Le "roi de la lutte suisse" s'appelle Jörg Abderhalden

Jörg Abderhalden ou, plutôt - Abderhalden Jörg -, car, la
coutume veut qu'en lutte suisse, on cite toujours le nom de famille
avant le prénom, a ainsi, remporté sa 3e couronne de roi de la
lutte consécutive.

Et le Grand Chelem aussi

En 1998, il était devenu, à 19 ans, le plus jeune roi. En 2001,
à Nyon, il s'était fait battre en finale par Arnold Forrer, mais,
tant en 2004 qu'en 2007, il était à nouveau favori et il l'a
eparfaitement assumé en l'emportant tant à Lucerne, qu'à
Aarau.



Il rejoint ainsi les deux seuls autres lutteurs à la culotte à
avoir glané trois fois la couronne suprême: les Bernois Ruedi
Hunsperger (1966, 1969, 1974) et, bien plus loin de nous, Hans
Stucki (1900, 1902, 1905).



Jörg Abderhalden est même le premier lutteur de l'histoire à
réussir le Grand Chelem de la lutte suisse, à savoir remporter les
trois grands événements de lutte suisse, soit: la Fête fédérale
(2007), l'Unspunnen (1999) et le Kilchberg (2002).

Finale offensive

Jörg Abderhalden a entamé la finale - 8e et dernière passe en
deux jours - avec un 1/4 de point de retard sur son rival, Stefan
Fausch. Ce dernier aurait pu spéculer sur un "non résultat" (match
nul) pour espérer l'emporter.



Or, il courait le risque d'être détrôné par un lutteur ne
participant pas à la finale, si ce dernier obtenait un 10 pour un
tombé parfait. Stefan Fausch attaquait donc, lui aussi, ce qui nous
valut une finale de toute beauté.



Mais la classe d'Abderhalden a fait le reste. Il a battu son
adversaire par tombé à la 8e minute d'un combat prévu en quinze. Le
Toggenbourgeois - de la même région est issu le sauteur à ski Simon
Ammann - savait qu'il était "seul contre tous". En lutte, comme en
cyclisme ou dans d'autres sports, on n'aime pas les vainqueurs en
série.

Débuts fastidieux

Son début de compétition, samedi, ne fut pas des plus
prometteurs. Il faut dire que le système veut que d'emblée, les
meilleurs s'affrontent. Ainsi, Jörg Abderhalden eut affaire à
Martin Grag, l'autre grand favori du tournoi. Et, les techniciens
pensaient évidemment retrouver les deux en finales, 36 heures plus
tard.



Grab, le Schwytzois, le malmena terriblement, mais Abderhalden
s'en sortit avec un "non résultat". S'il n'a pas retrouvé Grab en
finale, c'est aussi que ce dernier a été durement touché par le
tragique incident de samedi.

La mort au rendez-vous samedi

Peter Gasser était, en effet, son
compagnon d'entraînement. Grab l'accompagna même jusqu'à
l'ambulance après son malaise. "Je croyais qu'il était sauvé. Or
après ma 4e passe de lutte, j'ai appris son décès par crise
cardiaque".



Comme le lui a demandé la famille de Gasser, Grab - et les autres
- a continué. Mais il n'était plus compétitif. Vous voyez que même
dans un sport aussi traditionnel que la lutte suisse, on obéit au
terrible adage moderne: "The show must go on!"



TSRsport.ch/Ed.Stutz