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Lucas Tramèr: "On vise la médaille d'or"

Lucas Tramèr et ses coéquipiers ont reçu le titre d'équipe de l'année en 2015. [Nick Soland]
Lucas Tramèr et ses coéquipiers ont reçu le titre d'équipe de l'année en 2015. - [Nick Soland]
Lucas Tramèr a le vent en poupe. A 26 ans, le Genevois a décroché dimanche son quatrième titre européen consécutif, le deuxième avec ses coéquipiers du quatre sans barreur poids léger. Mais pour le jeune étudiant en médecine, ces joutes ne sont qu’une étape sur le long chemin qui mène à Rio, son grand objectif cette année.

Au bout du fil, Lucas Tramèr assume ses ambitions. Il faut dire que pour son jeune âge, le rameur affiche un palmarès à faire pâlir les plus grands: quadruple champion d’Europe (2013, 2014, 2015 et 2016), triple champion du monde (2014, 2015 et 2016) et vainqueur de la Coupe du Monde (2015). Dans moins de trois mois au Brésil, Tramèr tentera de compléter sa belle collection en conquérant le titre suprême, l’or olympique.

RTSsport.ch: Dimanche à Brandenbourg, en Allemagne, vous avez gagné votre quatrième médaille d’or dans des Européens. Où vous arrêterez-vous?

LUCAS TRAMER: Le but cette année, c’est clairement les Jeux olympiques. C’est encore une autre dimension. Dimanche, nous n'avons gagné "que" les championnats d’Europe. Il y a d’autres équipages d’autres continents qui sont plus forts. Mais je ne pense pas que je vais encore enchaîner les titres européens car l’année prochaine, je vais me consacrer un peu plus à mes études.

"Mieux géré les conditions"

RTSsport.ch: Comment s’est passée la course dimanche?

LUCAS TRAMER: C’était très, très dur car les conditions météorologiques étaient extrêmes, il y avait beaucoup de vent et des vagues. En aviron, nous préférons des bacs plats et calmes, car les bateaux sont tellement fins qu’on risque de couler si les vagues sont trop grandes. Le vent était contraire et on a presque mis une minute de plus que d’habitude pour parcourir les deux kilomètres. On a su gérer les conditions mieux que les autres et on est fiers de ça.

RTSsport.ch: Au vu des conditions, est-ce que ce sacre était le plus difficile des quatre à conquérir?

LUCAS TRAMER: Non, celui de l’année passée était plus dur à gagner car on avait complètement raté notre demi-finale et on est arrivé en finale en outsiders. On a quand même réussi à gagner et c’était pour nous une surprise. Surtout que c’était la première fois que l’on gagnait à quatre. C’était une grosse victoire pour nous. Cette année, c’était différent. On défendait notre titre et on était les favoris. Si on n’avait pas gagné, on aurait été très déçu.

Le quatuor domine sa discipline. [EQ Images - Soenar Chamid]
Le quatuor domine sa discipline. [EQ Images - Soenar Chamid]

RTSsport.ch: Comment expliquez-vous votre forme actuelle?

LUCAS TRAMER: En aviron, il y a plusieurs facteurs qui entrent en compte comme les facteurs techniques, physiques et psychologiques. Mais cette année, nous avons effectué un stage d’entraînement d’un mois et demi en Nouvelle-Zélande en janvier-février. Pendant cette période, habituellement, on s’entraîne en Suisse, dans des salles de sport ou à skis de fond. On a pu profiter de bonnes conditions pour ramer et faire beaucoup de kilomètres en commun. Cela va nous servir en fin de saison quand on aura plus d’automatismes et que la synchronisation dans l’équipe sera optimale.

RTSsport.ch: Que vous a apporté votre coach Ian Wright depuis son arrivée en octobre 2014?

LUCAS TRAMER: Déjà, il a reformé notre équipage après notre séparation durant la saison 2013-2014. J’ai fait équipe avec Simon Niepmann en deux sans barreur pendant ce laps de temps C’était beau, on a tout raflé mais ce qui était un peu triste, c’est que cette catégorie n’est pas olympique. A son arrivée, Ian nous a dit que c’était très rare dans un petit pays comme la Suisse d’avoir quatre athlètes aussi forts et que c’était dommage d’être dans des équipages différents. Il nous a demandé de réessayer à quatre et les succès lui ont donné raison.

RTSsport.ch: Dans trois semaines au Rotsee pour la deuxième étape de Coupe du Monde, vous retrouverez notamment les Néo-Zélandais et les Français, absents ce week-end en Allemagne…

LUCAS TRAMER: Oui, il y aura vraiment tout le monde, on se réjouit de voir ce que l’on vaut par rapport à ces nations. L’équipage néo-zélandais nous a battu deux fois l’année passée alors on espère pendre notre revanche sur le Rotsee. On est leader de la coupe du monde et on espère gagner à Lucerne ce qui constituerait un premier succès sur un lac suisse.

"Une deuxième place à Rio serait une déception"

RTSsport.ch: En 2015, vous avez été sacrés champions d’Europe, champions du monde, vainqueurs de la Coupe du monde. Cette année, on imagine que les JO seront LE gros objectif…

LUCAS TRAMER: Oui, les JO n’ont lieu que tous les quatre ans, on serait bête de prendre cet événement à la légère. On est qualifié, on peut donc se concentrer sur ça. On se réjouit d’y être. En aviron, c’est la compétition la plus importante qui existe. Il y a quatre ans, nous étions à Londres avec le même équipage et malheureusement, on a fini cinquième alors qu’on avait de bonnes chances de médaille.

RTSsport.ch: Est-ce que cette expérience pourra vous servir pour Rio?

LUCAS TRAMER: Oui, je pense. Ce qui peut nous servir c’est qu’on part à Rio avec le même équipage qu’il y a 4 ans, ce qui est très rare dans notre discipline. On se connaît très bien, nos mouvements sont automatiques. Même dans les mauvais jours, notre équipage fonctionne. Les JO ne diffèrent pas d’une compétition mondiale. Les adversaires sont les mêmes, seule l’ambiance change. Si on arrive à rester dans notre bulle et à ne pas se laisser déconcentrer par le reste, on peut gagner.

"On a beaucoup mûri depuis Londres"

RTSsport.ch: La médaille vous y pensez?

LUCAS TRAMER: C’est un rêve de gagner les JO. Revenir avec une médaille serait phénoménal. Mais vu notre parcours et notre potentiel, on serait déçu même avec une deuxième place car on sait qu’on a les capacités pour gagner. Tout est dans nos mains. On est capable de ramener la médaille d’or.

RTSsport.ch: Qu’est-ce qui est si spécial lors des JO?

LUCAS TRAMER: C’est tout ce qu’il y a autour. On a l’impression que toute la Suisse nous regarde. On n’a pas l’habitude d’avoir les journalistes qui nous sautent dessus. On n’est pas des stars. Etre au centre de cette compétition et en faire partie, c’est spécial.

RTSsport.ch: Depuis votre cinquième place à Londres en 2012, comment jugez-vous votre progression?

LUCAS TRAMER: On a beaucoup mûri.  Avec une moyenne d’âge de 28 ans, on atteint l’âge d’or de l’aviron. Il y a quatre ans, on était les plus jeunes de tous les équipages, c’était un peu une découverte. On peut dire qu’on est arrivé à un niveau beaucoup plus élevé.

Propos recueillis par Floriane Galaud  - @FlorianeGalaud

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Tramèr: "Notre conviction fait notre force"

RTSsport.ch: Pourquoi avoir commencé l’aviron?
LUCAS TRAMER: J’ai commencé par hasard avec des amis à 13 ans. Je faisais du foot avant, j’aimais bien me dépenser physiquement. L’aviron m’a tout de suite plus car physiquement c’est dur, cela demande beaucoup d’investissement. Le talent est moins important que la détermination et le travail.

RTSsport.ch: Est-ce que vous vivez de votre sport?
LUCAS TRAMER: Oui, j’ai interrompu mes études de médecine pour le moment car on s’entraîne près de trente heures par semaines. Grâce à mes contrats de sponsoring et aux soutiens de plusieurs fondations, je peux bien en vivre.

RTSsport.ch: Qu’est-ce qui fait la force de votre équipage?
LUCAS TRAMER: L’expérience en commun car on est ensemble depuis 2010 et notre conviction. On croit en nos capacités. On a une grande confiance en nous et ça, personne ne peut nous la prendre. Chaque course que l’on gagne renforce cette confiance et cela nous rend encore plus forts.

RTSsport.ch
: En dehors des compétitions, comment vous entraînez-vous?
LUCAS TRAMER
: On est très souvent sur le lac. 90% de notre entraînement se passe sur l’eau pour travailler notre technique. On fait trois heures de musculation par semaine et de temps en temps, on pratique le vélo et le ski de fond pour limiter un peu les dégâts aux articulations, aux tendons. Sinon, en hiver, on s’entraîne sur la machine à ramer.