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Passion Foot: Jean-Claude Milani

Jean-Claude Milani
Jean-Claude Milani
Genevois d’origine italienne, Jean-Claude Milani s’est imposé sur la scène du football comme un gardien de grande taille et de grand talent mais aussi comme une personnalité d’une envergure rare.

Une affirmation qui est corroborée par la trajectoire empruntée par cet Onésien au terme de sa carrière sportive. Entrepreneur, dirigeant d’entreprise, il vient de se lancer en compagnie de son épouse un défi décoiffant en créant de toute pièce un hameau en Provence, sous le massif des Alpilles, à quelques kilomètres du Moulin de Daudet. Cette réalisation architecturale exceptionnelle, destinée à fonctionner sur le mode des chambres d’hôtes, haut de gamme, surprend le visiteur. Comme le récit d’une vie à bien des égards extraordinaire.


Passion Foot: Jean-Claude Milani


Charles-André Grivet et Alain Meury


Alain Hügi (caméra)


Eric Ghersinu (son)


Mathias Klaas (montage)

Repéré à 16 ans par le Servette FC, Jean-Claude Milani est recruté par les « grenat » en 1978 alors que Peter Pazmandy dirige la plus fantastique formation de LNA des vingt dernières années. Un tour final triomphal de 10 victoires en autant de matches, montre au réserviste de Karl Engel ce qu’est un groupe professionnel performant et soudé. Jean-Claude joue d’ailleurs le dernier match de cette aventure à Bâle dans un St-Jacques médusé par la maîtrise genevoise. De son propre aveu, il a vu dès ses débuts ce qui se faisait de mieux dans notre pays. Il ne trouvera plus jamais pareil environnement. Après le départ de Karl Engel, Jean-Claude est titularisé. Une blessure à la cheville entrave une progression linéaire entretenue en collaboration avec le légendaire Francky Séchaye, le regretté gardien suisse d’avant-guerre qui a dispensé son enseignement à Erich Burgener notamment. Milani est mis en concurrence avec d’autres bons gardiens de l’époque jusqu’à l’arrivée de Burgener dans le club genevois. Comme il n’est pas question de concurrencer le meilleur portier du pays et peut-être de tous les temps, Jean-Claude se déplace de quelques kilomètres.


A La Pontaise, avec le Lausanne-Sports, Jean-Claude connaît des saisons palpitantes, des moments forts – notamment une finale de Coupe en 1984 – mais aussi des passages difficiles, le club lausannois ne disposant plus déjà des moyens suffisants pour jouer les premiers rôles dans le championnat. Il n’empêche que Jean-Claude, sélectionné 14 fois avec l’équipe nationale mais, hélas pour lui, sans jamais jouer, attire l’attention et en 1988 il tente l’aventure étrangère, dans le club formateur français par excellence, le FC Nantes. Sous la conduite de Miroslav Blazevic qu’il avait connu à Lausanne, Jean-Claude vit alors les moments les plus difficiles de sa carrière sportive, se heurtant à l’ostracisme du technicien croate et au protectionnisme des joueurs du centre de formation dans lesquels se trouvent Didier Deschamps, Christian Karembeu, Marcelle Desailly, pour ne parler que des futurs champions du monde. Jean-Claude fait une parenthèse à Neuchâtel Xamax, le temps d’un tour final pour le titre, puis retourne en Bretagne, sans plus de succès que la première fois. Cette expérience demeure un instant fort et riche pour lui, mais aussi un épisode plein de regrets.


Jean-Claude et Pascale, son épouse, se remettent de ce mauvais passage et se lancent en commun dans une aventure peu ordinaire en reprenant une entreprise de nettoyages à Genève. Comme Jean-Claude – par ailleurs excellent cavalier – ne sait pas faire les choses à moitié, l’entreprise compte bientôt 400 employés et se targue de contrats avec les entreprises les plus prestigieuses de la place. Le destin, encore une fois, attend les Milani au contour. Sous la forme insidieuse d’une maladie d’une de leurs filles – la céphalite herpétique – qui souvent ne trouve malheureusement pas de rémission. L’issue sera heureuse grâce à la mobilisation de tous les instants des Milani qui préfèrent lutter contre la maladie de leur fille plutôt que de continuer à diriger une entreprise pourtant rentable.


Amoureux de la Provence depuis toujours, Jean-Claude songe alors à s’établir dans cette région où il peut retrouver les chevaux qu’il aime et une architecture qui lui réchauffe le cœur. Il cherche une maison à acheter mais ne trouve qu’un terrain, aux pieds des Alpilles. Son esprit d’entreprise, son inventivité, les moments de folie créatrice vécus avec son épouse aboutissent au début de 2004 à une réalisation qui défie l’imaginationn de tous les visiteurs. Dans quelques mois, le détour chez Milani au Paradou, à dix kilomètres de Saint-Rémy-de-Provence sera un passage obligé, une marque de distinction. Passion Foot y a laissé ses caméras et ses micros durant deux jours.


Alain Meury, tsr.sport


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