"Journal de ma tête", un film d'Ursula Meier. [RTS]
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"Journal de ma tête", un film de la collection "Ondes de choc" réalisé par Ursula Meier

"Ondes de choc", quatre films destinés à la télévision par quatre cinéastes suisses. Quatre voyages, dont le point de départ est un fait divers réel survenu en Suisse, et dont la ligne d’arrivée se confond avec celle de l’imaginaire. Pour "Journal de ma tête", Ursula Meier s'est inspirée de l'histoire vraie d'un double parricide. A voir sur RTS Un le 4 avril 2018 à 20h10.

Le synopsis

Un double parricide inspiré d'un fait réel

Journal de ma tête

Quelques minutes avant d’abattre froidement son père et sa mère, Benjamin Feller, un jeune homme de 18 ans apparemment sans histoire, envoie par la poste à sa professeure de français son journal intime dans lequel il confesse et explique son double meurtre. L’enseignante se retrouve interrogée par la justice, puis bientôt confrontée à ses propres doutes. Et si son goût pour une littérature hantée par les tourments de l’âme humaine l’avait rendue aveugle sur la détresse de son élève, et sur ce qui se cachait derrière la prose fiévreuse qu’il lui avait fait lire bien avant son crime?

Kacey Mottet Klein dans "Journal de ma tête", un film d'Ursula Meier issu de la collection "Ondes de choc". [Capture d'éc]

La note d'intention d'Ursula Meier

"Le déraillement de l’âme, même s’il fait terriblement peur, fait aussi partie de l’humanité, qu’on le veuille ou non"

Quelques minutes avant d’abattre froidement ses parents, un jeune homme de 18 ans apparemment sans histoire envoie par la poste à sa professeure de français son journal intime dans lequel il confesse son double meurtre.

Une scène de "Journal de ma tête", un film d'Ursula Meier issu de la collection "Ondes de choc". [RTS - Capture d'écran]

L’accès par les mots à cette vie intérieure laisse avant tout entrevoir une immense solitude et une terrible souffrance psychique. Un tel acte de folie reste au fond inexplicable. On peut chercher, analyser, accuser la professeure de français d’avoir été aveugle devant la prose fiévreuse que son élève lui avait fait lire bien avant son crime, invoquer l’adolescence, période si fragile de l’existence… On se retrouve face au vide: rien en apparence ne permet d’expliquer un tel acte. Donner du sens aux choses est bien ce qui nous fait rester en vie mais le déraillement de l’âme, même s’il fait terriblement peur, fait aussi partie de l’humanité, qu’on le veuille ou non.

Une scène de "Journal de ma tête", un film d'Ursula Meier issu de la collection "Ondes de choc". [RTS - Jay LOUVION]

Un film construit autour d’une tête en train de dérailler. Voilà le postulat de départ de Journal de ma tête. Sur le mur face à mon bureau, des reproductions du peintre Michaël Borremans m’ont accompagnée dans le processus d’écriture. Mon regard se portait sans cesse sur les deux peintures de cet artiste flamand passionnant que je venais à peine de découvrir: l’une où l’on voit de dos la tête et la nuque d’un jeune homme en t-shirt blanc et la seconde deux mains comme présentées aux spectateurs recouvertes l’une de peinture rouge et l’autre de peinture verte.

Il ne s’agissait en aucun cas de reproduire ces images lors du tournage, mais elles ont travaillé si profondément en moi que je me suis surprise lors du montage à les redécouvrir au milieu des rushes. Entre autres à un moment charnière du film lorsque le jeune homme, en prison, se fracasse la tête contre sa cellule. Il regarde ses mains recouvertes de sang: ce n’est plus son sang qu’il voit mais celui de ses parents qu’il aura à tout jamais sur les mains. Et c’est bien à cet instant précis que le personnage se souvient pour la première fois de son acte, jusqu’alors totalement effacé de sa mémoire, tel un trou noir mental.

>> À voir, l'interview d'Ursula Meier, qui répond aux questions d'Esther Mamarbachi :

"Journal de ma tête", de la collection "Ondes de choc" - Interview d'Ursula Meier
"Journal de ma tête", de la collection "Ondes de choc" - Interview d'Ursula Meier / RTS en vidéo / 4 min. / le 15 mars 2018

Le casting

Avec Fanny Ardant et Kacey Mottet-Klein

Avec Fanny Ardant, Kacey Mottet-Klein, Jean-Philippe Ecoffey, Stéphanie Blanchoud, Carlo Brandt, Jean-Quentin Châtelain

Fiche technique

Un film réalisé par Ursula Meier

Diffusion 4 avril à 20h10 sur RTS Un

Durée 70 minutes

Réalisation Ursula Meier

Scénario Antoine Jaccoud et Ursula Meier

Image Jeanne Lapoirie

Montage Nelly Quettier

Son Patrick Becker, Etienne Curchod

Musique Keegan De Witt

Décors Ivan Niclass

Costumes Anna Van Brée

Une coproduction RTS, Bande à part et Arte

Avec la participation de Cinéforom, TPF-FPT, l'OFC, EBU TV et TV5 Monde

Une coproduction BANDE À PART FILMS, RTS RADIO TÉLÉVISION SUISSE, SRG SSR, ARTE G.E.I.E.

Avec la participation de FONDS DE PRODUCTION TÉLÉVISUELLE (TPF-FPT), CINÉFOROM et le soutien de la LOTERIE ROMANDE, L’OFFICE FÉDÉRAL DE LA CULTURE (OFC) / MEDIA DESK SUISSE, EBU TV DEVELOPMENT FUND, TV5 MONDE

Brève biographie d'Ursula Meier

"Home", "L'enfant d'en haut"

Ursula Meier étudie le cinéma à l’IAD en Belgique. Le succès de ses courts métrages et documentaires lui vaut une reconnaissance élargie. Elle est alors choisie pour participer à la collection de téléfilms Arte Masculin/Féminin et réalise Des épaules solides qui fait le tour du monde des festivals. En 2008, elle réalise "Home" qui est sélectionné au Festival de Cannes et obtient de nombreuses distinctions et nominations à travers le monde (dont trois aux Césars). En 2012, elle réalise "L’Enfant d’en haut" qui reçoit un Ours d'Argent-Prix Spécial au Festival du Film de Berlin. Le film est nominé aux Independant Spirit Awards et Kacey Mottet-Klein aux Césars. Le film obtient, tout comme "Home" en 2010, trois Prix du Cinéma suisse dont celui du Meilleur film et représente à nouveau la Suisse aux Oscars.

À découvrir

"Sirius", "Prénom: Mathieu" et "La Vallée"

Pour en savoir plus sur les trois autres films de la collection "Ondes de choc", lire "Ondes de choc", une collection de quatre films inspirés par des faits divers survenus en Suisse