Une île dans la ville - L'homme qui aimait les mots

C’est une ferme maraîchère coincée entre les immeubles de la ville, en plein Genève. Un havre de paix, une île. Les gens qui vivent là sont d’un autre âge. Insensibles aux notions de rentabilité et de productivité, ils sont les derniers garants du patrimoine maraîcher genevois et d’un savoir-faire ancestral. Pourtant, ce paradis est menacé par la ville tentaculaire…

Un zeste de forêt aux abords d’un ruisseau, quelques poules, des lapins, des ruches, une trentaine de chats semi-sauvages, des arbres fruitiers, des cultures de fraises ou de framboisiers… et des champs de légumes, alignés au cordeau comme dans les années après-guerre. On se croirait hors du temps et pourtant nous sommes entourés d’immeubles, à un lancer de pierre du jet d’eau de Genève.

Les habitants des lieux semblent déconnectés de la réalité économique contemporaine. René et son frère François travaillent ensemble depuis toujours. Ils ont tout appris de leur père, maraîcher comme eux, défenseur farouche des espèces de légumes en voie de disparition. Ils cultivent leurs propres  graines et travaillent comme leur père à l’époque : à la main, avec des outils ancestraux qu’ils fabriquent eux-mêmes ou à la rigueur avec d’anciennes machines qu’ils réparent depuis 50 ans.

Leurs légumes faisaient le bonheur d’une clientèle fidèle. C’est fini. René, François, Violette leur soeur et Chantal, la femme de François, ont dû se résigner et abandonner le marché à la ferme. "Passe-moi les jumelles" a pu capter ces derniers instants, témoignage saisi au coeur d’une île, aujourd’hui vouée à l’appétit vorace de la ville tentaculaire…

Un reportage de Roland Tillmanns

Philippe Dubath est journaliste de presse écrite en Suisse romande depuis de nombreuses années. Très apprécié pour le ton de ses chroniques, l’homme aime les mots, il publie épisodiquement des ouvrages coup de cœur. Tout l’intéresse, les gens, la nature, la pêche, la faune, les vieux objets, rien n’échappe à son regard aiguisé et amusé. Philippe Dubath est un homme subtil et généreux qui partage volontiers ses passions entre amis. Le portrait d’un drôle d’oiseau sensible et touchant.

Philippe Dubath est journaliste de presse écrite en Suisse Romande depuis de nombreuses années. Il travaille au quotidien 24 heures et écrit des chroniques originales au ton décalé pour le journal Terre et Nature. L’homme aime les mots,  il publie épisodiquement des ouvrages coup de coeur chez son ami Jean-Renaud Dagon, imprimeur et propriétaire du Cadratin à Vevey. Un lieu unique et rare où il fait bon passer.

Curieux de nature, tout l'intéresse, les gens, la nature, la pêche, la faune, les vieux objets, rien n’échappe à son regard aiguisé et amusé. Généreux, il aime partager ses passions et s'entourer de ceux qui l'aiment, sa famille, ses amis, ses copains et même son chien. Il savoure à chaque occasion les bons moments passés à observer la nature sous toutes ses coutures.

Ancien chasseur, il a troqué son fusil pour un appareil photo qu'il emporte partout afin de capturer ces moments uniques d'observation. Marmottes, bouquetins et surtout oiseaux, rien ne lui échappe, l'homme a gardé son instinct de chasseur, il sait voir et surtout photographier. Portrait d'un épicurien de la nature ou tout simplement de la vie.

Un reportage de Dominique Clément