La montée des marches le 24 mai 2023, lors de la 76e édition du Festival de Cannes. [Hans Lucas via AFP - FREDERIC PASQUINI]
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La Palme d'or décernée au film "Anora" de Sean Baker

>> Le cinéaste américain Sean Baker, 53 ans, a reçu samedi la Palme d'or du Festival de Cannes pour son film "Anora", un thriller new-yorkais qui passe des bas-fonds aux villas de luxe des oligarques russes. Ce succès laisse augurer d'un renouveau du cinéma indépendant américain.

>> Le premier long métrage de fiction de la jeune réalisatrice indienne Payal Kapadia, "All we imagine as light", a obtenu le Grand Prix du festival. Décision marquante du jury de Greta Gerwig, les actrices du film "Emilia Perez" de Jacques Audiard, Karla Sofía Gascón, Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz, ont remporté un prix d'ensemble d'interprétation féminine. Karla Sofía Gascón devient la première femme transgenre à obtenir un tel prix, que l'Espagnole de 52 ans a dédié à "toutes les personnes trans qui souffrent".

>> Du côté des films suisses, la comédienne Anasuya Sengupta, qui incarne Renuka dans la co-production helvétique "The Shameless", a décroché le prix de la meilleure actrice dans la sélection parallèle "Un certain regard". Quant à Kodi, griffon croisé qui joue dans "Le procès du chien" de la réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch, il a reçu la Palm Dog. Ce prix récompense le chien avec le plus de mordant vu dans les films au Festival de Cannes.

>> La venue incertaine de l'Iranien Mohammad Rasoulof, contraint de fuir son pays, a tenu en haleine le festival. Finalement présent à Cannes, le cinéaste a pu présenter en compétition son film "Les graines du figuier sauvage", qui a enchanté la critique et obtenu un prix spécial.

>> Toutes les critiques des films en compétition pour la Palme d'or, signées du spécialiste cinéma de la RTS Rafael Wolf, sont à retrouver dans ce dossier.

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Le palmarès complet

George Lucas, Payal Kapadia et Jacques Audiard notamment primés

Le palmarès complet du 77e Festival de Cannes est le suivant:

  • Palme d'or: "Anora" de Sean Baker

  • Grand Prix: "All we imagine as light" de Payal Kapadia

  • Prix de la mise en scène: Miguel Gomes pour "Grand Tour"

  • Prix du Jury: "Emilia Perez" de Jacques Audiard

  • Prix spécial: "Les graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof

  • Prix du scénario: "The Substance" de Coralie Fargeat

  • Prix d'interprétation féminine: Karla Sofía Gascón, Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz dans le film "Emilia Perez" de Jacques Audiard

  • Prix d'interprétation masculine: Jesse Plemons dans le film "Kinds of Kindness" de Yorgos Lanthimos

  • Caméra d'or: "Armand" de Halfdan Ullmann Tondel

  • Palme d'or du court métrage: "The man who could not remain silent" de Nebojsa Slijepcevic

  • Palme d'or d'honneur: George Lucas

Tous les primés du 77e Festival de Cannes sur le tapis rouge lors de la cérémonie de clôture le 25 mai 2024. [AFP - Antonin THUILLIER]
Tous les primés du 77e Festival de Cannes sur le tapis rouge lors de la cérémonie de clôture le 25 mai 2024. [AFP - Antonin THUILLIER]

>> Toutes les critiques des films en compétition pour la Palme d'or, signées du spécialiste cinéma de la RTS Rafael Wolf, sont à retrouver dans ce dossier.

Victoire d'"Anora"

Sean Baker, le renouveau du cinéma indépendant américain

"Toute ma vie, mon but a été d'aller à Cannes": le réalisateur Sean Baker a fait mieux en remportant samedi la Palme d'or avec "Anora", film sur une travailleuse du sexe, un milieu qui le fascine.

Ce n'est pas la première fois que cet Américain de 53 ans à l'allure juvénile était sélectionné à Cannes. Mais cette fois, le Festival a goûté la vitalité de son thriller. Ce conte à la Cendrillon version 2024 est servi par une révélation, l'actrice Mikey Madison, dans le rôle d'une travailleuse du sexe.

>> "Anora", une Palme d'or méritée? L'analyse de Rafael Wolf sur le palmarès de cette 77e édition :

Le réalisateur américain Sean Baker reçoit la Palme d'or pour son film "Anora" le 25 mai 2024. [EPA/Keystone - Guillaume Horcajuelo]EPA/Keystone - Guillaume Horcajuelo
Palme d’or décernée au réalisateur américain Sean Baker pour son film "Anora" / Le 12h30 / 2 min. / le 26 mai 2024

Cette Palme d'or est une consécration pour un cinéaste indépendant comme lui, qui a éclos tardivement et a longtemps "mangé de la vache enragée" avant de se faire un nom. Initié au cinéma par sa mère enseignante, il a eu le déclic à l'âge de six ans en voyant Boris Karloff jouer Frankenstein. "A partir de ce moment, c'était le cliché total: films en super 8, en caméscope, ciné-club au lycée, torturer ma sœur pour la faire jouer dans mes films...", racontait-il au Guardian en 2017.

Il finira logiquement par étudier le cinéma à la New York University et tournera un premier film, "Four Letter Words". Mais il tombe dans les excès en tous genres et devient accro à l'héroïne. "J'ai perdu beaucoup de temps. C'est pourquoi quand vous regardez mes homologues, ils ont dix ans de moins que moi. Je suis passé par de sales moments".

>> A voir, le sujet du 12h45 sur les films primés :

Le cinéaste américain Sean Baker remporte la Palme d’Or de la 77e édition du Festival de Cannes grâce à son film "Anora", dédié aux travailleuses du sexe
Le cinéaste américain Sean Baker remporte la Palme d’Or de la 77e édition du Festival de Cannes grâce à son film "Anora", dédié aux travailleuses du sexe / 12h45 / 2 min. / le 26 mai 2024

La Palme d'or à "Anora"

Le thriller new-yorkais de Sean Baker l'emporte

Le cinéaste américain Sean Baker, 53 ans, a reçu samedi la Palme d'or du Festival de Cannes pour film "Anora", un thriller new-yorkais qui passe des bas-fonds aux villas de luxe des oligarques russes. Ce succès laisse augurer d'un renouveau du cinéma indépendant américain.

"Ce film est magnifique, empli d'humanité [...] Il nous a brisé le coeur", a déclaré la présidente du jury et réalisatrice de "Barbie" Greta Gerwig avant de lui remettre le prix.

Le film Anora de Sean Baker a remporté la Palme d'or 2024 du Festival de Cannes. [AFP - VALERY HACHE]
Le film "Anora" de Sean Baker a remporté la Palme d'or 2024 du Festival de Cannes. [AFP - VALERY HACHE]

Palme remise par George Lucas

"Nous devons faire des films pour qu'ils sortent en salles", a lancé le réalisateur américain Sean Baker en recevant sa Palme d'or. "Je sais que je vais continuer à lutter en faveur du cinéma. Il faut que le monde se rappelle que voir un film sur son téléphone portable ou à la maison, ce n'est pas la manière de voir des films", a-t-il plaidé.

>> A écouter, les critiques de Rafael Wolf et Philippe Congiusti à propos d'"Anora" :

Une scène du film "Anora" de Sean Baker. [DR]DR
"Anora" de Sean Baker: Les critiques de Rafael Wolf et Philippe Congiusti / Vertigo / 2 min. / le 22 mai 2024

C'est George Lucas, père de la saga de "Star Wars", qui a remis la Palme à Sean Baker, quelques instants après avoir lui-même reçu une Palme d'or d'honneur des mains de son ami Francis Ford Coppola.

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Montée des marches du samedi 25 mai

Course à la Palme d'or

Entre l'Iran et les narcos mexicains, Cannes a le coeur qui balance

Le jury du Festival de Cannes a l'embarras du choix pour la Palme d'or samedi, au terme d'une 77e édition marquée par la venue d'un cinéaste qui a fui l'Iran, l'émergence d'une jeune garde féminine et le retour en demi-teinte de géants d'Hollywood.

La présidente Greta Gerwig, figure du cinéma d'auteur américain devenu reine du box-office avec "Barbie", se retire à l'abri du fracas de la Croisette, pour délibérer avec ses jurés, dont les acteurs Omar Sy, Eva Green, Lily Gladstone et Pierfrancesco Favino, ou le réalisateur Hirokazu Kore-Eda.

"Les graines du figuier sauvage", grand favori

Présenté vendredi, "Les graines du figuier sauvage", de l'Iranien Mohammad Rasoulof, est l'un des favoris pour succéder à "Anatomie d'une chute" de Justine Triet.

Tourné clandestinement, mais impeccablement réalisé, le film suit pendant 02h45 un enquêteur qui vient d'être promu magistrat, et des femmes de trois générations: son épouse, la fille cadette, une jeune étudiante, et la benjamine, adolescente. Il fait écho au soulèvement de la population iranienne depuis fin 2022. Le cinéaste a quitté l'Iran au péril de sa vie avant de présenter en personne son film à Cannes.

Lui décerner une Palme d'or offrirait une caisse de résonance précieuse au combat des femmes iraniennes, et à celui qui a brûlé tous ses vaisseaux en Iran, ne se laissant plus d'autre choix que la prison ou l'exil.

"Les Graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof en compétition à Cannes.
"Les Graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof en compétition à Cannes.

Des concurrents sérieux

Mais les jeux sont loin d'être faits, tant d'autres films ont fait chavirer les festivaliers. Dont "Emilia Perez", une comédie musicale de Jacques Audiard, un genre qui parle à la présidente du jury.

L'audace de ce projet, tourné en espagnol, sur un baron de la drogue mexicain qui change de vie et devient une femme, tourné avec deux énormes stars, Selena Gomez et Zoe Saldaña, a bluffé.

Audiard décrochera-t-il une deuxième Palme après "Dheepan" (2015), ou le jury préfèrera-t-il marquer l'histoire en saluant la prestation de l'actrice transgenre Karla Sofía Gascón, 52 ans, devenue femme il y a huit ans, et qui tient le rôle principal? "Une Palme, c'est déjà très bien". Mais remettre un prix à l'actrice transgenre, révélation du film, "ce serait fort, ce serait intelligent !", a souri le cinéaste, lors d'une rencontre avec l'AFP.

"Emilia Perez", un film de Jacques Audiard présenté en compétition à Cannes. [DR - Shanna Besson]
"Emilia Perez", un film de Jacques Audiard présenté en compétition à Cannes. [DR - Shanna Besson]

Seules quatre réalisatrices sur vingt-deux cinéastes en lice

Cannes pourrait poursuivre le mouvement de rajeunissement et de féminisation des plus grands prix du cinéma engagé depuis 2020 avec les Palmes d'or à Julia Ducournau ("Titane") et Justine Triet, le Lion d'Or à Audrey Diwan ("L'Evènement") ou l'Ours d'or à Carla Simon ("Nos soleils").

Seules quatre réalisatrices sur vingt-deux cinéastes étaient en compétition, mais deux sont des candidates sérieuses au titre: l'Indienne Payal Kapadia ("All we imagine as light"), avec un film sensible sur deux infirmières dans le bouillon urbain de Bombay, et la Française Coralie Fargeat, qui a décoiffé la compétition avec un film gore au message féministe ("The Substance"), remettant en selle Demi Moore.

"Anora" de Sean Baker, thriller new-yorkais qui passe des bas-fonds aux villas de luxe des oligarques russes et pourrait présager d'un renouveau du cinéma indépendant américain, et "Grand Tour", film conceptuel du Portugais Miguel Gomes, sont aussi cités.

>> Toutes les critiques des films en compétition pour la Palme d'or, signées du spécialiste cinéma de la RTS Rafael Wolf, sont à retrouver dans ce dossier.

Queer Palm

Un film roumain qui explore les ravages de l'homophobie

Le film roumain "Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde" a reçu vendredi soir la Queer palm, un prix alternatif récompensant chaque année un long-métrage abordant les questions LGBTQI+.

Ce long-métrage d'Emanuel Parvu, également acteur du film, montre les ravages de l'homophobie dans son pays d'origine. Adi, 17 ans, passe l'été dans son village natal niché dans le delta du Danube. Un soir, il est violemment agressé dans la rue. Le lendemain, son monde est bouleversé: ses parents le regardent différemment et l'apparente quiétude du village commence à se fissurer.

Une image du film "Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde" d'Emanuel Parvu. [Festival de Cannes - © Vlad Dumitrescu]
Une image du film "Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde" d'Emanuel Parvu. [Festival de Cannes - © Vlad Dumitrescu]

"J'ai voulu incarner la société roumaine. Donc nous avons l'église avec le prêtre, la loi avec le policier et la petite société avec la famille. Je voulais que la mère incarne la société au sens large et le père la sphère de la famille", a expliqué le réalisateur du film, qui fait la part belle à la nature roumaine.

Le jury de la Queer Palm était cette année présidé par le cinéaste belge Lukas Dhont ("Close", "Girl"), qui devait départager 18 long-métrages toutes sections confondues.

"La plus précieuse des marchandises" de Michel Hazanavicius

Note: 4/5

Un couple de bûcherons vit au fin fond d'une forêt polonaise. L'épouse pleure encore la mort de son enfant et implore les dieux de lui envoyer un cadeau au moment où les trains passent, transportant les juifs vers Auschwitz. Un jour, elle entend les cris d'un nouveau-né qu'elle recueille contre l'avis de son mari, celui-ci partageant avec la population locale une haine féroce contre ce peuple de "sans-cœur". La fillette est élevée grâce à l'amour de la bûcheronne, au lait d'un homme au visage ravagé, à l'empathie du bûcheron qui change d'avis à son propos, tandis que le destin tragique de sa famille, de sa mère, de son père et de sa sœur jumelle, nous est montré en parallèle.

Une image du film "La plus précieuse des marchandises" de Michel Hazanavicius.
Une image du film "La plus précieuse des marchandises" de Michel Hazanavicius.

Adapté du roman de Jean-Claude Grumberg, "La plus précieuse des marchandises" s'impose comme un film d'animation épuré, très beau, qui observe la Shoah par un angle formidablement singulier. Un conte raconté, en voix off, par Jean-Louis Trintignant, qui puise dans sa durée brève et dans la simplicité de son propos une émotion assez forte.

En suivant le père de la fillette dans le camp d'Auschwitz, Michel Hazanavicius n'élude par les horreurs nazies lors de quelques images-chocs qui éloignent a priori ce film d'animation d'un public d'enfants. Une histoire de lumière au cœur des ténèbres, préférant aux dieux absents la présence bien réelle d'êtres humains à la bonté exceptionnelle, qui rappelle qu'en dehors de l'amour pour les enfants, les siens et ceux des autres, tout le reste n'est que silence.

Rafael Wolf

"La plus précieuse des marchandises" de Michel Hazanavicius, avec les voix de Jean-Louis Trintignant, Dominique Blanc. 

Films en compétition pour la Palme d'or

Le palmarès de notre critique Rafael Wolf

Le palmarès de Rafael Wolf

Palme d’or

"Les graines du figuier sauvage" de Mohammead Rasoulof.

Grand Prix

"Emilia Perez" de Jacques Audiard.

Prix du jury

"The Substance" de Coralie Fargeat.

Prix de la mise en scène

"Bird" d’Andrea Arnold.

Prix du scénario

"Anora" de Sean Baker.

Prix d’interprétation féminine

Karla Sofia Gascon pour "Emilia Perez".

Prix d’interprétation masculine

Sebastian Stan pour "The Apprentice" d’Ali Abbasi.

Le 77e Festival de Cannes décerne ses prix samedi 25 mai. [AFP - Pierre Albouy]AFP - Pierre Albouy
Cannes, les pronostics de Rafael Wolf / Vertigo / 4 min. / le 24 mai 2024

>> A lire aussi, toutes les critiques des films en compétition pour la Palme d'or à Cannes : Critiques des films en lice pour la Palme d'or

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Montée des marches du vendredi 24 mai

Un certain regard

La co-production suisse "The Shameless" primée

Le festival a décerné vendredi soir sa première volée de récompenses, notamment dans la sélection parallèle "Un certain regard". Le prix principal a été décerné au film chinois "Black Dog", tandis que la co-production suisse "The Shameless" a décroché le prix de la meilleure actrice.

"Black Dog" raconte l'histoire d'une amitié entre un chien errant et un agent chargé de les éliminer, juste avant les Jeux olympiques de 2008 à Pékin. Le réalisateur Guan Hu a expliqué que c'était pour lui une façon de "filmer le quotidien des laissés pour compte du développement industriel" chinois.

Très connu en Chine, Guan Hu est l'auteur de quelques-uns des plus gros succès de ces dernières années comme l'épopée guerrière "La brigade des 800" (2021). Avec "Black Dog", il est toutefois revenu à ses racines indé. "Quand on fait des films un peu plus intimes, il y a moins de pression, ça devient des films plus sincères", a-t-il expliqué.

Le jury d'Un Certain regard, présidé par le Québécois Xavier Dolan, a également récompensé "L'histoire de Souleymane" de Boris Lojkine, ainsi que son acteur Abou Sangaré. Le film suit un livreur qui doit passer son entretien de demande d'asile, le sésame pour obtenir des papiers. Non-professionnel, Abou Sangaré qui joue le rôle-titre, est lui-même sans-papier.

La meilleure actrice dans une co-production suisse

Dans la même sélection, la comédienne Anasuya Sengupta a décroché le prix de la meilleure actrice pour son rôle de Renuka dans "The Shameless", co-production suisse réalisée par Konstantin Bojanov et présentée vendredi dernier en présence de la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider.

Le long-métrage raconte la fuite d'une prostituée de New Delhi après avoir tué un policier, et explore le système devadasi, une tradition hindoue désormais interdite, qui "marie" les femmes à une divinité. Tourné en hindi, "The Shameless" est une coproduction de cinq pays: la Suisse, la France, la Bulgarie, Taïwan et l'Inde.

Après la Palm Dog reçue par le chien Kodi jeudi, qui récompense le chien avec le plus de mordant vu dans les films au Festival de Cannes, "Le procès du chien" de Laetitia Dosch, l'autre film suisse en lice, est reparti bredouille vendredi.Mais rien n'est encore joué, car ce premier long métrage de la réalisatrice franco-suisse est éligible samedi pour la Caméra d’Or.

Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof ovationné debout

Présent à Cannes pour son film "Les graines du figuier sauvage"

Le cinéaste Mohammad Rasoulof, qui vient de fuir l'Iran, a reçu ce vendredi une ovation debout à son arrivée dans la salle de gala du Festival de Cannes, où était projeté son film, "Les graines du figuier sauvage", en lice pour la Palme d'or.

La présence à Cannes du cinéaste, poursuivi par le régime iranien qui l'a privé de son passeport et condamné à de la prison, est un symbole pour la liberté d'expression.

Seule une partie de l'équipe du film a pu quitter l'Iran. Sur le tapis rouge puis dans la salle, Mohammad Rasoulof a brandi les photos de deux de ses acteurs principaux, Missagh Zareh et Soheila Golestani.

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof brandissant les photos des acteurs de son film Missagh Zareh et Soheila Golestani sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes. [AFP - SAMEER AL-DOUMY]
Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof brandissant les photos des acteurs de son film Missagh Zareh et Soheila Golestani. [AFP - SAMEER AL-DOUMY]

Mohammad Rasoulof a monté les marches aux côtés de l'actrice iranienne Golshifteh Farahani, qui vit en exil en France depuis une quinzaine d'années. Il était aussi accompagné de sa fille Baran, un passage de témoin symbolique puisque c'est cette dernière qui avait reçu l'Ours d'or à Berlin au nom de son père, interdit de quitter son pays, il y a quatre ans.

Rasoulof a présenté à Cannes "Les graines du figuier sauvage", un film tourné clandestinement, qui raconte l'histoire d'un magistrat, de son épouse et de ses deux filles, dans un Iran en proie aux manifestations.

Le film fait un écho direct au mouvement "Femme, vie, liberté" qui secoue la République islamique depuis la mort de Mahsa Amini, en septembre 2022.

La Palm Dog pour Kodi

Un croisé qui joue dans un film franco-suisse

Kodi, Griffon croisé qui joue dans "Le procès du chien" de la réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch, a reçu la Palm Dog. Ce prix récompense le chien avec le plus de mordant vu dans les films au Festival de Cannes.

Kodi, 9 ans, succède à Messi, Border Collie qui brillait dans "Anatomie d'une chute", Palme d'Or l'an dernier. Ce doublé ne risque pas d'arriver cette fois car "Le procès du chien" est programmé dans la section Un certain regard.

"Je suis tombée amoureuse de Kodi. La Palm Dog, pour moi, c'est génial, ça permet de considérer les chiens comme des acteurs. Kodi est d'ailleurs dans les crédits du film comme un acteur et il est sur l'affiche", a commenté au micro Laetitia Dosch, présente au côté de l'animal lors de la remise du prix sur une plage.

Kodi, dans la vraie vie, est un ancien chien des rues de Narbonne (sud de la France) passé par un refuge. "Laetitia Dosch nous avait dit 'Kodi n'aura pas grand-chose à faire', mais en recevant le scénario j'ai quand même listé 80 à 100 actions", s'était souvenue Juliette Roux-Merveille, coach d'une compagnie d'animaux de spectacles basée en Vendée.

Kodi a reçu la Palm Dog à Cannes. [KEYSTONE - LOUISE DIXON]
Kodi a reçu la Palm Dog à Cannes. [KEYSTONE - LOUISE DIXON]

L'artiste franco-américaine Niki de Saint-Phalle au coeur d'un biopic

Avec Charlotte Le Bon dans le rôle principal

"Ma vocation, je l'ai trouvée chez les fous", lance Niki de Saint Phalle dans le biopic présenté jeudi à Cannes dans la section "Un certain regard" avec Charlotte Le Bon, magistrale dans le rôle de l'artiste luttant contre ses démons intérieurs.

Pour son premier long métrage, l'actrice Céline Sallette ("L'Apollonide") s'est penchée sur la plasticienne franco-américaine (1930-2002) et épouse de l'artiste fribourgeois Jean Tinguely, rendue célèbre par ses plantureuses Nanas, ainsi que ses Tirs, performances où elle tire à la carabine sur des poches de peinture.

"Ce qui me fascine le plus, c'est qu'elle était si en avance sur son temps. A l'époque où elle parlait, les gens ne pouvaient pas la comprendre. Et maintenant, on peut la comprendre", explique la réalisatrice dans le 19h30 du 23 mai.

Les traumas puis la renaissance par l'art

Plutôt qu'un biopic des débuts jusqu'à la reconnaissance, Céline Sallette s'est concentrée sur une période de dix ans (1952-1961) et a choisi d'explorer comment les troubles mentaux, la maladie et les traumas ont façonné Niki de Saint Phalle. En particulier l'inceste qu'elle a subi par son père, dont elle ne parlera ouvertement que sur le tard.

Qui d'autre que Charlotte Le Bon pour interpréter ce rôle? Personne, répond sans ambages Céline Sallette. Comme Niki de Saint Phalle, la Québécoise a débuté dans le mannequinat et s'y est vite sentie à l'étroit. "Elle a vécu en France et en Amérique, elle n'avait pas vraiment de maison, c'est quelque chose que je comprends, indique l'actrice. (...) Il y a plein de choses qui me sont très familières, comme les gestes de la peinture parce que je peins aussi, ou ceux de la sculpture, car je les comprends".

>> A voir, le sujet du 19h30 dédié à "Niki" :

Présentation au Festival de Cannes d’un biopic sur la plasticienne et artiste peintre Niki de Saint Phalle
Présentation au Festival de Cannes d’un biopic sur la plasticienne et artiste peintre Niki de Saint Phalle / 19h30 / 2 min. / le 23 mai 2024

Pas d'oeuvre montrée à l'écran

Le film s'ouvre sur Niki, mannequin gracieuse, avant de la retrouver les cheveux courts, un 22 Long Rifle à la main, comme sur l'affiche. La famille n'ayant pas collaboré au projet, aucune oeuvre de l'artiste n'est montrée à l'écran.

"Le challenge était encore plus génial: faire avec la poésie du cinéma une oeuvre à part entière qui lui rendrait hommage à presque à toutes les images, raconte Céline Sallette. On devait faire exister les oeuvres dans nos regards, ajoute l'acteur Damien Bonnard. On voit nos yeux qui regardent quelque chose qu'on ne voit pas et [on devait] faire exister cela, indirectement".

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Montée des marches du jeudi 23 mai

Le réalisateur français dans le grand bain de la compétition cannoise

"L'amour ouf" de Gilles Lellouche dans la course à la Palme d'or

Un nouveau venu en compétition ce jeudi: six ans après le succès populaire du "Grand bain", Gilles Lellouche est propulsé dans la course à la Palme d'or avec "L'amour ouf". Le film de l'acteur et réalisateur français réunit à l'écran deux chouchous du public, François Civil et Adèle Exarchopoulos.

Le film, adapté d'un roman de l'Irlandais Neville Thompson, se déroule dans les années 1980 dans le nord de la France, et raconte l'histoire d'amour entre Jackie et Clotaire qui "grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port", selon le synopsis. "Elle étudie, il traine. Et puis leurs destins se croisent et c'est l'amour fou. La vie s'efforcera de les séparer mais rien n'y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même coeur".

Adèle Exarchopoulos dans le film "L'Amour ouf" de Gilles Lellouche.
Adèle Exarchopoulos dans le film "L'Amour ouf" de Gilles Lellouche.

Un couple, deux époques: Jackie et Clotaire sont joués adultes par François Civil et Adèle Exarchopoulos, et plus jeunes par des acteurs en début de carrière, Mallory Wanecque (une jeune actrice révélée dans "Les pires") et Malik Frikah. Sont également annoncés au générique, Elodie Bouchez, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard.

Gilles Lellouches présente son dernier film "L'Amour ouf" au Festival de Cannes
Gilles Lellouches présente son dernier film "L'Amour ouf" au Festival de Cannes / 12h45 / 2 min. / le 25 mai 2024

La place aux nouvelles voix

Mais Cannes fait aussi de la place à de nouvelles voix, comme celle d'une jeune réalisatrice indienne, Payal Kapadia, qui présentera jeudi également en compétition "All We Imagine As Light", son premier long métrage de fiction.

Elle avait obtenu l'Oeil d'or, récompensant à Cannes le meilleur documentaire pour son précédent long métrage "A Night of Knowing Nothing" en 2021.

Une image du film "All we imagine as light" de Payal Kapadia.
Une image du film "All we imagine as light" de Payal Kapadia.

Avec ces deux films, la course à la Palme d'or, pour succéder à "Anatomie d'une chute", est dans son avant-dernière ligne droite.

"Anora" de Sean Baker parmi les favoris pour la Palme d'or

Le réalisateur américain surpris de ne pas susciter de controverses

Parmi les favoris pour la Palme d'or, l'Américain Sean Baker craignait que son film "Anora" sur une travailleuse du sexe, suscite la controverse, mais l'accueil enthousiaste à Cannes lui confirme que le "plus vieux métier du monde" ne cesse de fasciner.

"Anora" suit une strip-teaseuse new-yorkaise et le jeune fils d'un oligarque russe, qui se marient sur un coup de tête à Las Vegas, suscitant la fureur des proches de ce dernier. Sean Baker, qui a déjà raconté la vie de prostitués, estime que "nous sommes tous fascinés" par le travail du sexe, car cela se passe "juste sous notre nez, que nous le remarquions ou pas". "On peut l'explorer à l'infini", a déclaré le réalisateur, dont la mission est de montrer des personnages imparfaits, confrontés aux mêmes problèmes que tout le monde.

>> A écouter, les critiques de Rafael Wolf et de Philippe Congiusti sur le film "Anora" de Sean Baker :

Une scène du film "Anora" de Sean Baker. [DR]DR
"Anora" de Sean Baker: Les critiques de Rafael Wolf et Philippe Congiusti / Vertigo / 2 min. / le 22 mai 2024

Une récompense pour Mikey Madison?

"Anora" est désormais est un très sérieux candidat à la Palme d'or, selon le classement du magazine Screen. Pour le réalisateur, le "rêve" serait plutôt que l'actrice Mikey Madison, qui tient le rôle titre, soit récompensée. La comédienne de 25 ans, vue dans "Once Upon a Time in Hollywood" et "Scream", s'est entraînée au pole dance pendant trois mois et a perfectionné son accent new-yorkais.

N'importe quelle récompense cannoise pourrait aider "Anora" à bénéficier d'une sortie plus large dans les salles américaines que la plupart des films indépendants. Mais le film peut d'ores et déjà compter sur un distributeur américain prestigieux, le studio indépendant Neon, qui a distribué les quatre dernières Palme d'or aux Etats-Unis dont "Anatomie d'une chute".

Tout en abordant un sujet similaire aux films précédents de Sean Baker, comme "Tangerine" et "The Florida Project", "Anora" est son film le plus comique à ce jour: lorsqu'un trio de mafieux débarque dans la maison des jeunes mariés, le public s'attend à une explosion de violence, et se retrouve avec un trio de bras cassés.

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Montée des marches du mercredi 22 mai

"Furiosa: une saga Mad Max" de George Miller - Hors compétition

La critique de Rafael Wolf

Préquelle et spin-off au définitif "Mad Max: Fury Road" sorti en 2015, "Furiosa" se focalise, comme son titre l'indique, sur le personnage autrefois incarné par Charlize Theron. Anya Taylor-Joy hérite du rôle, même si le film passe près d'une heure à explorer la prime jeunesse de son héroïne.

Le récit débute au moment où Furiosa, encore enfant, est enlevée par une horde de motards à la solde du cruel Dementus (Chris Hemsworth). Après avoir tenté de la sauver, sa mère est tuée par le chef de guerre qui élève Furiosa en espérant qu'il lui révèle l'endroit exact de sa terre d'origine, paradis caché au milieu du désert. Plus tard, l'armée de Dementus découvre la Citadelle, dirigée par Immortan Joe et ses "Wars Boys", et les deux tyrans passent un accord pour éviter de s'entretuer.

Guidée par son obsession vengeresse, Furiosa grandit et travaille désormais pour Immortan Joe, conduisant, avec un routier mystérieux du nom de Jack, une citerne pour convoyer les marchandises entre quatre cités qui produisent respectivement l'eau, les vivres, le pétrole et les munitions.

S'achevant au moment précis où démarrait "Fury Road", "Furiosa" nous emporte une nouvelle fois dans le cyclone vertigineux d'un blockbuster d'action d'une générosité et d'une puissance cinématographique de plus en plus rares.

>> A écouter, le débat cinéma de Vertigo autour de "Furiosa: une saga Mad Max" :

Une scène du film "Furiosa: A Mad Max Saga". [Warner Bros. Entertainment Suisse GmbH]Warner Bros. Entertainment Suisse GmbH
Débat cinéma autour de "Furiosa: une saga Mad Max" / Vertigo / 4 min. / le 22 mai 2024

Moins trépidant que son prédécesseur, qui se résumait pour ainsi dire à une course-poursuite sidérante de près de deux heures, ce nouveau volet puise sa singularité dans son caractère tentaculaire, déployant au fur et à mesure une mythologie ample et passionnante qui rejoint l'envergure légendaire d'un "Mad Max 2".

Si l'on retrouve la Citadelle et Immortan Joe déjà vus dans "Fury Road", "Furiosa" s'attache à explorer plus en profondeur la zone post-apocalyptique de la Désolation, s'amourache à raison du méchant XXL de son histoire, l'excessif Dementus, sorte de Ben-Hur tyrannique et belliqueux, développe une possible romance entre Furiosa et Jack, cousin éloigné de Max, au cœur d'un film qui pose une humanité invariablement poussée vers la guerre et impose une figure féminine qui trouve dans une vengeance inattendue un retour émouvant à son enfance.

On sort de ce "Furiosa" les rétines et les oreilles essorées, heureux d'avoir été témoin de cette nouvelle leçon de cinéma de George Miller.

>> A voir, sortie de "Mad Max Furiosa", 5e épisode de la saga post-apocalyptique :

Sortie aujourd'hui de "Mad Max Furiosa" , 5ème épisode de la saga post-apocalyptique
Sortie aujourd'hui de "Mad Max Furiosa" , 5ème épisode de la saga post-apocalyptique / 19h30 / 2 min. / le 22 mai 2024

Note: 4/5

"Furiosa: une saga Mad Max" de George Miller, avec Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke. A voir sur les écrans romands dès le 22 mai 2024.

"Le Comte de Monte-Cristo" et "Un p'tit truc en plus"

Le cinéma populaire français à l'honneur

Ce mercredi, le Festival de Cannes met à l'honneur le cinéma populaire français. Tout d'abord avec une nouvelle adaptation du "Comte de Monte-Cristo", projeté hors compétition.

Grande fresque d'aventure, portée par le souffle romanesque d'Alexandre Dumas, ce nouveau long métrage sortira en salles le 28 juin. L'acteur Pierre Niney y reprend le rôle d'Edmond Dantès, enfermé injustement au Château d'If. Sa vengeance, ruminée pendant des décennies au cours desquelles il deviendra le Comte de Monte Cristo, sera implacable.

Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, les scénaristes des deux volets des "Trois Mousquetaires", sortis l'année dernière, sont aux manettes, à la réalisation cette fois, avec l'un des plus gros budgets de l'année dans le cinéma français.

Dans le reste du casting: Anaïs Demoustier, dans le rôle de Mercédès, Anamaria Vartolomei (révélée dans "l'Evènement" et également présente à Cannes dans "Maria") ou l'acteur italien Pierfrancesco Favino, membre du jury cannois dans le rôle de l'Abbé Faria. S'ajoutent également Laurent Lafitte et Vassili Schneider, petit frère de Niels.

"Un p'tit truc en plus", le succès du printemps

Autre projection, celle de l'humoriste et comédien Artus, "Un p'tit truc en plus", qui vient de dépasser les trois millions d'entrées en France depuis le 1er mai. C'est le succès du printemps et aussi une belle histoire, puisqu'il a été tourné avec une troupe de comédiens porteurs de handicap mental.

Père et fils à l'écran, Clovis Cornillac et Artus y incarnent deux petits malfrats qui se cachent au milieu d'une colonie de vacances pour jeunes porteurs de handicap mental, afin d'échapper à la police. Artus se fait passer pour un pensionnaire et Clovis Cornillac pour son éducateur.

Pour célébrer ce succès, le Festival de Cannes a invité toute l'équipe de cette comédie qui prend le parti de rire avec les personnes handicapées et non à leurs dépens, à monter les marches.

Du côté de la compétition, la langue portugaise résonnera sur la Croisette, avec "Grand Tour" de Miguel Gomes, et "Motel Destino" du Brésilien Karim Aïnouz, présenté comme un thriller érotique.

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Montée des marches du mardi 21 mai

Le point à mi-parcours

Les premiers favoris pour la Palme d'or

Après sept jours de projections, "Emilia Perez" fait partie des favoris pour succéder à "Anatomie d'une chute" de la Française Justine Triet, et offrir une deuxième Palme d'or à son réalisateur français également, Jacques Audiard, après "Dheepan" (2015).

Parmi les autres longs métrages loués par la critique, "The Substance", film d'horreur féministe de la Française Coralie Fargeat avec une Demi Moore à contre-emploi. Mais aussi le très cinéphile "Caught by the Tides" du Chinois Jia Zhang-Ke, qui agrège 25 ans d'images, et "Kinds of Kindness", film à sketches avec Emma Stone signé Yorgos Lanthimos, cinéaste grec devenu chouchou d'Hollywood avec "La favorite " et "Pauvres créatures".

"Megalopolis" de Coppola a déçu

A l'inverse, "Megalopolis", le projet pharaonique et testamentaire de l'Américain Francis Ford Coppola, a profondément déçu, même si certains critiques américains veulent le sauver.

L'idée d'une troisième Palme d'or, du jamais vu, semble hypothétique. A moins que: en 1979, il avait obtenu sa deuxième Palme pour "Apocalypse Now", descendu en flèche par la critique.

"L'amour ouf" du Français Gilles Lellouche, avec le couple tricolore Adèle Exarchopoulos/François Civil, et "Les graines du figuier sauvage" de l'Iranien Mohammad Rasoulof sont par ailleurs très attendus jeudi et vendredi.

Le palmarès sera rendu le 25 mai.

>> A lire:  : Les critiques des films en lice pour la Palme d'or, signées de Rafael Wolf

La compétition continue

Les films de Christophe Honoré, Sorrentino et Baker attendus ce mardi

Trois films en compétition sont présentés mardi. Dans "Marcello Mio", également en salles à partir de mardi soir, Chiara Mastroianni entre dans la peau de son père, Marcello Mastroianni, troublant ceux qui ont connu l'acteur de "La Dolce vita", à commencer par son ancienne compagne et mère de Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve. Sont également au casting Nicole Garcia, Benjamin Biolay, Melvil Poupaud et Fabrice Luchini.

Catherine Deneuve dans le film "Marcello Mio" de Christophe Honoré. [DR - Jean-Louis Fernandez]
Catherine Deneuve dans le film "Marcello Mio" de Christophe Honoré. [DR - Jean-Louis Fernandez]

On attend également l'Italien Paolo Sorrentino pour son nouveau film sur Naples, "Parthénope", héroïne suivie de sa naissance dans les années 1950 à nos jours, et "Anora", jeune strip-teaseuse de Brooklyn mariée au fils d'un oligarque russe, de l'Américain Sean Baker.

La flamme olympique des JO de Paris fera par ailleurs une apparition remarquée sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes.

Le cinéma d'animation japonais récompensé

Une Palme d'or d'honneur pour Ghibli, studio d'animation d'Hayao Miyazaki

L'animation distinguée à Cannes: une Palme d'or d'honneur a été décernée lundi au studio japonais Ghibli, co-fondé en 1985 par Hayao Miyazaki, réalisateur doublement oscarisé pour ses oeuvres empreintes de poésie qui séduisent petits et grands bien au-delà de l'archipel. C'est son fils Goro Miyazaki, également réalisateur chez Ghibli, qui est venu chercher la Palme.

C'est la première fois qu'un studio reçoit un tel prix, d'ordinaire remis à un acteur ou un réalisateur, comme Meryl Streep et George Lucas, également récompensés cette année.

"Je voudrais remercier tous les fans du monde entier. Je voudrais vraiment envoyer ces remerciements à tout le monde", a déclaré Goro Miyazaki, visiblement ému et sous un tonnerre d'applaudissements. Il a estimé que cette récompense était "un encouragement" pour "les quarante années à venir".

>> Goro Miyazaki, fils d'Hayao et également réalisateur chez Ghibli avec la Palme d'or d'honneur remise au studio Ghibli. : Goro Miyazaki, fils d'Hayao et également réalisateur chez Ghibli avec la Palme d'or d'honneur remise au studio Ghibli. [KEYSTONE - PASCAL LE SEGRETAIN  / POOL]
Goro Miyazaki, fils d'Hayao et également réalisateur chez Ghibli avec la Palme d'or d'honneur remise au studio Ghibli. [KEYSTONE - PASCAL LE SEGRETAIN / POOL]

Une vidéo montrant Hayao Miyazaki se moquant de la décision de son fils d'aller chercher cette Palme ("je le plains") a été projetée au public, provoquant les rires. Il a ensuite plus sobrement remercié le festival.

La cérémonie s'est poursuivie avec la diffusion de quatre court métrages inédits dont une mini-suite de "Mon voisin Totoro". Trois sur quatre de ces petits films n'avaient jamais été montrés en dehors du Japon.

Miyazaki, un maître de l'animation japonaise

Agé de 83 ans, Hayao Miyazaki est l'un des plus célèbres maîtres de l'animation japonaise, avec des films "Le Voyage de Chihiro" récompensé d'un Oscar. Ses oeuvres explorent des thèmes universels, comme la relation des humains avec la nature et le surnaturel, l'écologie et les machines, que l'artiste détaillait avec passion.

Miyazaki a à maintes reprises annoncé sa retraite avant de retourner à la planche à dessin. Son dernier film, "Le Garçon et le Héron", a remporté l'Oscar du meilleur film d'animation en mars.

>> A lire : Miyazaki signe avec "Le garçon et le héron" un film-somme d'une beauté inouïe

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Montée des marches du lundi 20 mai

Première mondiale de "Sauvages", film d'animation du Valaisan Claude Barras

Un plaidoyer enchanteur contre la déforestation

Huit ans après avoir présenté "Ma vie de Courgette", immense succès qui a été récompensé de nombreux prix dont deux César et une nomination aux Oscars, Claude Barras était de retour samedi soir sur la Croisette avec "Sauvages", son deuxième long métrage d'animation. Dévoilé en première mondiale et hors compétition, le film a reçu un très bel accueil.

Réalisé en stop-motion, "Sauvages" emmène les spectateurs dans la forêt de Bornéo en compagnie de deux enfants et d'un orang-outan orphelin, afin de sensibiliser à l'enjeu environnemental de la déforestation.

>> A voir, "Sauvages", le nouveau film d'animation du réalisateur suisse Claude Barras présenté à Cannes :

"Sauvages", le nouveau film d’animation du réalisateur suisse Claude Barras, donne des airs de Bornéo au Festival de Cannes
"Sauvages", le nouveau film d’animation du réalisateur suisse Claude Barras, donne des airs de Bornéo au Festival de Cannes / 19h30 / 2 min. / le 19 mai 2024

Inspiré par l'activiste suisse Bruno Manser

Fable écologique, "Sauvages" est inspiré par l'histoire de Bruno Manser, l’activiste suisse, très impliqué dans la défense de la forêt de Bornéo et de la vie des Penans, disparu en 2000 de façon suspecte.

"C'est l'héritage de cet homme qui était un peu en moi qui m'a donné envie de faire ce film", explique le réalisateur dans le 19h30 du 19 mai avant de poursuivre: "Je suis parti avec le Fonds Bruno Manser à Bornéo en 2018. J'y ai rencontré plusieurs communautés et j'ai vécu de manière traditionnelle durant dix jours dans la forêt."

Le Valaisan Claude Barras va présenter son dernier film "Sauvages" à Cannes

Représentants du peuple penan sur les marches

Plusieurs représentants du peuple penan qui accompagnaient samedi le réalisateur sur les marches du Palais des festivals s'efforcent depuis 30 ans de préserver la forêt tropicale de Bornéo et leur mode de vie nomade de chasseurs-cueilleurs.

Komeok Joe est l'un d'eux. "C'est parce que le gouvernement ne reconnait pas nos droits que nous combattons. Nous ne voulons pas que nos enfants deviennent des orphelins là où ils vivent. C'est pour ça que je fais le tour du monde pour dire nos problèmes", expose à l'AFP le militant.

"Ce film parle vraiment de notre histoire et des problèmes des Penan", assure-t-il. "Je suis Penan et je jure que tout ceci est vrai. Si vous n'y croyez pas, venez. Je vous montrerai la forêt, les bulldozers, les rivières sales, les animaux qui fuient, les maladies..."

Un film destiné aux familles

Aucun lieu n'est pourtant cité dans le film. "C'est un film d'animation à destination des familles, mais c'est aussi très ancré dans la réalité, a expliqué le Suisse à l'AFP. "Ce que j'aime faire, c'est m'adresser aux enfants avec des films qui soient drôles, accessibles, mais parlant de thématiques sérieuses et actuelles avec un parti prix réaliste", résume le réalisateur, avant de rappeler "Comme c'est lié à l'huile de palme et qu'on en consomme beaucoup en Occident, ça nous concerne directement aussi."

Le film sortira dans les salles de Suisse romande en automne.

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Montée des marches du dimanche 19 mai

"Le procès du chien" de la réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch

Un premier film sur la relation entre l'homme et l'animal

L'actrice et réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch a présenté dimanche au Festival de Cannes son premier film, "Le procès du chien", dans la section "Un certain regard". En plus d'avoir réalisé le film, elle y incarne le personnage principal, l'avocate Avril qui défend un chien, Cosmos.

Un double rôle pour lequel elle dit s'être inspirée de réalisateurs comme "Nanni Moretti, Louis C.K. et Phoebe Waller-Bridge (réalisatrice et actrice anglaise de la série "Fleabag", ndlr), qui écrivent et interprètent leur propre scénario", a expliqué Laetitia Dosch à Keystone-ATS.

>> A écouter, une interview de Laetitia Dosch sur son film "Le procès du chien" :

La réalisatrice franco-suisse Laetita Dosch à Cannes. [Keystone/EPA - André Pain]Keystone/EPA - André Pain
La réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch présente le film ''Le procès du chien'' au Festival de Cannes / Le 12h30 / 8 min. / le 20 mai 2024

La relation entre l'homme et l'animal

"Les animaux sont-ils des choses ou des individus? est l'une des questions que se pose la protagoniste. Le droit suisse assimile les animaux à des choses, "c'est pour cela qu'on peut les tuer et les manger", dit la réalisatrice, qui vit entre Paris et Lausanne.

Laetitia Dosch, 43 ans, qui a étudié à La Manufacture, à Lausanne, et a dansé pour Marco Berrettini et La Ribot, n'en est pas à son premier travail sur la relation entre l'homme et l'animal. Elle a joué un duo sur scène, intitulé "Hate", avec un cheval, un pur-sang du nom de Corazon.

>> L’actrice et réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch était à l’honneur hier au Festival de Cannes avec son premier film, "Procès du chien" :

L’actrice et réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch était à l’honneur hier au Festival de Cannes avec son premier film, "Procès du chien"
L’actrice et réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch était à l’honneur hier au Festival de Cannes avec son premier film, "Procès du chien" / 19h30 / 2 min. / le 20 mai 2024

"Quelqu'un m'a raconté l'histoire d'un procès impliquant un chien, dans lequel son maître était accusé, poursuit-elle. Cela m'intéressait d'imaginer que le chien serait traité comme un individu et non comme une chose, et que son procès aurait lieu". Dans le film, l'animal est accusé d'avoir mordu plusieurs personnes.

>> A lire: Une coproduction de la RTS: "Le procès du chien" de Laetitia Dosch : "Le procès du chien", un film de Laetitia Dosch

Un film drôle et puissant

Laetitia Dosch a choisi la comédie pour traiter de sujets comme "le féminisme, l'écologie ou le statut des animaux. "La comédie m'a semblé appropriée parce qu'elle est agréable, on passe un bon moment, mais il y a aussi de la place pour penser et réfléchir", dit-elle.

Le film soulève également des questions sur la violence familiale, par l'intermédiaire de Joachim, le jeune voisin d'Avril, qui trouve en elle une figure adulte compréhensive. Le procès du chien se déroule "dans une petite ville suisse", comme le dit la voix off d'Avril dans le générique, mais les images permettent de reconnaître Lausanne, et de nombreuses scènes se déroulent au Palais de justice.

Laetitia Dosch dans son film "Le procès du chien". [Bande à Part Films]
Laetitia Dosch dans son film "Le procès du chien". [Bande à Part Films]

Trois fois sur le tapis rouge

Laetitia Dosch, originaire de Tinizong, un petit village des Grisons, où elle n'a jamais vécu, a foulé le tapis rouge de Cannes à trois reprises cette année. En plus de son film, elle a fait une voix dans "Sauvages", le film d’animation du Valaisan Claude Barras.

On peut aussi la voir incarner Florence, le personnage principal dans "Le roman de Jim" des réalisateurs français les frères Larrieu, qui sera projeté mercredi soir sur la Croisette.

"Le procès du chien", qui sortira en salles le 11 septembre 2024 en Suisse romande, est coproduit, entre autres, par Lionel Baier, de la société Bande à part Films et la RTS.

"Emilia Perez" de Jacques Audiard, la comédie musicale déjantée qui charme le festival

Des critiques dithyrambiques

Cannes s'est réveillé dimanche sous le charme de Jacques Audiard, dont la comédie musicale présentée la veille reçoit des critiques dithyrambiques.

Au lendemain de la projection de "Emilia Perez", de nombreux critiques prédisent un prix pour ce film hors du commun, sur un baron de la drogue mexicain qui change de vie et devient une femme. Voire une deuxième Palme d'or pour son réalisateur.

L'équipe du film "Emilia Perez" au festival de Cannes: Camille Dalmais, Clement Ducol, Damien Jalet, Selena Gomez, Edgar Ramirez, Zoe Saldana, Jacques Audiard, Karla Sofia Gascon et Adriana Paz. [KEYSTONE - SEBASTIEN NOGIER]
L'équipe du film "Emilia Perez" au festival de Cannes: Camille Dalmais, Clement Ducol, Damien Jalet, Selena Gomez, Edgar Ramirez, Zoe Saldana, Jacques Audiard, Karla Sofia Gascon et Adriana Paz. [KEYSTONE - SEBASTIEN NOGIER]

Une histoire de rédemption

Le film est "une histoire de rédemption à travers la transidentité qui déborde d'électricité et d'audace, et met en lumière l'actrice espagnole Karla Sofía Gascón", actrice transgenre qui tient le rôle principal, s'enthousiasme El País, journal espagnol.

"Comme une rose qui fleurit au milieu d'un champ de mines, c'est un miracle que 'Emilia Perez' de Jacques Audiard existe", s'émerveille Variety aux Etats-Unis, quand le Guardian au Royaume-Uni salue "une histoire totalement invraisemblable (...) portée par une énergie kitsch à la Broadway". "Tout cinéaste qui refuse de se répéter et préfère expérimenter et explorer de nouvelles voies devrait être applaudi", juge le Hollywood Reporter.

Selena Gomez et Zoe Saldana pour le film "Emilia Perez" durant le 77e festival de Cannes le 19 Mai 2024. [KEYSTONE - ANDRE PAIN]
Les actrices Selena Gomez et Zoe Saldana lors de la séance photo pour le film "Emilia Perez" durant the 77e festival de Cannes le 19 Mai 2024. [KEYSTONE - ANDRE PAIN]

En France, le responsable des pages cultures du Figaro, Bertrand de Saint-Vincent, est ressorti enchanté de ce film sur la transidentité qui casse les codes machistes, et prévoit que "cette épopée brûlante vers la rédemption (...) fera bouger les choses".

Télérama juge que Jacques Audiard "réussit son grand écart" entre les genres, et le Monde loue "un casting parfait", complété par les mégastars Zoe Saldaña et Selena Gomez. Libération, à l'inverse, boude son plaisir et trouve "poussive la chansonnette".

Du côté de la RTS, le critique de cinéma Rafael Wolf (voir plus haut dans ce dossier) estime que c'est "l’un de ces films rares qui ose tout et touche au sublime, déambulant avec virtuosité au-dessus d’un gouffre de ridicule dans lequel il ne tombe jamais".

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Montée des marches du samedi 18 mai

Le réalisateur Mohammad Rasoulof espère pouvoir venir à Cannes

Il raconte sa fuite épuisante d'Iran, où il a été condamné à la prison

Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof, en lice pour la Palme d'or à Cannes, a dû traverser les montagnes à pied pour fuir son pays, un voyage "épuisant et extrêmement dangereux" qui lui a permis de trouver refuge en Allemagne, a-t-il raconté au Guardian.

Grande voix du cinéma iranien, dans le viseur du régime des mollahs depuis des années, le réalisateur de 51 ans a été récemment condamné en appel à huit ans de prison dont cinq applicables. Dénonçant une peine "injuste", il est parvenu à quitter clandestinement l'Iran et à se réfugier en Allemagne en mai.

Traverser les montagnes

Il l'a fait au prix d'un voyage "de plusieurs heures, épuisant et extrêmement dangereux, accompagné d'un guide", qui lui a permis de traverser les montagnes et passer discrètement la frontière à pied, a-t-il raconté vendredi au journal britannique.

Il n'a eu au départ que quelques heures pour décider s'il restait en Iran ou prenait la fuite. Mais le réalisateur voulait pouvoir "transmettre les récits de ce qu'il se passe en Iran", et "c'est quelque chose que je ne peux pas faire en prison", a-t-il résumé. Après avoir désactivé tous ses appareils électroniques, Mohammad Rasoulof s'est caché dans différents lieux gardés secrets avant de recevoir des papiers de la part des autorités allemandes.

Espoir de pouvoir venir sur la Croisette

Le cinéaste, en lice pour la Palme d'or qui sera remise le 25 mai au Festival de Cannes, espère pouvoir être autorisé à aller en France pour être présent sur la Croisette.

Son film "Les graines du figuier sauvage", qui lui a valu cette lourde condamnation, raconte l'histoire d'un juge d'instruction sombrant peu à peu dans la paranoïa, au moment où d'immenses manifestations éclatent dans la capitale Téhéran.

Une image du film "Les graines du figuier sauvage" du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, en compétition au Festival de Cannes 2024. [Pyramide Films]
Une image du film "Les graines du figuier sauvage" du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, en compétition au Festival de Cannes 2024. [Pyramide Films]

Le réalisateur a été déjà été condamné et emprisonné deux fois en Iran, où la répression ne cesse de s'amplifier depuis le mouvement de contestation qui a secoué le pays en 2022 après la mort de Mahsa Amini.

Malgré cette menace d'incarcération, Mohammad Rasoulof, qui a reçu de nombreux prix internationaux dont l'Ours d'or à Berlin en 2020, n'écarte pas la possibilité de retourner dans son pays "assez vite".

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Montée des marches du vendredi 17 mai

Balayeur du Festival de Cannes, il devient réalisateur sélectionné

Le fabuleux destin de David Hertzog Dessites

Comme une belle histoire de cinéma: balayeur à 20 ans des marches du Festival de Cannes, David Hertzog Dessites les montera samedi, à 51 ans, pour y présenter un documentaire qu'il a réalisé.

"L'adulte que je suis a pris l'enfant qu'il était par la main pour réaliser son rêve", glisse à l'AFP ce Cannois d'origine, qui signe "Il était une fois Michel Legrand", documentaire sur le célèbre musicien. Quand il a appris qu'il était sélectionné dans la section Cannes Classics, axée autour de copies restaurées et de documentaires, ce barbu athlétique a eu du mal à réaliser. Et une scène forte lui est revenue en tête.

"Un matin vers 4h00, dans ma tenue de balayeur, il n'y avait pas de gardien à l'époque sur les marches, je me suis allongé sur le tapis rouge en me disant 'je reviendrai ici avec mon film'".

Réalisateur autodidacte

Gamin, sa mère l'accompagnait aux abords du Palais des Festivals voir sur le tapis rouge les stars d'Hollywood, comme Kirk Douglas ou Robert Mitchum. Sa vie bascule quand, à 20 ans, sa mère, employée municipale, décède à 48 ans. La ville de Cannes propose alors au jeune homme, se retrouvant seul, un emploi de balayeur. Qui fait donc parfois la tranche 3-8 h du matin sur le tapis rouge et aux abords.

Des copains travaillant pour le plus grand rendez-vous mondial du 7e art permettent alors à ce fan de ciné de vivre le "festival en clandestin", en entrant en cachette. Un matin, en séance de 11h, il se faufile à la projection de "Pulp fiction" de Quentin Tarantino. "J'ai vu Clint Eastwood (président du jury) se prendre le visage dans les mains tellement il était mort de rire".

La disparition de sa mère est un "véritable booster", David Hertzog Dessites transformant "cette peine en énergie positive". En autodidacte, il achète une première caméra. Un premier tournant arrive en 1999. David Hertzog Dessites part sur ses deniers aux Etats-Unis filmer les inconditionnels de "Star Wars" qui attendent la sortie de l'épisode intitulé "La menace fantôme". Son documentaire attire les regards.

Michel Legrand a bercé sa vie

Michel Legrand, c'est encore une belle histoire. "Sa musique a bercé la grossesse de ma maman, mes parents se sont rencontrés en allant voir 'L'affaire Thomas Crown' et avaient acheté le 45 tours de la musique composée par Michel". Les séries télé qu'il voit enfant, "Il était une fois... la vie", "Oum le dauphin blanc", sont signées du même compositeur. Et la B.O. de "Yentl" avec Barbra Streisand est pour le cinéphile et mélomane "un choc".

David Hertzog Dessites finit par rencontrer ce "génie" en 2017 quand le pianiste donne un concert dans le cadre du Festival de Cannes. Assis au pied du piano pendant le récital, le réalisateur lui adresse la parole à la fin: "Si j'existe, c'est un peu grâce à vous". "C'est formidable cette histoire, j'adore", lui rétorque Michel Legrand.

Il se laisse convaincre pour un documentaire et lui donne carte blanche. "Il était une fois Michel Legrand" couvre les deux dernières années de la vie du musicien et revient sur la carrière du compositeur des "Parapluies de Cherbourg", disparu en 2019 à 86 ans.

Elisabeth Baume-Schneider à Cannes

"Nous sommes certes petits, mais cela ne veut pas dire que nous sommes dépourvus de talent"

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider est revenue vendredi soir dans Forum sur sa présence au Festival de Cannes, la Suisse étant l'invitée d'honneur du Marché du Film.

"C'est un petit coup de projecteur, mais surtout une manière de présenter le cinéma suisse, sans forfanterie et avec beaucoup d'énergie et de verve", déclare la ministre de la culture.

C'est également l'occasion de faire état de ce "qu'on sait et souhaite faire avec des partenaires" internationaux.

Avec quatre films dans la sélection du festival, la Suisse peut également montrer sa diversité: "La richesse de nos quatre régions linguistiques est une condamnation heureuse à avoir des collaborations avec nos voisins. (...) Cette effervescence montre que nous n'avons pas usurpé cette place. Nous sommes certes petits, mais cela ne veut pas dire que nous sommes dépourvus de talent. Au contraire!" se réjouit la Jurassienne.

>> L'interview d'Elisabeth Baume-Schneider dans Forum :

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider représente la Suisse au 77e Festival de Cannes (vidéo)
La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider représente la Suisse au 77e Festival de Cannes (vidéo) / Forum / 5 min. / le 17 mai 2024

La culture, parent pauvre du budget de la Confédération?

En Suisse pourtant, les prévisions budgétaires pour la culture ont été revues à la baisse. Ce domaine reste-t-il le parent pauvre des politiques publiques à l'échelon national? Elisabeth Baume-Schneider répond que non: ce budget a été adapté, comme tous les autres, à la situation des finances de la Confédération.

>> Lire sur le sujet : Le Parlement prié de libérer près d'un milliard pour la culture

Elisabeth Baume-Schneider, ici avant la projection du film "The Shameless", vendredi 17 mai, mène la délégation suisse au festival de Cannes. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Elisabeth Baume-Schneider, ici avant la projection du film "The Shameless", vendredi 17 mai, mène la délégation suisse au festival de Cannes. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

"On aimerait avoir plus, c'est vrai. Mais si le message sur la culture passe tel qu'il a été proposé par le Conseil fédéral, on pourra estimer que c'est un investissement loin d'être moribond et misérabiliste", argumente Elisabeth Baume-Schneider.

"Nous avons une grande tradition de soutien au cinéma. Nous avons la SSR. Nous avons aussi des possibilités avec la nouvelle loi Netflix. Je ne pense donc pas que la culture soit mise à mal par les budgets de la Confédération", soutient-elle également.

>> Voir aussi le sujet du 19h30 :

Elisabeth Baume-Schneider a vécu son premier Festival de Cannes comme ministre de la Culture
Elisabeth Baume-Schneider a vécu son premier Festival de Cannes comme ministre de la Culture / 19h30 / 2 min. / le 18 mai 2024

Le retour du prince charmant d'Hollywood à Cannes

L'acteur américain Richard Gere présente "Oh, Canada" de Paul Schrader

Prince charmant d'Hollywood des années 1980 et 1990 devenu discret au cinéma, Richard Gere fait son retour sur le tapis rouge en présentant ce vendredi à Cannes "Oh, Canada" de Paul Schrader, en lice pour la Palme d'or.

L'acteur qui a toujours gardé une distance avec son métier, privilégiant sa foi bouddhiste et la cause tibétaine, retrouve le réalisateur d'"American Gigolo" (1980), film qui l'a propulsé sex-symbol. A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d'un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste.

Richard Gere et Uma Thurman dans le film "Oh, Canada". [DR]
Richard Gere et Uma Thurman dans le film "Oh, Canada". [DR]

Un des plus grands séducteurs du cinéma

Outre Schrader, le comédien, qui a débuté au théâtre, a tourné avec les plus grands cinéastes: Richard Brooks ("A la recherche de M. Goodbar), Terrence Malick ("Les moissons du ciel"), Coppola ("Cotton Club"), Lumet ou Altman.

Après "American Gigolo" et "Officier et Gentleman" (1982), c'est "Pretty Woman" (1990), un film où il s'engage à reculons, qui le range définitivement dans la catégorie des grands séducteurs du cinéma. Il y campe un milliardaire qui s'éprend d'une jeune prostituée (Julia Roberts). Enorme succès au box office pour ce couple de conte de fées.

Pretty Woman: un milliardaire tombe amoureux d'une prostituée sur Hollywood Boulevard. -  Samedi 24 décembre 2005 à 20:55 sur RTS Un. [RTS/E.PP - RTS/E.PP]
Richard Gere et Julia Roberts dans le cultissime "Pretty woman". [RTS/E.PP - RTS/E.PP]

"Je me moque d'être un acteur"

Mais "l'homme le plus sexy du monde", dixit le magazine People en 1999, a connu une carrière à éclipses. Au fil des années, l'acteur, converti au bouddhisme à 25 ans, se passionne plutôt pour la méditation - au moins une heure par jour -, devient un proche du Dalaï-Lama et milite activement pour les droits du Tibet.

Il décroche un Golden Globe pour "Chicago" (2002) mais reste snobé par les Oscars, qui l'excluent même en 1993 pour un discours anti-Chine.

Le Dalaï-Lama et l'acteur Richard Gere à Chicago en 1996. [AFP - TIM ZIELENBACH]
Le Dalaï-Lama et l'acteur Richard Gere à Chicago en 1996. [AFP - TIM ZIELENBACH]

La cible des paparazzis dans les années 1990

Né le 29 août 1949 à Philadelphie dans une famille méthodiste modeste, Richard Gere a étudié la philosophie avant de bifurquer vers le théâtre. Il joue Danny Zuko dans "Grease" à Londres et à Broadway. Si John Travolta est choisi pour l'adaptation de la comédie musicale, c'est lui qui décroche "American Gigolo", rôle initialement dévolu à... Travolta.

Il est dès lors l'un des acteurs en vue d'Hollywood. Au début des années 1990, son mariage avec la top modèle Cindy Crawford attire paparazzi et rumeurs sur la réalité de leur couple. Ils divorcent en 1994. Richard Gere se remarie avec l'actrice Carey Lowell, bouddhiste comme lui et mère de son premier enfant, Homer. Puis avec l'activiste espagnole Alejandra Silva, de 33 ans sa cadette et mère de ses deux autres fils.

Richard Gere et sa femme Carey Lowell en 2004 à New York. [Getty Images via AFP - EVAN AGOSTINI]
Richard Gere et sa femme Carey Lowell en 2004 à New York. [Getty Images via AFP - EVAN AGOSTINI]

Un homme très engagé

Tenant désormais les tabloïds à distance et vivant en pleine nature, il réserve ses interventions publiques à ses engagements. Très tôt impliqué dans la lutte anti-sida, il cofonde par ailleurs en 1987 la Tibet House à New York puis crée la Gere Foundation, toujours en faveur du Tibet.

Ses charges contre Pékin -il appelle au boycott des JO de 2008- contribuent à l'éloigner d'Hollywood, à l'heure où le marché chinois est devenu un Eldorado pour les studios américains.

Francis Ford Coppola de retour à Cannes avec son testament

"Megalopolis", le film de tous les superlatifs

La montée des marches restera dans l'histoire, le film pas forcément: Cannes a déroulé le tapis rouge jeudi à Francis Ford Coppola, 85 ans, qui dévoilait "Megalopolis", présenté comme son chef-d'oeuvre ultime mais qui risque d'assommer. "Je dédie mon film à l'espoir et aux enfants. Créons un monde pour les enfants", a déclaré le réalisateur, sous les applaudissements à la fin de la projection officielle.

Le réalisateur Francis Ford Coppola et sa petite-fille Romy Croquet sur le tapis rouge du Festival de Cannes le 16 mai 2024 pour la présentation de "Megalopolis". [AFP - Stefanos Kyriazis]
Le réalisateur Francis Ford Coppola et sa petite-fille Romy Croquet sur le tapis rouge du Festival de Cannes le 16 mai 2024 pour la présentation de "Megalopolis". [AFP - Stefanos Kyriazis]

Francis Ford Coppola brigue un troisième trophée avec ce film hors normes au parfum testamentaire dans lequel il a englouti une partie de sa fortune, 45 ans après sa Palme d'or pour "Apocalypse Now",

D'un budget de 120 millions de dollars, ce film sur la destruction d'une ville évoquant New York couve dans son esprit depuis plus de quarante ans. Coppola avait abandonné le projet suite aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, avant de le reprendre.

Signe de son potentiel commercial très incertain, "Megalopolis", produit en dehors des circuits des grands studios, n'a pas encore trouvé de distributeur aux Etats-Unis. Comment imaginer le distribuer largement alors qu'en plein milieu des 2h18 du long métrage, un acteur en chair et en os se lève dans la salle de cinéma pour s'adresser en direct à l'écran, pour un dialogue avec Adam Driver?

Casting cinq étoiles

Reste la brochette d'acteurs cinq étoiles, stars des années 1970 comme Jon Voight et proches de Coppola dont sa soeur, Talia Shire, qui joue la mère du personnage d'Adam Driver ou encore Laurence Fishburne, qui jouait adolescent dans "Apocalypse Now".

La chanteuse Grace Vanderwaal, l'actrice Romy Croquet Mars, l'acteur Laurence Fishburne, l'acteur Adam Driver, le réalisateur Francis Ford Coppola et l'acteur Giancarlo Esposito après la projection de "Megalopolis" au 77e Festival de Cannes, le 16 mai 2024. [AFP - Mustafa Yalcin]
La chanteuse Grace Vanderwaal, l'actrice Romy Croquet Mars, l'acteur Laurence Fishburne, l'acteur Adam Driver, le réalisateur Francis Ford Coppola et l'acteur Giancarlo Esposito après la projection de "Megalopolis" au 77e Festival de Cannes, le 16 mai 2024. [AFP - Mustafa Yalcin]

Leur montée des marches le 16 mai, chapeau de paille et canne à la main pour Coppola, sur la musique du "Parrain", restera dans l'histoire du Festival, comme le probable adieu d'une des dernières légendes du Nouvel Hollywood. Et une grande absente pour Coppola, son épouse Eleanor, à qui il a été marié soixante ans, décédée le 12 avril.

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Montée des marches du jeudi 16 mai

Le cinéma suisse à l'honneur

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a monté les marches

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, accompagnée d'une délégation suisse, a foulé jeudi soir le tapis rouge du Festival de Cannes. Cet honneur est dû au fait que le Marché du Film, qui se tient en marge de l'événement, est dédié cette année à la Suisse.

>> A écouter: La Suisse invitée dʹhonneur du Marché du Film, quelle importance? :

Elisabeth Baume-Schneider parle pendant la "Soirée Suisse" au Festival de Cannes. [Keystone]Keystone
La Suisse invitée dʹhonneur du Marché du Film, quelle importance ? / Vertigo / 10 min. / le 20 mai 2024

Elisabeth Baume-Schneider, portant une longue robe bleue, une tenue élégante, comme l'exige le "dress code" du Festival de Cannes, a monté les marches recouvertes d'un tapis rouge menant au Palais des Festivals peu après 18h00. Elle était accompagnée d'une dizaine de personnes, dont la directrice de l'Office fédéral de la culture (OFC) Carine Bachmann et le directeur général de la SSR Gilles Marchand.

>> A voir dans la Matinale, l'interview de Carine Bachmann, directrice de l'Office fédéral de la culture (OFC) :

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Carine Bachmann, directrice de l’Office fédéral de la culture
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Carine Bachmann, directrice de l’Office fédéral de la culture / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 13 min. / le 17 mai 2024

La délégation comprenait aussi la comédienne zurichoise Deleila Piasko, qui joue dans le court-métrage allemand "Immaculata" de Kim Lêa Sakkal, projeté dans le cadre de la Quinzaine des Cinéastes.

La Jurassienne a eu cet honneur le même jour que le réalisateur Francis Ford Coppola, dont le dernier film "Megalopolis" est très attendu sur la Croisette. La délégation suisse le découvrira le soir même, comme les autres chanceux présents sur la Côte d'Azur.

La Suisse est cette année le pays invité d'honneur du Marché du film de Cannes, qui se tient en marge du festival. Une importante délégation de cinéastes, de producteurs, de diffuseurs et de représentants d'institutions suisses a fait le déplacement, soit près de 300 personnes, selon l'agence de promotion Swiss Films.

>> A lire aussi : Le Valaisan Claude Barras va présenter son dernier film "Sauvages" à Cannes

En plus de sa présence marquée au Marché du film, la Suisse compte quatre films suisses retenus dans la sélection officielle du festival. Il s'agit de "Sauvages" de Claude Barras, du "Procès du chien" de Laetitia Dosch, de "The Shameless" de Konstantin Bojanov et de "Las novias del sur" d'Elena Lopez Riera.

La dernière œuvre de Jean-Luc Godard, "Scénarios", qu'il a achevée la veille de sa mort à Rolle (VD), sur le lac Léman, sera également présentée dans le cadre de Cannes Classics. Godard a également décrit son travail sur le projet dans un film de 34 minutes.

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Montée des marches du mercredi 15 mai

Briser le silence sur les violences sexuelles

"Moi aussi", le court métrage très attendu de Judith Godrèche

Cinq mois après sa prise de parole marquante, en France, l'actrice-réalisatrice Judith Godrèche, qui a accusé de viols les deux figures du cinéma d'auteur Benoît Jacquot et Jacques Doillon, a présenté sur la Croisette mercredi soir, en ouverture de la section Un certain regard, "Moi aussi". Un court métrage de 17 minutes pour lequel elle a rassemblé à Paris près de 800 personnes, des anonymes toutes concernées par des violences sexistes et sexuelles.

Avant la projection sur la Croisette, l'actrice devenue réalisatrice de 52 ans, et les membres de son équipe, sur les marches, ont croisé leurs mains devant leur bouche, symbole du silence imposé aux victimes de violences sexuelles.

Judith Godrèche, réalisatrice du court métrage "Moi aussi" (au centre) et les membres de son équipe, sur les marches, ont croisé leurs mains devant leur bouche, symbole du silence imposé aux victimes de violences sexuelles. [KEYSTONE - VIANNEY LE CAER]
Judith Godrèche, réalisatrice du court métrage "Moi aussi" (au centre) et les membres de son équipe, sur les marches, ont croisé leurs mains devant leur bouche, symbole du silence imposé aux victimes de violences sexuelles. [KEYSTONE - VIANNEY LE CAER]

La comédienne a tourné ce court-métrage pour "redonner un visage" à un millier de victimes. "C'est un projet qui est assez incroyable", confirme à l'AFP sa fille, l'actrice Tess Barthélémy. "Je suis entourée de 1000 participants et participantes qui ont envoyé des courriels à ma mère, à propos des agressions qu'elle avait vécues, et pas du tout que dans le monde du cinéma".

Lors de cette première projection a laquelle a assisté Anne Fournier, envoyée spéciale pour la RTS, un mot revenait sur toutes les lèvres: "sororité".

>> A écouter, reportage réalisé lors de la projection du court métrage "Moi aussi" de Judith Godrèche :

Projection du film de Judith Godrèche au festival de Cannes. [EPA/Keystone - GUILLAUME HORCAJUELO]EPA/Keystone - GUILLAUME HORCAJUELO
Festival de Cannes: projection du film de Judith Godrèche sur les violences sexistes et sexuelles / Le 12h30 / 2 min. / le 16 mai 2024
L'affiche du court métrage "Moi aussi" de Judith Godrèche. [Maneki Films]
L'affiche du court métrage "Moi aussi" de Judith Godrèche. [Maneki Films]

"Comment transformer la honte ? Pas en fierté, personne n'est fier de s'être fait abuser sexuellement. Mais partager quelque chose dont on pourrait toutes et tous se dire : 'On a fait ça ensemble et on peut en être fier'", analysait récemment Judith Godrèche.

Le mouvement #MeToo alimente les discussions du Festival de Cannes. "Nous continuons à débattre de ces questions ensemble notamment la question ou nous voulons qu'aille le cinéma. Il y a énormément de changements aux Etats-Unis", a commenté devant la presse Greta Gerwig, réalisatrice et présidente du jury.

"La parole a été ouverte il y a quelques années", a dit en conférence de presse l'acteur Omar Sy ("Lupin"), membre du jury, qui se félicite qu'il y ait "de plus en plus de femmes qui ont le courage de dire les choses" dans une "industrie du cinéma très visible".

>> Voir aussi le sujet du 19h30 :

Judith Godrèche présentait hier à Cannes son court-métrage «Moi aussi» qui donne la parole aux victimes de violences sexuelles
Judith Godrèche présentait hier à Cannes son court-métrage «Moi aussi» qui donne la parole aux victimes de violences sexuelles / 19h30 / 2 min. / le 17 mai 2024

"Le deuxième acte" de Quentin Dupieux - Hors compétition

Critique du film d'ouverture par Rafael Wolf

Moins d’un an après les sorties de "Yannick" et de "Daaaaaali!", le prolifique Quentin Dupieux a présenté mardi son nouveau film en ouverture cannoise. L’histoire relève du pur prétexte. Florence s’apprête à présenter David, l’homme de sa vie, à son père Guillaume. Sauf que David n’a que faire de Florence et invite à la rencontre un ami, Willy, supposé séduire cette dernière. Le quatuor se rejoint autour d’une table dans un restaurant baptisé "Le deuxième acte", avec un figurant-serveur incapable de verser correctement du vin dans leur verre.

Léa Seydoux et Vincent Lindon dans le film "Le deuxième acte" de Quentin Dupieux. [Chi-Fou-Mi Productions - Arte France Cinéma]
Léa Seydoux et Vincent Lindon dans le film "Le deuxième acte" de Quentin Dupieux. [Chi-Fou-Mi Productions - Arte France Cinéma]

Sur la base de ce marivaudage volontairement calamiteux, Dupieux opère une mise en abyme hilarante en filmant ses acteurs et actrices qui, en pleine scène, sortent soudain de leur rôle pour livrer leurs états d’âme. Pestant contre l’inutilité du cinéma face à un monde au bord du gouffre, Vincent Lindon trépigne lorsqu’un appel téléphonique lui annonce qu’il jouera dans le prochain film de Paul Thomas Anderson. Léa Seydoux ne cherche qu’à faire son métier sans se poser trop de questions alors que Louis Garrel ne supporte pas les remarques politiquement incorrectes de Raphaël Quenard.

Conscient d’être exhibé au regard et aux oreilles de nous, spectateurs d’un film écrit et mis en scène par une intelligence artificielle, le quatuor bourré d’autodérision se jette à corps perdu dans une satire sur le métier d’acteur et ses vanités, parsemée de clins d’œil ironiques à l’époque. Derrière l’humour en apparence absurde se profile un portrait plus désenchanté sur le septième art, comme le résume Léa Seydoux: "C’est pour ça que c’est cool, le cinéma: ça ne sert à rien!

Note: 4/5

Le film est également à voir dès le 15 mai 2024 sur les écrans romands.

>> A voir également, ouverture du Festival de Cannes avec "Le deuxième acte", du réalisateur français Quentin Dupieux :

Ouverture du Festival de Cannes avec "Le Deuxième Acte", du réalisateur français Quentin Dupieux
Ouverture du Festival de Cannes avec "Le Deuxième Acte", du réalisateur français Quentin Dupieux / 19h30 / 2 min. / le 14 mai 2024

Cérémonie d'ouverture

Un coup d'envoi au féminin

Le 77e Festival de Cannes s'est ouvert mardi soir lors d'une cérémonie avec la volonté affichée de faire une place au mouvement #MeToo qui n'a pas fini de balayer le monde du cinéma. Camille Cottin aux manettes, Meryl Streep à l'honneur et Juliette Binoche lui remettant une Palme d'or. Le casting de cette cérémonie était très féminin.

L'actrice américaine Meryl Streep (à droite) et l'actrice française Juilette Binoche lors de la cérémonie d'ouverture. [AFP - CHRISTOPHE SIMON]
L'actrice américaine Meryl Streep (à droite) et l'actrice française Juilette Binoche lors de la cérémonie d'ouverture. [AFP - CHRISTOPHE SIMON]

Sur la même Croisette où l'ancien producteur Harvey Weinstein, dont la chute a marqué il y a sept ans le début de #MeToo, est accusé d'avoir commis certaines de ses agressions, Camille Cottin, la maîtresse de cérémonie, a entériné le changement d'époque.

Les rendez-vous professionnels nocturnes dans des chambres d'hôtel des messieurs tout puissants ne font plus partie des us et coutumes du vortex cannois

Camille Cottin, actrice et présentatrice de la cérémonie d'ouverture
Camille Cottin, actrice et présentatrice de la cérémonie d'ouverture [AFP - CHRISTOPHE SIMON]
Camille Cottin, actrice et présentatrice de la cérémonie d'ouverture [AFP - CHRISTOPHE SIMON]

Cette cérémonie a succédé à la traditionnelle montée des marches, gravies, entre autres par les membres du jury dont la présidente Greta Gerwig, Omar Sy, Eva Green et Lily Gladstone, mais aussi la star Jane Fonda, icône de l'Amérique contestataire des années 1970, ou le chien Messi, star de la Palme d'or de l'an dernier, "Anatomie d'une chute".

Sans compter le casting du film d'ouverture, "Le deuxième acte", qui est sorti en même temps en salles: Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon et Raphäel Quenard. Quentin Dupieux les a réunis pour une comédie sur le cinéma qui appuie là où ça fait mal, du politiquement correct à la menace de l'intelligence artificielle.

Quant à la compétition, elle démarre ce mercredi avec "Diamant Brut", un premier film d'une Française Agathe Riedinger. C'est la première des deux-deux cinéastes, et des seulement quatre réalisatrices, en lice pour succéder à "Anatomie d'une chute" de Justine Triet.

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Montée des marches du mardi 14 mai

Une Palme d'honneur pour Meryl Streep

Une carrière entamée en 1977

La légende d'Hollywood Meryl Streep a reçu lors de la cérémonie d'ouverture une Palme d'or d'honneur qui immortalise sa "place indélébile dans l'histoire du cinéma".

"Tu as changé notre façon de voir les femmes dans le monde du cinéma (...) tu nous as donné une nouvelle image de nous-mêmes", a déclaré sans pouvoir retenir ses larmes l'actrice Juliette Binoche avant de remettre à Meryl Streep la palme honorifique.

>> A voir, l’actrice américaine Meryl Streep a reçu la Palme d'Or d'honneur lors de la soirée d'ouverture du Festival de Cannes :

L’actrice américaine Meryl Streep a reçu la Palme d'Or d'honneur hier lors de la soirée d'ouverture du Festival de Cannes
L’actrice américaine Meryl Streep a reçu la Palme d'Or d'honneur lors de la soirée d'ouverture du Festival de Cannes / 19h30 / 2 min. / le 15 mai 2024

"The Queen Meryl", 74 ans, a déjà récolté presque toutes les distinctions, dont un record de 21 nominations aux Oscars et 3 statuettes dorées, mais n'était pas venue à Cannes depuis 35 ans.

"Je suis juste si heureuse que vous ne vous soyez pas lassés de ma pomme", a lâché l'actrice, émue derrière ses lunettes et habillée d'une robe drapée ivoire.

Cette Palme vient récompenser la carrière entamée en 1977 de l'actrice dans "Julia", suivi de "Kramer contre Kramer" - son premier Oscar (1979). Aussi à l'aise dans le mélo - "La maîtresse du lieutenant français" (1981) - elle est inoubliable en rescapée de la Shoah dans "Le Choix de Sophie" (2e Oscar) et en Karen Blixen dans "Out of Africa" (1985). C'est d'ailleurs sur la musique du film de Sydney Pollack qu'elle a fait son entrée sur scène.

>> A écouter, quelques extraits de la masterclass donnée par Meryl Streep à Cannes :

Légende d'Hollywood, Meryl Streep a reçu une Palme d'honneur lors de la cérémonie d'ouverture du Festival de Cannes 2024. [Keystone - Sébastien Nogier]Keystone - Sébastien Nogier
Meryl Streep / Vertigo / 9 min. / le 20 mai 2024

La vague #MeToo dans tous les esprits

Une ouverture dans un contexte délicat

Sept ans après la chute du producteur américain Harvey Weinstein et cinq mois après la prise de parole de Judith Godrèche en France, le sujet des violences sexuelles est présent dans toutes les têtes. La comédienne, qui a accusé les réalisateurs français Benoît Jacquot et Jacques Doillon de viols dans son adolescence, présentera mercredi un court métrage nommé "Moi aussi" et réalisé en hommage aux victimes.

>> A lire aussi : Judith Godrèche présentera un court métrage sur les violences sexuelles à Cannes

Un temps fort, au moment où cent personnalités, dont de nombreuses actrices (Isabelle Adjani, Emmanuelle Béart, Juliette Binoche...) appellent à une loi intégrale contre les violences sexuelles en France.

"Nos prises de parole #Metoo ont révélé une réalité plongée dans le déni: les violences sexistes et sexuelles sont systémiques, pas exceptionnelles. Pour autant (...) qui nous écoute vraiment?", peut-on lire mardi 14 mai dans la tribune publiée sur le site du journal Le Monde.

>> Les explications de Julie Evard dans le 19h30 :

La 77e édition du célèbre Festival de Cannes a débuté aujourd'hui, avec le mouvement #MeToo dans les esprits. Le point sur place avec Julie Evard
La 77e édition du célèbre Festival de Cannes a débuté aujourd'hui, avec le mouvement #MeToo dans les esprits. Le point sur place avec Julie Evard / 19h30 / 1 min. / le 14 mai 2024

>> A lire également : Cent personnalités françaises réclament une loi intégrale contre les violences sexuelles

Un producteur français accusé de viol

Si aucune des personnalités invitées n'a fait l'objet de mises en cause publiques, neuf femmes ont accusé, la plupart anonymement, le producteur français Alain Sarde, qui a produit des films de Bertrand Tavernier ou Jean-Luc Godard, de les avoir violées ou agressées sexuellement, révélait le magazine Elle lundi 13 mai.

Le Festival de Cannes tout comme le site d'investigation Mediapart ont en revanche démenti les rumeurs persistantes d'une "liste" de personnalités du cinéma mises en cause pour ce type de faits.

>> A écouter, #MeToo agite la 77e édition du Festival de Cannes :

#MeToo agite la 77ème édition du festival de Cannes
#MeToo agite la 77ème édition du Festival de Cannes / Forum / 2 min. / le 14 mai 2024

Une brochette de stars

Sous le signe des parrains d'Hollywood

Toutes les générations du monde du cinéma se retrouvent jusqu'au 25 mai sur la Croisette de Cannes, pour une édition marquée une nouvelle fois par une forte présente de l'industrie hollywoodienne.

L'un des événements les plus attendus est la présentation en compétition de "Megalopolis", de Francis Ford Coppola. Ce long métrage avec Adam Driver, dont une première bande-annonce a été dévoilée samedi, s'annonce comme une oeuvre de science-fiction à l'ambition folle, film testamentaire en gestation depuis quarante ans et qui a englouti une partie de la fortune du parrain du cinéma.

Coppola côtoiera d'autres représentants des plus grandes heures du cinéma américain comme George Lucas, le créateur de "Star Wars", qui recevra une Palme d'or d'honneur le 25 mai.

La relève

La jeune garde d'Hollywood est également attendue: Barry Keoghan et Jacob Elordi, tous deux remarqués dans "Saltburn", chacun dans un film en compétition, ou Margaret Qualley. Côté grand spectacle, George Miller fera rugir hors compétition les moteurs de "Mad Max" avec "Furiosa", préquel de sa série de films post-apocalyptiques.

Fictions et actualité

Comme souvent, la Croisette résonnera avec l'actualité mondiale. Notamment en compétition, une fiction sur le jeune Donald Trump ("The Apprentice") et l'adaptation de "Limonov" de l'écrivain français Emmanuel Carrère, signée du cinéaste russe en exil Kirill Serebrennikov. En passant par la venue de l'Iranien Mohammed Rasoulof, en lice pour la Palme mais régulièrement empêché de voyager par le régime des mollahs.

Le jury 2024

La réalisatrice Greta Gerwig présidente du jury

Quatre hommes et quatre femmes officient cette année sous la présidence de la réalisatrice Greta Gerwig, devenue reine du box-office avec "Barbie" l'an dernier. A 40 ans, elle est la plus jeune présidente depuis Sofia Loren en 1966.

>> Portrait de Greta Gerwing, présidente du jury et réalisatrice de "Barbie" :

Le 77ème Festival de Cannes démarre mardi soir. Portrait de Greta Gerwig, présidente du jury et réalisatrice de «Barbie »
Le 77ème Festival de Cannes démarre mardi soir. Portrait de Greta Gerwig, présidente du jury et réalisatrice de «Barbie » / 12h45 / 2 min. / le 14 mai 2024

Dans son jury est présent Omar Sy, 46 ans. L'acteur français franchit une nouvelle marche dans une carrière exceptionnelle depuis ses premiers pas dans l'humour potache ("Omar et Fred") jusqu'à son début de carrière à Hollywood, comme acteur et producteur, en passant par ses succès populaires en France ("Intouchables").

Le jury du 77e Festival de Cannes présidé par Greta Gerwig (au centre). De haut en bas et de gauche à droite: Nadine Labaki, Juan Antonio Bayona, Lily Gladstone, Pierfrancesco Favino, Eva Green, Omar Sy, Ebru Ceylan et Hirokazu Kore-Eda.
Le jury du 77e Festival de Cannes présidé par Greta Gerwig (au centre). De haut en bas et de gauche à droite: Nadine Labaki, Juan Antonio Bayona, Lily Gladstone, Pierfrancesco Favino, Eva Green, Omar Sy, Ebru Ceylan et Hirokazu Kore-Eda.

>> A lire aussi : Omar Sy dans le jury du 77e Festival de Cannes présidé par Greta Gerwig

Un an après avoir foulé le tapis rouge pour "Killers of the Flower Moon" de Martin Scorsese, rôle pour lequel elle a été nommée aux Oscars, l'actrice Lily Gladstone, issue d'un peuple amérindien, a rejoint elle aussi le jury, dont elle est à 37 ans la benjamine.

S'ajoutent à cette liste l'actrice française Eva Green, l'acteur italien Pierfrancesco Favino ("Le traître"), le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda, Palme d'Or en 2018 pour "Une affaire de famille", le cinéaste espagnol Juan Antonio Bayona ("Le cercle des neiges", sorti en France sur Netflix), la réalisatrice libanaise Nadine Labaki et la scénariste et photographe turque Ebru Ceylan.

Quatre films suisses en sélection officielle

Claude Barras et Laetitia Dosch sur la Croisette

Quatre films suisses ont été retenus dans la sélection officielle du Festival de Cannes. Il s'agit de "Sauvages" de Claude Barras, "Le procès du chien" de Laetitia Dosch, "The Shameless" de Konstantin Bojanov et "Las Novias del Sur" d'Elena Lopez Riera.

Comme "Ma vie de courgette" en 2016, le réalisateur valaisan Claude Barras projettera pour la première fois en public son nouveau film au Festival de Cannes. Fable écologique qui se déroule à Bornéo, "Sauvages" sera dévoilé lors d'une séance spéciale jeune public.

>> A lire aussi : Le Valaisan Claude Barras va présenter son dernier film "Sauvages" à Cannes

Dans son premier long métrage "Le procès du chien", l'actrice et réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch incarne l'avocate Avril, qui se retrouve à défendre un chien. Le film, retenu dans la section "Un certain regard", est coproduit entre autres par Lionel Baier (de la société Bande à part Films), la RTS, la SSR et France 2.

Laetitia Dosch dans son film "Le procès du chien". [Bande à Part Films]
Laetitia Dosch dans son film "Le procès du chien". [Bande à Part Films]

Le dernier long métrage du réalisateur bulgare Konstantin Bojanov, "The Shameless", coproduit par la société genevoise Akka Films et la RTS, emmène le spectateur en Inde où il raconte une histoire de prostitution et d'amour interdit. Ce film est lui aussi sélectionné dans la section "Un certain regard".

Enfin, la coproduction hispano-suisse "Las Novias del Sur" ("Les fiancées du sud") a pour sa part été retenu pour la Semaine internationale de la critique. La réalisatrice Elena Lopez Riera, de nationalité suisse et espagnole, fait parler des femmes d'un âge déjà mûr de leur mariage, de leur première fois et de leur rapport à la sexualité. Et s'interroge sur sa propre absence de mariage et d'enfants.

La Suisse, invitée d'honneur du Marché du film

Une vitrine pour la production audiovisuelle helvétique

La Suisse est l'invitée d'honneur du Marché du film du 77e Festival de Cannes, qui se tient du 14 au 22 mai. Une série de conférences est animée par des représentants de l'industrie cinématographique suisse émanant du Festival de Locarno, de la Cinémathèque Suisse ou encore du Festival du film de Zurich. 

>> A écouter, Andreas Bühlmann, responsable chez Swiss Films :

La Suisse, invitée d’honneur au festival de Cannes: interview d’Andreas Bühlmann
La Suisse, invitée d’honneur au festival de Cannes: interview d’Andreas Bühlmann, responsable chez Swiss Films / Forum / 3 min. / le 14 mai 2024

>> A écouter, Max Karli, co-président des producteurs et productrices romands et associé chez Rita Production détaille les enjeux autour de l'événement :

Le marché du film, en marge du Festival de Cannes. [Festival de Cannes - Mathilde Gardel]Festival de Cannes - Mathilde Gardel
La Suisse, invitée d'honneur du Marché du film au Festival de Cannes / La Matinale / 1 min. / le 14 mai 2024

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider montera les marches mythiques jeudi 16 mai devant un parterre de photographes en smoking.

>> A lire aussi : L'industrie cinématographique suisse sera mise à l'honneur à Cannes en 2024

Les films en compétition

Vingt-deux films sont en lice pour la Palme d'or

"The Apprentice" d'Ali Abbasi:

Après "Border" et "Les nuits de Mashhad", le réalisateur danois d'origine iranienne se penche sur les jeunes années de Donald Trump, bâtissant un empire immobilier dans les années 1970-80.

"Motel Destino" de Karim Aïnouz:

A l'affiche avec "Le jeu de la reine", en compétition l'an dernier à Cannes, le Brésilien est parti dans le Nordeste pour tourner une "comédie sexuelle" centrée sur le désir.

"Bird" d'Andrea Arnold:

Double actualité pour la cinéaste britannique. Réputée pour dynamiter les films sociaux, elle recevra le Carrosse d'or, sacrant chaque année à Cannes un réalisateur/réalisatrice faisant preuve d'audace et d'innovation. Et Andrea Arnold présentera son nouvel opus porté par le duo Barry Keoghan et Franz Rogowski.

"Emilia Perez" de Jacques Audiard:

Palme d'or en 2015, le Français revient avec un film au croisement du polar et de la comédie musicale sur fond de narcotrafic au Mexique, avec un casting cinq étoiles porté par Selena Gomez et Zoe Saldaña.

"Anora" de Sean Baker:

Figure du cinéma indépendant, le réalisateur américain de "The Florida Project" suit le parcours d'une travailleuse du sexe entre New York et Las Vegas.

"Megalopolis" de Francis Ford Coppola:

Les épithètes manquent pour ce film, peut-être le plus attendu de la compétition, au budget de 100 millions de dollars, autour de la destruction et reconstruction d'une mégalopole. Avec Adam Driver.

"Les linceuls" de David Cronenberg:

Le roi du gore viscéral imagine un système permettant aux vivants de se connecter à leurs disparus dans un film sur la perte des êtres chers, avec Vincent Cassel et Diane Kruger.

"The Substance" de Coralie Fargeat:

La Française qui avait réalisé le bien nommé "Revenge" en 2018 orchestre le retour au premier plan de Demi Moore pour un film gore assumé, avec beaucoup de sang sur l'écran, nous promet-on.

"Grand tour" de Miguel Gomes:

Le Portugais, réalisateur de "Tabou" en 2012, imagine un fonctionnaire britannique installé en Birmanie en 1917, délaissant sa fiancée pour partir faire un "grand tour" de l'Asie.

"Marcello Mio" de Christophe Honoré:

Marcello Mastroianni (disparu en 1996, dont on fête le 100e anniversaire de la naissance cette année) évoqué à travers sa fille Chiara, aux côtés de sa mère Catherine Deneuve et de ses proches, Benjamin Biolay et Melvil Poupaud.

"Caught By The Tides" de Jia Zhang-Ke:

Le maître chinois livre une épopée filmique inédite qui traverse tous ses films et vingt-cinq ans d'histoire d'un pays en pleine mutation, avec sa muse et épouse à la ville, Zhao Tao.

"All We Imagine As Light" de Payal Kapadia:

La réalisatrice filme les désirs de deux femmes en Inde, dont une infirmière de Bombay empêtrée dans un mariage arrangé.

"Kind of Kindness" de Yórgos Lanthimos:

Le réalisateur grec retrouve son actrice fétiche Emma Stone, auréolée d'un deuxième Oscar pour "Pauvres créatures". Elle incarne une femme ne revenant pas tout à fait la même d'une disparition en mer.

"L'amour ouf" de Gilles Lellouche:

Après le succès du "Grand bain", présenté hors compétition, l'acteur français conte l'épopée amoureuse d'un couple insubmersible qui se rencontre au lycée, incarné par François Civil et Adèle Exarchopoulos.

"Diamant brut" d'Agathe Riedinger:

Premier film de la Française, sur les rêves et utopies d'une adolescente sous le soleil poussiéreux de Fréjus (sud de la France), perdue dans les méandres des réseaux sociaux.

"Oh Canada" de Paul Schrader:

Uma Thurman et Richard Gere au coeur d'un film adapté d'un livre de Russell Banks. Un célèbre documentariste canadien, condamné par la maladie, accorde une ultime interview à l'un de ses anciens élèves, pour dire enfin toute la vérité sur ce qu'a été sa vie. Une confession filmée sous les yeux de sa dernière épouse.

"Limonov, la ballade d'Eddie" de Kirill Serebrennikov:

Après "La femme de Tchaïkovski", le cinéaste russe en exil s'intéresse à l'écrivain et dissident politique russe Edouard Limonov, incarné par Ben Whishaw dans une adaptation du roman d'Emmanuel Carrère.

"Parthenope" de Paolo Sorrentino:

Le réalisateur de "La Grande Belleza" filme les amours impossibles d'une jeune femme avec, comme décor, Naples, "ville qui ensorcelle, enchante, hurle, rit et peut nous faire mal", selon le synopsis.

"The Girl With The Needle" de Magnus Von Horn:

Un film d'époque sur l'histoire de Dagmar Overbye qui a assassiné des dizaines de nourrissons à Copenhague dans les années 1910 et a été condamnée à la prison à vie. Par le réalisateur suédois de "Sweat" (2020).

"Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde" d'Emmanuel Parvu:

Adi, 17 ans, passe l’été dans son village natal niché dans le delta du Danube. Un soir, il est violemment agressé dans la rue. Le lendemain, son monde est entièrement bouleversé. Ses parents ne le regardent plus comme avant et l’apparente quiétude du village commence à se fissurer.

"La plus précieuse des marchandises" de Michel Hazanavicius:

Une première tentative dans le cinéma d'animation pour le réalisateur très éclectique de "The Artist". Adapté d'une pièce de Jean-Claude Grumberg, le film évoque le souvenir de la Shoah et le sort d'un enfant juif qui échappe miraculeusement à la déportation vers le camp d'extermination nazi d'Auschwitz.

"Les graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof:

On ne connaît pas exactement l'intrigue de ce film. Réalisé dans le secret et sans autorisation des autorités iraniennes, le film pourrait aborder des thématiques liées à la répression du régime iranien et à la lutte pour la liberté.

Retour sur la précédente édition

"Anatomie d'une chute" de Justine Triet a remporté la Palme d'or 2023

En 2023, c'est la Française Justine Triet qui a remporté la Palme d'or du 76e Festival de Cannes pour "Anatomie d'une chute", devenant la troisième réalisatrice sacrée de l'histoire du Festival. La cinéaste de 44 ans a ainsi succédé à Jane Campion ("La leçon de piano", 1993) et Julia Ducournau ("Titane", 2021), confirmant le lent mouvement vers l'égalité dans une industrie du cinéma historiquement dominée par les hommes.

Justine Triet remporte la Palme d'or du Festival de Cannes pour "Anatomie d'une chute". Elle devient la troisième femme à obtenir cette distinction. [AFP - Christophe Simon]
Justine Triet remporte la Palme d'or du Festival de Cannes pour "Anatomie d'une chute". Elle devient la troisième femme à obtenir cette distinction. [AFP - Christophe Simon]

Le film raconte le procès d'une veuve (Sandra Hüller) accusée aux assises d'avoir tué son mari. L'occasion de disséquer les dynamiques de pouvoir au sein d'un couple d'artistes aisés et d'exposer les préjugés sociaux auxquels se heurtent les femmes indépendantes.

>> A lire, notre dossier RTS Culture consacré au suivi de l'édition 2023 du Festival de Cannes : "Anatomie d'une chute" de Justine Triet décroche la Palme d'or