas de nom publiquement", a ajouté Kohl. Il y a deux jours, un triathlète autrichien l'avait accusé de lui avoir proposé des produits dopants.

Si les faits devaient être postérieurs à août 2008, date à laquelle l'Autriche a renforcé son arsenal législatif contre le dopage, Kohl risque des poursuites pénales. La nouvelle loi antidopage punit de trois ans de prison au maximum la fourniture de produits dopants à un tiers.