Yann Marti touche le Graal

Il n'aura jamais le service ni le coup droit de Marc Rosset. Mais Yann Marti partage deux points communs avec le Champion olympique de Barcelone: un tempérament volcanique et l'art de retourner parfois des situations impossibles.

Sa victoire au premier tour du Suisse Open de Gstaad ne peut pas laisser son aîné indifférent. Il est revenu vraiment de nulle part face à l'Espagnol Daniel Gimeno-Traver (ATP 89). Le joueur de Venthône s'est finalement imposé 5-7 7-6 (9/7) 7-6 (7/5) dans cette partie interrompue la veille par l'obscurité à 5-5 au 3e set.

Lundi, Marti, qui avait été mené 5-3 au 2e set et 4-1 au 3e, avait dû sauver 3 balles de match. Mardi, il a dû écarter ses... 22e et 23e balles de break de la partie sur son jeu de service à 5-5. Après avoir laissé filer à son tour 2 balles de match à 6-5, il forçait enfin la décision au jeu décisif sur deux derniers points de toute beauté, un revers croisé imparable à 5/5 et une volée basse gagnante à 6/5. Pas mal pour un joueur qui venait de jeter une dernière fois sa raquette à terre de rage...

"Cela m'a fait le plus grand bien de la jeter, confesse-t-il. J'ai pu évacuer la pression. Et après, j'ai conclu sur deux coups que je travaille sans relâche à l'entraînement".

Le Valaisan a tenu à remercier ses parents pour leur soutien indéfectible. Longtemps blessé, il s'était retrouvé au-delà de la 1000e place au classement ATP en septembre 2012. En moins de deux ans, le chemin qu'il a parcouru en allant guerroyer dans l'anonymat extrême des tournois Futures impose le respect. Aujourd'hui à 26 ans, il peut enfin nourrir l'espoir de réaliser une véritable carrière, de vivre enfin de sa passion.

"La plus belle" , et la 1ère contre un top-100

Cette victoire n'a vraiment pas de prix. Elle est la première qu'il fête à Gstaad après deux premiers tours perdus en 2010 et 2011. Elle est sa première contre un joueur classé parmi les 100 premiers de l'ATP. "C'est la plus belle bien sûr. Battre 7-6 au troisième set ici à Gstaad un Espagnol qui joue bien sur terre: je ne peux pas rêver mieux", glisse-t-il.

Elle rend, surtout, encore plus crédible l'éventualité d'une sélection en Coupe Davis. Même s'il a souvent entretenu des relations conflictuelles avec Swiss Tennis, sa présence parmi les cinq joueurs appelés à défier l'Italie en septembre à Genève devient de plus en plus légitime. Presque incontournable.

En 1/8 ce mardi, Yann Marti rencontrera un autre joueur espagnol, la tête de série no 2 Marcel Granollers (ATP 28). Même s'il a cueilli le titre à Gstaad en 2011 et s'il s'est hissé cette année en 1/8 à Roland-Garros, le Catalan ne prendra pas Yann Marti à la légère. Avec la qualité de son revers, sa malice et cette foi qui l'anime, le Valaisan peut rêver, pourquoi pas, de renverser une nouvelle montagne.

"Je suis désormais lancé, poursuit-il. Je suis en confiance. C'est cette confiance accumulée ces derniers mois qui m'a permis de gagner aujourd'hui. Je vais entrer sur le terrain avec vraiment l'espoir de m'imposer."

De l'autre côté du filet, Marcel Granollers a intérêt de se méfier de ce petit bonhomme qui ne paye pas de mine, mais qui sait sacrément bien jouer au tennis.

si/dbu