Le street art a-t-il perdu son âme?

La rue est la toile des artistes de Street art. Cʹest cet espace qui définit les contours de leurs œuvres. YGREK est un artiste urbain de Genève. Dʹabord graffeur, il a aujourdʹhui développé son propre style qui consiste à scotcher son nom dʹartiste sur des clôtures. Discret, YGREK pose sa marque illégalement, la nuit, à Genève. Des œuvres originales et éphémères conçues pour être vues par le plus de monde possible. Alors quoi de mieux quʹun grillage à proximité dʹune entrée dʹautoroute?

Ygrek

Le terrain de jeu des artistes urbains est par définition la rue. Or des lois protègent les murs des détériorations. Des brigades anti-graffitis veillent dans la plupart des cantons et les policiers mènent des enquêtes pour retrouver les artistes accusés de dommage à la propriété. Et les amendes peuvent être salées, surtout lorsque les graffeurs sʹattaquent à ce quʹils perçoivent comme la plus belle toile: les wagons et les trains.

Swox

Investir la rue, cʹest lʹessence même du Street art. Mais pour vivre de son art, est-il obligatoire que les artistes urbains quittent le pavé? Tones est un artiste genevois qui baigne dans le milieu du graffiti depuis plus de 15 ans. Sa carrière a suivi toutes les étapes: du graffeur tâtonnant à la reconnaissance de ses pairs, jusquʹà la consécration: un mandat de Nike aux États-Unis. Aujourdʹhui Tones est un artiste reconnu qui vit de ses graffiti en alternant les mandats publics et privés. Pourtant, il continue à peindre dans la rue, berceau de son art.

Tones

Le Street art est un des secteurs les plus dynamiques sur le marché de lʹart contemporain. Les acheteurs sʹarrachent les œuvres de Banksy, Sheppard Fairey ou Invader pour des milliers de francs, voire des millions. Ces œuvres attirent un public jeune, friqué, branché, urbain. Mais comment leur prix est-il fixé? Ne perdent-elles pas leur valeur lorsquʹelles sont arrachées à la rue? Que pensent les artistes de cette reconnaissance nouvelle et de lʹinflation de la valeur de leur travail?

Speedy Graphito

Des visites touristiques du patrimoine dʹart urbain sont désormais organisées dans plusieurs villes européennes. Mais comment est-il possible de connaître lʹhistoire de ces œuvres? Cette récupération touristique se fait-elle sur le dos des artistes? Les écoles dʹart suivent la tendance et enseignent désormais le Street art dès le plus jeune âge. Mais peut-on enseigner lʹart de rue? Ne faut-il pas prendre des risques et faire ses armes sur le terrain pour se prétendre artiste urbain?

Urban art Academy Martigny