Exils
Présentation du projet en vidéo
Retour dans la "Jungle" de Calais... Avant d'apprendre - huit mois après l'opération - que Nayef a enfin réussi à passer en Angleterre
Trois mois après l'opération Exils, notre journaliste Nicolae Schiau a retrouvé Nayef, un des jeunes syriens dont il avait suivi le parcours, dans la "Jungle" de Calais.
Alors qu'une partie du camp est en voie de démantèlement, les conditions de vie sont toujours très difficiles. Depuis un mois, Nayef a ce qu'il appelle une maison. C'est-à-dire un petit cabanon qu'il partage avec trois compatriotes. A l’intérieur il y a des lits de camps et un réchaud. C’est sommaire mais tout autre chose que lorsqu'il vivait dans sa tente en toile... (lire: L'opération Exils retourne dans la "Jungle" de Calais)
>> Le compte-rendu du retour à Calais et les retrouvailles avec Nayef
Enfin huit mois après l'opération, bonne nouvelle pour Nayef qui a réussi à passer en Grande-Bretagne. Après avoir tout vécu dans la jungle de Calais - le froid, la faim, les excréments, les bagarres et les arrestations - le jeune Syrien n'a pourtant jamais baissé les bras et, après un nombre incalculable d'échecs, a réussi à passer de l'autre côté de la Manche le 9 mai dernier. (lire: Huit mois après l'opération Exils, Nayef est arrivé en Angleterre)
>> Nayef a rejoint l'Angleterre
Exils sur Twitter
Le fil Twitter de notre correspondant pour suivre en direct les derniers événements de l'opération:
Le récapitulatif chronologique sur les réseaux sociaux:
Le parcours documenté de notre reporter
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La carte du parcours
Suivi de l'opération: l'avenir des jeunes syriens toujours flou
Un mois après la fin du voyage, Nicolae Schiau est toujours en contact avec les migrants les plus âgés qu'il avait accompagné depuis la Turquie. Nayef est toujours à Calais, tandis que Jamal et ses acolytes ont décidé de quitter Nordhorn.
>> Les explications de notre reporter:
Fin de l'opération Exils dans la jungle de Calais, en France
Après 3 semaines sur la trace des migrants, Nicolae se trouve finalement à Calais, en France, avec Nayef qui souhaite rejoindre l'Angleterre. Mais la "jungle" de Calais et les obstacles à franchir pour traverser le tunnel de la Manche apparaissent comme infranchissable.
>> Dans la "jungle" de Calais, le compte-rendu:
>> A lire également: La "jungle" de Calais: "un bidonville... avec des endroits chaleureux"
>> Le point dans Forum sur l'opération Exils:
Le parcours documenté de Nicolae Schiau s'achève ainsi sur cette dernière étape. Nayef est pour le moment bloqué dans cette "jungle" et espère franchir le tunnel de la Manche. Il évalue également la possibilité de faire appel aux coûteux services d'un passeur (4000 livres sterling pour traverser, soit près de 6000 francs suisses).
Calais apparaît donc pour le moment comme une barrière infranchissable après 6000 kilomètres parcourus. Mais Nayef l'a promis: il va continuer chaque jour de tenter sa chance pour pouvoir un jour arriver à bon port en Angleterre.
>> Le dernier épisode d'exils dans l'émission Tout un monde:
>> Lire aussi: La fin du voyage d'Exils: le point sur le destin des migrants accompagnés
... Un dernier mot pour préciser que si le voyage s'arrête, la rédaction restera toutefois en contact avec ces exilés syriens pour prendre de leurs nouvelles et en rendre compte...
L'arrivée au nord de l'Allemagne et la fin de parcours pour 4 des 6 Syriens
A leur arrivée à Passau, en Allemagne, après une dizaine d'heures de train, les migrants sont priés de monter dans un nouveau convoi, vers une destination inconnue, peut-être Hambourg, peut-être Hanovre, peut-être ailleurs. Nayef, qui veut se rendre en Angleterre, quitte le groupe direction Calais.
Une nuit d'enfer
Cette première nuit en Allemagne aurait pu être de joies et de soulagements, relève notre reporter. En fait, ce sera la pire du voyage: les migrants, beaucoup trop nombreux, doivent dormir à même le sol, comme en témoignent ces images.
A l'approche de l'Allemagne, les langues s'étaient quelque peu déliées. Jamal, l'un des six membres du groupe de Syriens suivis par notre reporter, s'est confié. Il a expliqué pourquoi il avait fui la Syrie pour l'Europe.
Les pays voisins sont devenus les ennemis des Syriens, alors que nous les avions accueillis dans le passé.
>> Le récit du voyage de Klagenfurt à Hanovre:
Deux semaines de la Turquie à l'Allemagne
Les cinq membres du groupe sont désormais à Nordhorn, à la frontière des Pays-Bas, plus de deux semaines après le départ de la frontière turco-syrienne. Et c'est finalement dans cette localité allemande que la route va s'arrêter pour quatre d'entre eux qui acceptent la proposition d'intégration par les autorités. Nayef étant déjà parti vers l'Angleterre, seul K., 13 ans, poursuit sa route vers la Suède.
Les retrouvailles en Autriche, l'attente, puis le départ en Allemagne
Enfin des nouvelles des jeunes migrants syriens. Ces derniers, en Autriche, ont trouvé une connexion internet pour transmettre leur localisation à notre reporter qui s'affaire à les rejoindre le plus rapidement possible depuis la Hongrie. Il les retrouve à Klagenfurt.
Après avoir traversé 3 frontières en 24 heures, l'Autriche marque par contre une halte. Le flux de migrants étant trop important ers l'Allemagne, personne n'a quitté le camp depuis 2 jours.
L'attente d'un côté… et l'heure aux grandes questions de l'autre. Car s'ils étaient déterminés à rejoindre l'Allemagne lorsque je le ai rencontrés, 4 des 6 jeunes migrants semblent avoir de grands doutes sur la destination à choisir.
>> Le récit de l'arrivée, puis l'attente à Klagenfurt
La Hongrie
Nicolae, alors qu'il est à la frontière entre la Croatie et la Hongrie, est toujours sans contact avec les migrants qu'il accompagne depuis la Turquie:
Arrivé en Hongrie, notre reporter constate que la police et l'armée empêchent d'accompagner les exilés et d'entrer en contact:
Serbie et Croatie
Entré dans le camp de Presovo, dont les conditions sont comparables à celui de Mytilène, Nicolae apprend que le groupe de jeunes migrants est parti en bus vers la Croatie. Il part sur leurs traces, pour un trajet routier à travers la Serbie censé durer 7 heures. Il y rencontre Hassan, qui rêve d'Angleterre... et de Suisse.
Pour la Suisse, c'est tellement dur d'avoir un statut de réfugié, que j'ai abandonné ce rêve.
>> Le récit du 8e jour d'Exils et l'interview d'Hassan:
Nicolae traverse ensuite la Croatie où la police procède à de multiples contrôles. Des journalistes croates lui viennent en aide pour qu'il poursuive sa route vers la Hongrie.
Je réalise à ce moment que l'on va découvrir que je ne suis pas migrant et que je viens de passer une frontière illégalement. Heureusement pour moi, un camion de télévision est sur place. Ce sont des journalistes croates qui acceptent de me cacher.
>> Le récit du parcours jusqu'à la Hongrie, puis l'Autriche:
Un récit au cours duquel notre reporter raconte également son arrivée en Hongrie, où il constate que les migrants sont immédiatement placés dans des trains, sans contact possible avec l'extérieur. Avant le départ du convoi, des bénévoles lancent des vivres par les vitres...
Enfin, il y a cet enfant. Pendant que les adultes crient et que les bénévoles lancent les vivres, lui, dessine un cœur sur la vitre embuée. Puis me fait signe de la main. La scène dure 5 secondes... Une éternité.
La traversée de la Macédoine
Après avoir rejoint les jeunes Syriens à Athènes, Nicolae embarque avec eux dans un car qui doit traverser la Grèce, la Macédoine et la Serbie (direction la Croatie). Mais arrivé à la frontière macédonienne, Nicolae est obligé de sortir du bus pour franchir la frontière à pied. Les jeunes iront pour leur part dans un camp dans lequel ils prendront un train spécial.
Nicolae parviendra finalement à prendre un train pour également poursuivre la route et tenter de rejoindre les jeunes Syriens.
N'ayons pas peur des mots: c’est une bétaillère. Les enfants, les femmes et les personnes agées sont entassés dans les compartiments. Les adultes restent debout dans les corridors. Le taux d'humidité doit être de 90%. Une mère insiste pour me faire toucher le dos de son bébé... il est trempé. Enfin il y a cette odeur d'urine, incrustée dans la peau. Les toilettes de ce train n'avaient sans doute pas été nettoyées depuis l'ère communiste.
>> Le récit de la traversée de la Macédoine et l'arrivée en Serbie:
Le trajet en vidéos
L'arrivée à la frontière entre la Macédoine et la Serbie:
Nicolae a également rencontré Raheem dans le train à travers la Macédoine. Ce jeune migrant afghan raconte les difficultés du trajet vers l'Europe et ses aspirations pour l'avenir.
>> L'interview de Raheem:
La traversée de la mer Egée et l'arrivée en Grèce
Les jeunes suivis par notre reporter ont cette-fois réussi la traversée. Ils avertissent Murad, tandis que Nicolae prend la direction de Lesbos pour ensuite gagner le camp de réfugiés de Mytilène:
Arrivés en Grèce, malgré l'intensification des contrôles de la police turque sur la mer, c'est l'heure de la célébration dans le camp de Mytilène. Mais l'envie de poursuivre le voyage, principalement en Allemagne reste pressante:
Les canots échoués au port de Mytilène, où le chaos a régné d'après un humanitaire de MSF:
Témoignages à Mytilène
>> Les explications sur les difficultés que rencontrent désormais les migrants pour gagner la Grèce:
Il a fallu que je montre mon passeport à de nombreuses reprises. Des contrôles étaient effectués. On sent vraiment que l'Etat turc a entrepris de mettre en oeuvre une politique internationale pour essayer de bloquer...
>> Le récit des difficultés pour les migrants pour aller en Grèce:
Un migrant livre ici son témoignage pour expliquer comment la police l'a reconduit en Turquie:
L'interview d'un médecin de Médecins sans frontières pour évoquer la situation à Mytilène:
Le contrat avec les passeurs. L'échec de la première traversée et ce qu'il en coûte aux migrants
Les jeunes Syriens suivis par Nicolae ont été interceptés par la police maritime alors qu'ils tentaient de gagner l'Europe en bateau. Murad, l'oncle de l'un de ces jeunes explique dans cette vidéo ce qu'il s'est produit. Ils retenteront leur chance un nouvelle fois:
Sur cette autre vidéo, Murad et Nicolae sont en contact direct avec un passeur par téléphone:
Le contrat entre les passeurs et les migrants ne se fait pas sans règles. Dans cette vidéo, Nicolae Schiau nous explique quelle est la procédure pour finaliser et sécuriser l'accord entre les deux parties:
Le témoignage audio d'Omar, 20 ans, parti de Damas. Il voyage notamment avec des enfants (interview en anglais):
Le coût pour les migrants
Si la voie terrestre est la plus sûre, elle est également nettement la plus chère, que ce soit entre la Turquie et la Grèce ou la Bulgarie, avec des montants d'environ 2500 euros par personne au départ d'Istanbul, le principal hub des migrations.
La voie maritime, nettement plus risquée, coûte moins cher: entre 1000 et 1100 euros, tandis que les enfants entre 3 et 10 ans paient moitié prix. Mais en fonction des conditions météorologiques, il n'est pas impossible que les prix augmentent un peu, car les places deviennent plus rares lorsque le temps se gâte.
>> Le détail de ce que paient les migrants:
A lire également: Les migrants paient jusqu'à 2500 euros pour rejoindre la Grèce
Izmir, face à la Grèce
Après Istanbul, départ pour la ville d’Izmir qui, avec Bodrum et Istanbul, est l'un des principaux lieux de passage vers la Grèce. Dès la descente du car, on remarque l'affluence dans la petite gare routière. Des migrants y dorment à même le sol. Nicolae y rencontre notamment Ahmad.
C'est à Basmané que les contrats se concluent avec les passeurs. C'est là que je fais la connaissance d'Ahmad. Il a 21 ans et vient de Lattaquié. Pour l'instant, il ne peut pas partir, il lui manque encore un peu d’argent. Mais il espère qu'un ami pourra lui avancer la somme nécessaire…
>> Le récit de l'arrivée à Izmir:
La situation dans notre pays est telle que je peux pas aller à l'université. Comme je n'ai pas le droit d'aller en Egypte, je vais en Europe... Les Européens doivent comprendre, je ne veux pas prendre leur place. Je veux compléter mes études.
Le témoignage d'Omar, qui attend d'embarquer
Depuis la côte turque, c'est la Mer Egée qui attend les migrants avec - en face - les îles grecques. Ils paient des fortunes pour cette courte traversée alors qu'un bateau de ligne propose aux touristes et autres voyageurs le voyage vers Lesbos pour 25 euros…
Avant d'embarquer, notre envoyé spécial nous transmet le témoignage d'Omar, 20 ans, originaire de Damas, qui attendait à Izmir d'embarquer sur un bateau pneumatique pour traverser avec sa famille.
Je voyage à la recherche d'une autre vie, sans tueries. Nous avons besoin de liberté, de sauver notre vie. Nous n'avons peur de rien. Nous avons expérimenté tous les dangers en Syrie.
>> L'interview d'Omar:
Istanbul et la rencontre avec Murad
Après son arrivée à Istanbul en compagnie de jeunes migrants syriens, notre reporter rencontre l'oncle de ces derniers, Murad, 32 ans, qui est installé depuis 3 ans dans la métropole turque. Ce dernier décide de lui montrer la ville, en particulier le quartier Aksaray, tandis que ses neveux embarquent avec des passeurs.
Murad souhaite m'emmener place Askaray, véritable marché ouvert de tous les trafics où les candidats à la traversée attendent que leurs passeurs viennent les récupérer…
>> Le récit de la rencontre avec Murad:
C'est à Kilis, à la frontière entre la Turquie et la Syrie, que notre reporter rencontre les migrants dont il va suivre le parcours
Exils entame son périple documenté à Kilis, une bourgade du sud de la Turquie. Avec un passage près du poste frontière d'Oncupinar et son camp de migrants qui peut accueillir jusqu'à 14'000 personnes.
Dans les rues, la plupart des enseignes sont écrites en arabe. La ville est devenue bilingue avec le temps.
>> Le résumé de cette première journée:
Après Kilis, Istanbul en compagnie de jeunes syriens rencontrés à la gare routière. Une décision prise rapidement qui conduit - 3 minutes plus tard - à un trajet en bus de 17 heures quasiment non stop et en silence, où tout est fait pour détrousser les exilés.
Je vais donc à la rencontre de ces jeunes. Ils viennent juste de se réveiller et ont passé la nuit sur place. Ils sont de Raqqa, viennent d’arriver la veille de Syrie et partent dans 5 minutes… pour Istanbul.
>> Le récit de Kilis à Istanbul:
Vous voulez récupérer un objet dans votre valise ? Vous payez. Vous voulez aller aux toilettes? Vous payez...
Crédits
Journaliste (audios, vidéos, réseaux sociaux): Nicolae Schiau
Timelapse vidéo: Teleport, Lausanne
Réalisation web: Jérôme Zimmermann
Support réseaux sociaux: Magali Philip, Eric Butticaz
RTSinfo 2015