Malgin: "je n'affronterai pas le Canada, j'étais pourtant très motivé"

Denis Malgin (20 ans) est l'unique renfort venu de NHL dans cette équipe de Suisse cuvée 2017. Resté muet durant 4 matches, l'attaquant n'a toutefois pas encore trouvé ses marques dans ce Championnat du monde à Paris.

Mais l'avenir appartient au Soleurois d'origine russe. Celui-ci a disputé 47 matches avec Florida cette saison, récoltant 10 points, dont 6 buts. Nul doute que ce n'est qu'un début pour le joueur formé à Bienne, qui a fait ses débuts en LNA en 2014/15 avec Zurich.

Malgin fait partie des valeurs suisses montantes avec l'attaquant valaisan Nico Hischier. "J'espère qu'il sera choisi au 1er rang de la draft en NHL", dit le natif d'Olten.

"Les points finiront par arriver"

RTSsport.ch:Vous êtes toujours à la recherche de votre premier point dans ce tournoi.

DENIS MALGIN: Evidemment, je voudrais débloquer mon compteur. Je pense que j'ai bien joué durant les 3 premiers matches. Je ne me mets pas de pression, les points finiront par arriver.

RTSsport.ch:Patrick Fischer semble apprécier votre jeu défensif.

DENIS MALGIN: Euh, non... Il ne m'a pas dit la même chose! Je ne sais pas ce que je peux dire ou non aux médias. En tout cas, il est certain que je n'affronterai pas le Canada. Je serai le 13e ou 14e attaquant. C'était le match que j'attendais le plus... Le coach a pris sa décision. Je ne peux que l'accepter, même si c'est difficile. J'étais très motivé.

RTSsport.ch:Parlons de votre 1re saison en NHL. Vous attendiez-vous à y disputer autant de rencontres si rapidement?

DENIS MALGIN: Personne ne s'attendait à ce que je joue autant. Même pas vous, la presse, hein (rires)? Aucun média, ni aucun expert ne le prévoyait. Mais j'ai montré à tout le monde qu'il est possible de jouer en NHL quand on travaille fort. Ca a été un sentiment incroyable de passer la majeure partie de la saison en NHL. J'espère que je vais encore y disputer de nombreuses parties à l'avenir.

Jaromir Jagr travaille tellement dur que ça te motive encore plus

RTSsport.ch:A Florida, vous avez parfois évolué dans le même trio offensif que le légendaire Tchèque Jaromir Jagr.

DENIS MALGIN:J'ai été content de jouer avec une telle star. Bien sûr, ça te rend nerveux d'être à ses côtés. Mais c'était une superbe expérience. C'est un grand joueur mais aussi un bon coéquipier, plein d'humour. Il n'hésite pas à aider les plus jeunes. Il travaille tellement dur sur et en dehors de la glace que ça te motive encore plus. C'est incroyable de le voir encore jouer en NHL à 45 ans.

RTSsport.ch: Brillant en début de saison, vous avez connu un coup d'arrêt au moment où l'entraîneur Gerard Gallant a été limogé par les Panthers, fin novembre.

DENIS MALGIN: Gallant m'a donné un temps de jeu conséquent. Il était sympa et me faisait confiance. Mais juste après son départ, ce n'était plus la même chose. J'ai reçu un autre rôle. Je ne ne jouais plus que 6 ou 8 minutes par match. Quand tu es si peu aligné, tu touches le puck seulement deux fois par match. Tu arrives peut-être à tirer au but une fois, si tout va bien. Dans ces conditions, c'est difficile de marquer des points. En fin de saison, vu que nous n'étions pas qualifiés pour les playoff, j'ai à nouveau reçu ma chance, avec 13 à 15 minutes par partie. Je leur ai montré que je sais bien jouer au hockey, et qu'ils peuvent me faire confiance.

"Je m'attendais à ce que Matthews carbure d'entrée"

RTSsport.ch:Cette saison, vous avez revu Auston Matthews, votre ex-coéquipier à Zurich. Pensiez-vous qu'il réussirait une telle saison à Toronto?

DENIS MALGIN: Oui, je m'y attendais. Il dominait la LNA. Je suis content qu'il ait pu marquer 40 buts dès sa 1re saison en NHL. Je l'ai affronté à plusieurs reprises avec Florida. C'étaient de bons moments. A Zurich, on faisait beaucoup de choses ensemble la saison passée, en dehors de la glace.

RTSsport.ch:Et les autres Suisses de NHL? Etes-vous en contact avec eux?

DENIS MALGIN: Avec Sven Andrighetto, on s'est un peu parlé sur la glace. Je n'ai encore jamais joué contre Nashville, mais je connais bien Kevin Fiala, nous étions ensemble en équipe nationale junior (réd: M18, notamment). J'avoue ne pas bien connaître les autres Suisses.

RTSsport.ch:Comment avez-vous vécu votre 1er but en NHL, le 1er novembre 2016, lors d'un revers 2-1 à domicile contre Boston?

DENIS MALGIN: C'était déjà super de jouer dans la meilleure ligue du monde. Mais marquer ce 1er but était un rêve devenu réalité, c'était incroyable. Bien sûr, juste après le match, tu ne peux pas trop pavoiser car l'équipe a perdu. Mais ça reste une des plus grandes sensations de ma vie.

"Mon père m'a tout appris"

RTSsport.ch:Vos parents vous ont-ils soutenu durant cette première année loin de chez vous?

DENIS MALGIN: Oui, et je leur en suis reconnaissant. Je parlais aussi tous les jours avec ma copine. Je ne me suis jamais senti seul. Mes parents m'ont rendu visite durant deux semaines.

RTSsport.ch:Que vous a appris votre père, Albert, ex-attaquant de Coire, de Bienne et d'Olten en LNB, notamment?

DENIS MALGIN: Tout. C'était un grand joueur, un bon centre. Je l'ai beaucoup observé. Après mes matches, on discute ensemble. Il me dit ce qui a fonctionné ou pas. Cela me fait progresser.

RTSsport.ch:Vos influences culturelles sont multiples. Vous sentez-vous plutôt Russe, ou Suisse?

DENIS MALGIN: Je parle allemand avec ma copine, russe avec ma famille. Et désormais, anglais aux Etats-Unis. Je ne sais pas: je suis juste Denis Malgin! Mais je me verrais bien habiter en Floride une fois ma carrière terminée.

De Paris, Michaël Taillard