Jane Birkin: "J'aurais aimé être plus mystérieuse, comme l'est ma fille Charlotte"
Depuis la fin des années 60, Jane Birkin a endossé tous les rôles et durablement marqué le paysage cinématographique et musical français. L'artiste était l'invitée du 19h30 dimanche, à l'occasion de la sortie d'un album intégral qui retrace sa carrière de chanteuse.
Chanteuse, actrice, muse ou encore icône de mode, Jane Birkin a eu mille vies. Elle présente actuellement en tournée son dernier album, le premier intégral de ses chansons: 292 titres enregistrés de 1969 à 2022. Un opus de "toutes les vies", comme elle le décrit dimanche sur le plateau du 19h30.
Arrivée en France depuis l'Angleterre, son pays natal, avec sa fille Kate à la fin des années 1960, l'artiste est devenue une icône française. Elle a formé entre autres un couple mythique, à la Une de tous les médias, avec le chanteur Serge Gainsbourg. Cette union donnera naissance à une fille, Charlotte Gainsbourg, ainsi qu'au tube sulfureux et censuré, "Je t'aime moi non plus".
Puis une rencontre cinématographique l'amènera à partager sa vie avec le réalisateur Jacques Doillon, avec qui l'Anglaise aura une fille, Lou Doillon.
>> Voir le portrait de Jane Birkin dans le 19h30 :
"J'aurais préféré être énigmatique"
Le premier intégral de Jane Birkin est un album de famille, qui raconte ses filles, ses amours, mais aussi ses tragédies, comme le décès de sa fille photographe Kate Barry, tombée de son balcon il y a 9 ans, que la chanteuse évoque dans quelques titres de son album "Oh! Pardon tu dormais...".
Selon elle, se mettre à nu de la sorte et partager autant de moments de vie ne signifie pas qu'elle n'est plus maître de son histoire personnelle. "On a beau montrer ses journaux intimes, ses photos, on ne sait heureusement pas tout des gens", avance l'artiste.
"J'aime bien le mystère d'ailleurs. J'aurais souhaité être plus mystérieuse, un peu comme l'est Charlotte. J'aurais préféré être énigmatique", ajoute-t-elle.
Un titre incarnant la liberté
Par son art, Jane Birkin est aussi très vite devenue en France une incarnation de la libération sexuelle. Son duo avec Serge Gainsbourg sur "Je t'aime moi non plus", aujourd'hui hymne à l'amour diffusé sur toutes les antennes, avait à l'époque été qualifié d'obscène par le Vatican et interdit dans de nombreux pays.
L'Anglaise, elle, revendique ce titre: "Je suis fière qu'il ait été l'étendard de certaines populations réprimées par des dictateurs, par exemple en Amérique du Sud ou en Espagne. C'était la chanson de la liberté".
Jane Birkin doit se produire le 18 novembre prochain au Théâtre du Léman à Genève, dans le cadre d'un concert en soutien à l'Ukraine.
Propos recueillis par Fanny Zürcher/iar
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Serge Gainsbourg, une âme provocatrice et imprévisible
Jane Birkin et Serge Gainsbourg ont formé un couple iconique dans les années 1970. Décédé il y a plus de 30 ans, le chanteur était connu pour son penchant provocateur. Il a notamment interprété la chanson "Lemon Incest" ("Inceste de citron") avec sa fille Charlotte Gainsbourg, qui lui a valu un scandale et pour laquelle il s'est défendu de toute apologie de l'inceste.
Charlotte Gainsbourg avait déclaré en 2019 dans le journal The Guardian que son père n'aurait pas sa place aujourd'hui, déplorant entre autres l'emprise du "politiquement correct" sur la société actuelle.
Interrogée dans le 19h30 sur son ancien compagnon, Jane Birkin affirme au contraire que Serge Gainsbourg existerait aujourd'hui encore. "Il aurait fait pareil, ça fait partie de son caractère. D'ailleurs, s'il charme autant la jeunesse, c'est parce qu'il y avait dans ce personnage complexe un adolescent qui voulait choquer, pour s'excuser ensuite le jour d'après", analyse-t-elle.
Quant à savoir ce qu'il aurait pensé de notre époque, la chanteuse estime qu'il est impossible de deviner. "Il était bien trop original pour pouvoir me mettre à sa place", glisse-t-elle.