Environ 1200 viols et actes de contrainte sexuelle sont dénoncés chaque année en Suisse. C’est plus de trois par jour. Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. Entre huit et neuf victimes sur dix ne dénoncent jamais leur agresseur. Comment les victimes se remettent-elles d’un viol? Comment font-elles pour s’en sortir? Est-ce possible? Quatre femmes, victimes de viols, ont accepté de témoigner à visage découvert. Elles ont été violées à des âges différents. Toutes ont réagi différemment. Isabelle a attendu 25 ans avant de dénoncer son entraineur de tennis. Manon est allée le jour même au poste de police, sous la pression de son entourage. Cécile a témoigné contre un masseur violeur en série. Marie-Ange, quant à elle, n’a jamais déposé plainte bien qu'elle connaissait son agresseur. Et toutes disent aujourd’hui l’importance de briser le silence.
Si on ajoute les plaintes qui n’aboutissent jamais (soit parce que les faits sont prescrits, soit parce que les preuves sont insuffisantes), les statistiques donnent le vertige: seuls 2 à 3 pourcent des auteurs de viols se retrouvent en prison. Ce crime, que nous considérons pourtant comme l'un des plus graves, reste massivement impuni ! Nombre de violeurs sont donc toujours dans la nature. Une impunité qui s'explique peut-être par le fait que les trois quarts des viols sont commis par une personne connue de la victime. Le viol par un inconnu est donc très rare, même s’il fait les choux gras des médias.
Les quatre femmes qui témoignent dans ce reportage poignant ont toutes en commun une force qui leur a permis de se reconstruire, de se "remettre" de ce viol. Pour ça, elles ont dû affronter leur propre culpabilité, inhérente à chaque viol, mais aussi le regard de la société, qui très souvent les juge, impitoyablement, mettant en doute leur parole, avec des phrases comme "elle l’a bien cherché… " Toutes ont d’ailleurs cherché à se punir elles-mêmes au départ, avant de parvenir, après des années de combat, à replacer la honte là où elle doit être : du côté de leur agresseur.
Ces quatres femmes ont eu la force et le courage de sortir du silence qui entoure encore le plus souvent ce crime. Elles parlent ouvertement de leur viol, un mot et un thème encore complètement tabou dans notre société.
Rediffusion le vendredi 3 octobre 2014 à 1h35 et 10h30 et le lundi 6 octobre 2014 à 16h10 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Philippe Mach et Marc Wolfensberger
Image : Jeanne Gerster Son : Emilie Spierer Montage : Caroline Cuénod