Plus de 145'000 cinéphiles à Locarno, fréquentation en hausse

Avec une hausse du nombre de spectateurs de 14,3% par rapport à 2022, le Festival du film de Locarno a réussi à tirer son épingle du jeu. Le président sortant Marco Solari quitte ainsi un festival qui semble en bonne forme.

Les projections ont attiré un total de 146'930 spectatrices et spectateurs, dont 86'530 dans les salles de cinéma et 60'400 sur la Piazza Grande, a indiqué le Festival dimanche dans un communiqué. "Avant de quitter mes fonctions, je m’étais fixé pour objectif de renforcer le rayonnement du Festival", a déclaré Marco Solari dans le communiqué. "Les résultats avec cette 76e édition, fruit d'un travail d'équipe considérable, confirment que Locarno occupe une position de plus en plus stratégique pour l'industrie du cinéma."

Le Festival de Locarno suit le mouvement, notamment initié par la Berlinale, de "dégenrer" les prix d'interprétation. Il en a remis samedi à deux actrices: la Grecque Dimitra Vlagopoulou dans "Animal" et la Néerlandaise Renée Soutendijk pour "Sweet Dreams".

Dans "Animal" de la réalisatrice grecque Sofia Exarchou, Dimitra Vlagopoulou y incarne Kalia, une animatrice de vacances dans une station balnéaire. Elle s'offre en pâture à la concupiscence des touristes ivres, cachant la tristesse et la souffrance physique sous le maquillage.

La réalisatrice ne s'arrête pas à un commentaire social ou à une condamnation du tourisme et de ses variantes capitalistes. Elle raconte plutôt l'histoire d'une femme, Kalia, dans le déni, "faible et coincée" dans un piège qu'elle s'est construit elle-même, soi-disant pour réaliser son rêve de faire des spectacles, alors que ceux-ci l'ont justement privée de cela: ses rêves.

Actrice fétiche de Paul Verhoeven

Renée Soutendijk, 66 ans, a été l'actrice fétiche de Paul Verhoeven dans les années 80. Dans "Sweet Dreams" de la réalisatrice bosniaque de 37 ans, installée à Amsterdam, Ena Sendijarevi, elle endosse l'habit d'Agathe, la femme de Jan, propriétaire hollandais d'une plantation de sucre.

Lorsque Jan meurt brusquement, la matriarche veut à tout prix conserver son statut et fait venir son fils d'Europe. Mais lorsque le testament de Jan place sa concubine indonésienne, Siti, à la tête de la propriété familiale - et qui a un enfant illégitime avec Jan -, le ton monte et la violence surgit.

Le film "Mantagheye Bohrani" (Critical Zone) du réalisateur iranien Ali Ahmadzadeh a remporté samedi le Léopard d'Or de la 76e édition du Festival du film de Locarno. Le réalisateur de 37 ans n'a pas pu quitter l'Iran pour venir présenter son film à Locarno.

"Tourner ce film était un acte de rébellion. Le fait que les gens le voient est une victoire encore plus grande pour nous", explique le réalisateur Ali Ahmadzadeh, à la revue de cinéma en ligne "Cineuropa", et dont les films ont été interdits dans son pays par le régime.

Le troisième film du réalisateur

Dans "Critical Zone", le personnage principal, un trafiquant de drogue, circule en voiture de nuit dans Téhéran. Au détour de ses livraisons, on croise une hôtesse de l'air devenue passeuse, une mère qui tente de sauver son fils drogué ou un groupe de travailleurs du sexe transgenres.

>> Le commentaire de Julie Evard dans le 19h30 :

"Critical Zone", le troisième long métrage du réalisateur iranien, tourné clandestinement dans les rues de Téhéran, suit les traces de ses prédécesseurs : "Kami's Party" (Tallinn 2013) et "Atomic Heart" (Berlinale 2015).

>> Écouter aussi la réaction de Vincent Adatte, journaliste cinéma pour ArcInfo :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Italie, 1989. Zena Randazzi a 16 ans. Fille dʹune grande famille bourgeoise italienne, elle avoue candidement à sa mère qu'elle a empoisonné Monseigneur Lombardi, un évêque présent à lʹenterrement de son grand-père. Ses parents accompagnent Zena à la Villa Bianca, une clinique qui s'efforce de rendre normaux les enfants en difficulté issus de familles aisées. Elle y rencontre Alfonso, Adriano et Marzia, tous en rééducation.

"C'est un film qui se situe au croisement des genres. J'avais envie de traiter mes personnes de façon différente et chaque genre ressemble au personnage traité. La vie de Marzia, par exemple, tout comme sa famille, est comme une série Z. J'avais envie de traiter son histoire comme la vie qu'elle vit, comme un film grotesque", détaille Annarita Zambrano.

>> A écouter, l'interview de la réalisatrice Annarita Zambrano :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Née au Danemark, Marianne Slot est une productrice française spécialisée dans le cinéma d'auteur international. Elle est notamment la co-productrice de tous les films de Lars von Trier depuis 1998. Le Festival du Film de Locarno lʹa honorée dʹun Raimondo Rezzonico Award pour lʹensemble de sa carrière.

"Il faut être complétement fou pour faire ce métier. Chaque fois c'est un énorme risque, on se demande si l'on va survivre. On joue avec très peu d'argent, on joue plutôt avec notre existence car pour le cinéma d'auteur d'aujourd'hui, l'argent est très restreint. Pour nous, l'enjeu est toujours de mettre tout l'argent sur l'écran", explique-t-elle.

>> A écouter, l'interview de Marianne Slot, dans lequel elle raconte son parcours et les difficultés dʹêtre une productrice indépendante aujourdʹhui :

Keystone - Sebastien Nogier

Alexis Manenti est avec Ladj Ly le co-auteur du scénario du film "Les misérables", dans lequel il joue également et pour lequel il a reçu un César du meilleur espoir masculin.

Au festival de Locarno, il présente "Les gardiens de la formule", un film serbe de Dragan Bjelogrlić. Inspiré dʹune histoire vraie, le film raconte comment, grâce aux premières greffes de moelle osseuse réussies en 1958, un médecin français va sauver des physiciens yougoslaves, irradiés lors dʹun accident nucléaire. Alexis Manenti joue le rôle du professeur Mathé, dont les travaux vont révolutionner le traitement des cancers, entre autres.

"Ma principale source d'inspiration est mon jeune frère, cardiologue, qui a voué sa vie à la médecine par de longues études. C'est un parcours assez sacrificiel quand on est chercheur, on est souvent assez seul. Ce sont des gens qui vivent dans un autre monde", indique Alexis Menenti à la RTS.

>>  A écouter: l'interview d'Alexis Manenti dans "Vertigo"

Locarno Film Festival

Les politiciens suisses sont moins visibles sur la Piazza Grande en cette année d'élections fédérales.

Un conseiller national contacté par la RTS indique qu'"on ne renonce pas forcément au Festival, mais qu’on préfère rester discret en année électorale".

Et une personnalité proche des milieux parlementaires rappelle que les bureaux des Chambres, invitent les élus "à faire preuve du plus grand discernement et de la plus grande retenue avant d’accepter un avantage", comme des nuits d'hôtel ou des vols en avion.

>> Ecouter le sujet de Forum :

Ce film documentaire sans musique, sans commentaire et en noir et blanc nous emmène à la rencontre de jeunes clandestins qui tentent de passer en Europe via l'enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc. Sylvain George poursuit avec ce film de trois heures un travail entamé avec ses précédents documentaires.

"Nuit obscure – Au revoir ici, n'importe où" est le deuxième volet d'une série documentaire sur l'immigration intitulée "Nuit obscure" dont le premier volet était présenté à Locarno en 2022. "Ce sont deux parties qui sont autonomes et qui en même temps se complètent et dialoguent entre elles", souligne le réalisateur français à la RTS.

"Mon projet au départ, est d'essayer de comprendre comment fonctionnent les politiques migratoires européennes. Évidemment, on pourrait prendre les principaux textes, mais ce qui m'intéresse c'est plutôt de comprendre via les conséquences sur le terrain", explique Sylvain George.

>>  A écouter: l'interview de Sylvain George dans "Vertigo"

Locarno Film Festival

La réalisatrice française Victoria Musiedlak a réalisé en 2018 un court-métrage intitulé "L'affaire du siècle". Pour cette comédie, elle s'est plongée dans l'univers des cabinets d'avocats et des procès-verbaux d'audition, véritable "mine d'or pour les scénaristes", confie-t-elle dans l'émission "Vertigo".

Son long-métrage "Première Affaire" présenté à Locarno n'est pas un film de procès. "Ce qui m'intéressait, quand j'ai rencontré les avocats, c'est leur fonction dans la société. Tout le monde a affaire, un jour, de près ou de loin à un avocat. Ce que je voulais, c'est accéder à cette fonction d'un point de vue intime", souligne la réalisatrice.

>> A écouter: l'interview de Noée Abita et Victoria Musiedlak dans "Vertigo" :

Locarno Film Festival

Dans "Première Affaire", Nora (Noée Abita), jeune avocate d'affaires débutante se voit confier par défaut la défense d'un jeune homme accusé de meurtre. Hésitante, inexpérimentée, elle se confronte pour la première fois au sordide et à la cruauté du monde qui l'entoure. Jusqu'à remettre en question ses qualités d'avocate.

Le comédien français est à la tête du jury qui décernera les Léopards lors de cette édition 2023 du festival. Acteur dans des comédies populaires autant que dans des films intimistes, son parcours éclectique et international est plutôt rare.

Lambert Wilson prend son rôle de président du jury très à coeur: "Je suis fatigué, parce que je me plonge totalement dans les films et c'est difficile de passer d'un univers à l'autre. Je suis un peu trop empathique, je me jette dans les films. [...] J'adore ça et je ne rate pas une occasion de découvrir le travail de mes contemporains et surtout des gens qui viennent du monde entier et qui ont ce rêve de faire du cinéma", explique-t-il à la RTS.

>> A écouter: l'interview de Lambert Wilson dans "Vertigo" :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Parlant quatre langues et ayant travaillé dans de nombreux pays, le comédien se sent à sa place dans ce rôle de président du jury qu'il qualifie de "diplomatique". "Les prix, dans des festivals comme Locarno, ont le pouvoir de changer la destinée ou la vie des créateurs", souligne Lambert Wilson.

Depuis 10 ans, Giada Marsadri accueille et présente les invités sur la Piazza Grande. "C'est ma dixième édition, mais c'est vrai qu'à chaque fois, c'est différent. Chaque fois, c'est un peu une première je trouve", glisse-t-elle à la RTS. Présenter les films et les réalisateurs sur la Piazza Grande demande beaucoup de travail et une grande concentration. Et malgré toute l'organisation en amont, chaque soirée apporte son lot de surprises et d'imprévus.

>> A voir: le portrait de Giada Marsadri dans le "19h30" :

La star des monteurs à Hollywood a travaillé sur "JFK", "Little Buddha", "Mort ou vif", "Will Hunting", tous les films de Ridley Scott depuis 1998 et reçu deux Oscar pour "JFK" et "La chute du faucon noir".

Célébré cette année à Locarno, il raconte dans "Vertigo" son passionnant parcours depuis la Sicile jusqu'à Los Angeles.

>> A écouter: l'interview de Pietro Scalia :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Lundi soir, le public de la Piazza Grande de Locarno s'est plongé dans les bourrasques de l'Antarctique avec le "Voyage au pôle Sud" de Luc Jacquet. Au préalable, la présentation du film par son réalisateur a été interrompue par des militants de Renovate Switzerland qui ont plaidé pour un plus grand engagement en faveur de la protection du climat, après que Luc Jacquet leur ait tendu un micro.

Depuis le succès mondial de "La marche de lʹempereur" (2005), le réalisateur français poursuit son exploration de lʹAntarctique depuis plus de 30 ans. "Voyage au pôle Sud", montré dans un noir et blanc somptueux, nous raconte la "morsure antarctique" vécue par le réalisateur et nous emmène dans un voyage poétique irréel et glacé.

>> A écouter: l'interview de Luc Jacquet à propos de "Voyage au pôle Sud" :

Keystone - Jean-Christophe Bott

La section Open Doors du festival du film de Locarno a nommé de nouveaux lauréats pour 2023. Comme l'an passé, ce sont les régions sud-américaine et caribéenne qui sont à l'honneur.

"Pantasma", une production issue du Nicaragua, du Costa Rica et du Honduras, s'est vue attribuer la récompense de 25'000 francs. La production dominicaine "Tres Balas" a quant à elle reçu 20'000 francs. Et 5000 francs sont allés à l'œuvre chilo-bolivienne "Desidia".

Les trois productions ont été nommées parmi les lauréats de la plateforme de coproduction Project's Hub, associée à Open Doors. La somme versée au trio est sponsorisée par les Fonds suisses de visions sud est.

Le jury du Project's Hub est composé de cinq professionnels de l'audiovisuel. Parmi eux comptent deux Suisses: la directrice de visions sud est Madeline Robert et le directeur artistique du Festival international du film de Fribourg Thierry Jobin.

Le programme Open Doors du Festival du Film de Locarno sélectionne chaque année des artistes issus de communautés sous-représentées et défavorisées dans la production cinématographique à travers le monde. Pour la deuxième fois du cycle triennal, les lauréats ont été sélectionnés au sein des régions sud-américaine et caribéenne.

Le cinéaste britannique signe son 27ème long-métrage de cinéma, "The Old Oak", dans la pure veine des films humanistes qui ont fait sa réputation. Après avoir été présenté lors du dernier festival de Cannes, le film sera projeté mardi soir sur la Piazza Grande de Locarno.

Dans une ville en difficulté du Nord-Est de lʹAngleterre dont la mine de charbon a fermé, le patron du pub local The Old Oak se bat pour maintenir un semblant de cohésion sociale en gardant son établissement ouvert.  Lʹarrivée de réfugiés syriens va bouleverser l'équilibre de la communauté, entre ceux qui ne veulent pas entendre parler d'étrangers et ceux qui souhaitent les accueillir.

"Tout le monde réagit différemment, comme partout (...) Les Syriens luttent pour leur survie. Dans le film, ce que nous révélons, c'est cette ancienne tradition de solidarité qui est venue des mineurs travaillant sous la terre. La vie d'un homme dépendait de la personne qui se trouvait à côté de lui. Il s'agissait de s'entraider. Est-ce que cette tradition peut être ravivée pour accueillir les Syriens? C'est tout l'enjeu du film", explique Ken Loach à la RTS.

>> A écouter: l'interview de Ken Loach au sujet de "The Old Oak" :

Keystone - GUILLAUME HORCAJUELO

"Ricardo et la peinture" a été projeté hors compétition et en première mondiale au festival de Locarno. Avec ce film, le réalisateur Barbet Schroeder ("More", "La vallée", "Barfly", "Le mystère von Bülow", "Lʹavocat de la terreur") dresse le portrait de son ami Ricardo Cavallo qui consacre sa vie à la peinture. De Buenos Aires jusqu'au Finistère en passant par Paris, ce film coproduit par la RTS est une invitation à plonger dans l'histoire de la peinture, mais aussi à découvrir la vie de cet homme qui, avec simplicité et humilité, s’est toujours engagé entièrement, jusqu'à transmettre sa passion aux enfants de son village.

"Des gens comme lui, on n'en rencontre que 4 ou 5 maximum dans une vie. (...) J'ai toujours pensé que je voulais faire un film sur lui, car je souhaitais approcher la peinture de la même manière que lui le faisait avec moi, en m'emmenant et en me parlant dans les musées", indique Barbet Schroeder à l'émission "Vertigo".

>> A écouter: l'interview de Barbet Schroeder à propos de "Ricardo et la peinture" :

Keystone - IAN LANGSDON

Après "O Fim Do Mundo" présenté en 2019 à Locarno et "Après la nuit" en 2013 , "Manga D'Terra" représente un nouveau volet du travail au Portugal du réalisateur suisse Basil Da Cunha qui pose sa caméra dans le quartier de Reboleira, en périphérie de Lisbonne. Présenté en compétition internationale, cette coproduction RTS est en en lice pour le Léopard d'Or.

>> A voir: l'interview de Basil Da Cunha dans le "19h30" :

"Ce film donne la parole aux femmes et met à l'honneur leurs forces de résistance", a indiqué à la RTS le réalisateur de 38 ans, de nationalité suisse et portugaise, qui a quitté Lausanne pour s'installer dans le quartier de Reboleira il y a une quinzaine d'années.

Dans "Manga D'Terra", Rosa (incarnée par la chanteuse Eliana Rosa), vingt ans, laisse ses deux enfants au Cap-Vert pour s'installer à Lisbonne dans l'espoir de leur offrir une vie meilleure.

Entre le harcèlement des caïds et les violences policières quotidiennes, Rosa tente de trouver du réconfort auprès des femmes de la communauté. Mais c'est la musique qui lui permet de s'évader. Des scènes musicales ponctuent en effet le film et font sa particularité.

>> A écouter: l'interview de Basil Da Cunha dans "Vertigo" :

RTS - Akka Films

Le prolifique Quentin Dupieux a réalisé le seul film français en compétition internationale, "Yannick". Le synopsis tient en quelques mots: en pleine représentation de la pièce "Le Cocu", un très mauvais boulevard, Yannick (Raphaël Quenard) se lève et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main.

Au rythme aujourd'hui de deux films par an, l'œuvre de Quentin Dupieux est singulière. De la mouche géante de "Mandibules" en passant par l’homme qui quitte tout pour un blouson en daim à frange ("Le daim"), aux cinq justiciers de "Fumer fait tousser", le réalisateur français revient aujourd'hui avec cette histoire d’un spectateur intrusif écrite spécialement pour l’étoile montante du cinéma français Raphaël Quenard.

>> A voir: une interview de Raphaël Quenard dans le "12h45" :

>> A écouter: la critique du film "Yannick" par Rafael Wolf dans "Vertigo" :

Diaphana Distribution - ATELIER DE PRODUCTION CHI FOU MI PRODUCTIONS

Radu Jude, lauréat de l'Ours d'or à Berlin pour son film précédent "Bad Luck Banging or Loony Porn", présente à Locarno "Do Not Expect Too Much of the End of the World", une comédie dramatique absurde en deux parties. Le film se passe dans une Roumanie apocalyptique, bruyante et perçue comme esclavagisée par son héroïne, Angela. Il est présenté en compétition internationale et donc en lice pour le Léopard d'Or.

1ère partie: Nous suivons Angela (Ilinca Manolache), une assistante de production surmenée qui doit parcourir la ville de Bucarest afin de filmer le casting d'une vidéo sur la "sécurité au travail" commandée par une multinationale. Elle rencontre bientôt Marian, un ouvrier à moitié paralysé qui a obtenu le rôle.

>> A écouter: l'interview de Radu Jude dans "Vertigo" :

AFP - Ronny Hartmann

2e partie: Lorsque Marian révèle devant la caméra que son accident de travail est dû à la négligence de l'entreprise, sa déclaration déclenche un scandale qui l'oblige à réinventer son histoire pour qu'elle corresponde à celle de l'entreprise.

>> A écouter: la deuxième partie de l'interview de Radu Jude dans "Vertigo" :

AFP - Ronny Hartmann

>> A lire encore : "Bad Luck Banging or Loony Porn", une critique sociale acide

"La voie royale" du Valaisan Frédéric Mermoud a été projeté le 3 août sur la Piazza Grande. Dans ce récit d'apprentissage, on suit l'arrivée de Sophie, qui vient d'un milieu modeste, dans une classe de préparation à Polytechnique, une prestigieuse école d'ingénieur française.

Encouragée par son professeur de mathématiques, Sophie (Suzanne Jouannet) quitte la ferme familiale pour suivre une classe préparatoire scientifique. Au fil de rencontres, de succès et d’échecs, face à une compétition acharnée, Sophie réalise que son rêve, intégrer Polytechnique représente plus qu'un concours. Il s'agit d'un vrai défi d’ascension sociale. Coproduit par la RTS, le long métrage concourt dans la catégorie "Prix du public UBS".

>> A écouter: l'interview de Frédéric Mermoud, Maud Wyler et Suzanne Jouannet dans "Vertigo" :

Pyramide Films - Jean-Claude Lother

"La voie royale " est le seul film suisse à avoir eu l'honneur cette année d'être présenté en première mondiale sur la Piazza Grande. "Le 19h30" a suivi l'équipe du film durant toute la journée qui a précédé la projection, qui s'est déroulée en parallèle sur la Piazza Grande et dans la salle du Fevi en raison de la pluie.

>> A voir: la journée marathon du réalisateur et de son équipe :

Quels sont les films les plus attendus cette année à Locarno? "Vertigo" vous dévoile tout.

>> A écouter: le sujet de "Vertigo" sur les films qui s'annoncent marquants :

© Festival del film Locarno - Sarah & Ciaren Diante

Directeur artistique du Festival de Locarno, Giona A. Nazzaro entame sa troisième saison. Au micro de "Vertigo", il évoque la programmation, la rétrospective consacrée au cinéma mexicain, comment Locarno et le cinéma en général cohabitent-ils avec les plateformes, ainsi que sa passion pour la musique et les vinyles en particulier.

>> A écouter: l'interview de Giona A. Nazzaro :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Depuis plus de vingt ans, Marco Solari imprègne et incarne l'événement tessinois. Il l'a fait grandir, rayonner et entrer dans la liste très sélecte des dix plus grands festivals de cinéma au monde.

>> A voir: ce sujet du "12h45" Marco Solari, président du Festival de Locarno depuis 23 ans, explique ce qui fait le succès de cette grand-messe estivale du cinéma :

Début 2024, il laissera la place à Maja Hoffmann, collectionneuse d'art et mécène bâloise à la tête de la Fondation Luma à Arles en France. Annoncée il y a peu, sa candidature devra encore être formellement avalisée en septembre par l'assemblée générale du festival.

>> A lire aussi : Maja Hoffmann désignée pour prendre la tête du Festival du film de Locarno

"Parfois je rêve de voir comment sera le Festival de Locarno dans 25 ans. J'espère vraiment qu'il aura maintenu sa position dans les dix plus grands festivals mondiaux. C'est le grand souhait que j'ai, car Locarno, c'est le cinéma qui fait rêver, rire, qui fait pleurer, qui fait réfléchir et qui donne la parole à celles et ceux qui ne l'ont pas", a déclaré à la RTS Marco Solari.

>> A lire également : Marco Solari: "Mon souhait, c'est que Locarno reste parmi les meilleurs festivals du monde"

A l'idée de tourner la page de la direction du festival, Marco Solari ne cache pas son émotion. "Il faudra savoir affronter la prochaine phase, qui ne sera pas moins intéressante mais certainement plus contemplative", conclut-il malicieusement.

>> A voir, le portrait de Marco Solari dans le "19h30" :

Attendue sur la Piazza Grande pour le film "Shayda" qu'elle produit, l'actrice et productrice australienne naturalisée américaine Cate Blanchett ne se rendra finalement pas à Locarno. Une démarche solidaire en soutien aux acteurs et scénaristes qui sont en grève à Hollywood. Le film sera toutefois projeté le 12 août, dernier soir du Festival, sur la Piazza Grande.

"En tant que productrice exécutive, je ne pourrais pas être plus fière de 'Shayda', le premier film de l'Irano-australienne Noora Niasari, avec Zar Amir Ebrahimi. Je salue le travail de toute l'équipe et je suis ravie que le film puisse être vu lors de la soirée de clôture du Festival du film de Locarno la semaine prochaine", a déclaré l'actrice au site Deadline.

De son côté, le Festival du film de Locarno dit "comprendre et soutenir la décision de Cate Blanchett d'être solidaire de ses collègues acteurs en ce moment crucial". Interrogé dans le 12h45, Marco Solari, président du festival, a souligné qu'au final: "Les stars, à Locarno, ce sont les films!"

D'autres défections ont été annoncées à Locarno en solidarité avec les grévistes. Ainsi l'acteur Riz Ahmed n'était pas présent pour recevoir un Excellence Award et l’interprète suédois Stellan Skarsgard a renoncé à venir chercher son Léopard Club Award.

>> A lire aussi : Cate Blanchett ne se rendra finalement pas au Festival du film de Locarno

"Aucun autre domaine culturel que celui du cinéma n’a connu de telles évolutions au cours des dix dernières années", a relevé le président de la Confédération Alain Berset le 3 août dernier à Locarno. Les changements vont se poursuivre, tout comme les effets positifs des politiques publiques mises en place.

>> A voir: l'interview d'Alain Berset dans l'émission "Forum" :

Alain Berset a mis en avant trois mesures mises en place pour l'adaptation du secteur du cinéma. La première a été d’adopter des mesures compensatoires après l’exclusion de la Suisse du programme MEDIA de l’UE: celle-ci était liée au oui des Suisses à l’initiative contre l’immigration de masse en 2014.

L'introduction en 2016 de la promotion de l’investissement dans la cinématographie en Suisse est la deuxième mesure. Le but était de sortir de cet enfermement en valorisant le développement d'un cinéma suisse et la co-production avec d'autres pays. La troisième a été la modification de la loi sur le cinéma - la Lex Netflix adoptée par le peuple l'an dernier - pour introduire l’obligation d’investissement pour les plateformes de streaming à partir de 2024.

>> A lire aussi : A Locarno, Alain Berset tire le bilan de son investissement dans le cinéma suisse et la culture

L'industrie cinématographique suisse regroupe ses forces pour former Cinéconomie, une alliance entre organisations de l'audiovisuel, de l’hôtellerie/restauration, du tourisme, du secteur événementiel et de la culture. Elle sera l'interlocutrice des politiciens.

Cette alliance s'inscrit dans le contexte de la révision de la loi sur le cinéma acceptée en votation populaire en mai 2022. Un scrutin qui fera date pour l'industrie du cinéma, mais aussi pour de nombreuses PME et pour le tourisme: désormais, les plateformes internationales de streaming et les chaînes de télévision étrangères investissent en Suisse une partie des revenus qu’elles y génèrent, se félicite Cinéconomie. La Suisse augmente ainsi ses chances sur le marché international.

Par ailleurs, la SSR renforce son engagement en faveur de la production audiovisuelle suisse pour le porter à 34 millions de francs par an. Ce nouveau Pacte de l'audiovisuel entrera en vigueur en janvier prochain et s'appliquera jusqu'à fin 2027.

Par rapport au Pacte précédent, annoncé en 2020, le budget total est augmenté de 1,5 million de francs. Cet accord de coproduction avec les producteurs de cinéma indépendant a été conclu peu avant l'ouverture du Festival de Locarno.

>> A lire également : Une nouvelle alliance pour défendre la création cinématographique suisse

Près de 128'500 personnes ont fréquenté le Locarno Film Festival en 2022. Alors que le film de la Brésilienne Julia Murat "Regra 34" a remporté le Léopard d'Or, "Last dance", de Delphine Lehericey s'est vu décerner le Prix du public de la Piazza Grande.

Présenté en première mondiale à Locarno, "Regra 34" dresse le portrait d'une étudiante en droit, Simone, qui s'intéresse aux violences faites aux femmes dans son pays. Tout en débattant de ce sujet à l'université, elle joue en privé les "camgirl" en se filmant et en s'exposant sur internet dans des pratiques sexuelles extrêmes contre rémunération.

La hausse de la fréquentation du festival a été importante par rapport à l'année précédente, de plus de 60%, mais l'édition 2021 avait été marquée par le sceau de la pandémie.

En 11 jours, les amateurs de cinéma ont pu découvrir 226 films au cours de 471 projections dans toutes les salles de cinéma de Locarno et d'Ascona. La Piazza Grande a pu à nouveau accueillir 8000 spectateurs tous les soirs après deux éditions anémiées par la pandémie.

>> A lire également, notre dossier consacré à la 75e édition du festival : Près de 128'500 cinéphiles ont renoué avec les grandes toiles