La réponse à cette question qui ne manque pas d’air est plus à trouver dans le domaine des normes de sécurité que dans le domaine de la chimie.

L’oxygène (ou plus précisément le dioxygène O2 gazeux) tel qu’on peut l’obtenir à partir des producteurs est toujours préparé de la même manière, à savoir, de manière simplifiée, la liquéfaction de l’air présent dans notre atmosphère (l’air contient environ 78 % de diazote N2, 21 % de dioxygène O2, et 1 % d’autres molécules sous forme gazeuse), suivie de la distillation pour séparer le dioxygène (température d’ébullition -182.96 °C) du diazote (température d’ébullition -195.8 °C), pour terminer par le remplissage de réservoirs avec le dioxygène. Dans tous les cas, le dioxygène obtenu est le même, mais ce qui différencie les "qualités" de gaz commercialisées, c’est leur certification selon leur degré de pureté.

Le dioxygène de type "industriel" a une pureté relativement élevée, c’est-à-dire qu’il peut contenir des impuretés diverses en proportions faibles mais pas nulles (par exemple des résidus graisseux, des traces d’autres substances gazeuses, des particules fines) provenant principalement des réservoirs dans lequel il sera stocké. A l’inverse, le dioxygène de type "médical" a une pureté élevée et il est certifié pour ne pas contenir de substances potentiellement dangereuses.

Le dioxygène médical est considéré comme un médicament, et il doit donc respecter un cahier des charges aussi strict que les médicaments produits par l’industrie pharmaceutique. Entre autres, son stockage doit être garanti dans des réservoirs absolument exempts d’impuretés, et son utilisation ne peut se faire qu’avec des valves et détendeurs (mécanismes qui permettent de transférer le gaz présent dans un réservoir à pression élevée, vers l’utilisateur externe à pression basse et à débit contrôlé) également certifiés de qualité médicale. Tout le matériel de stockage et soutirage de dioxygène médical est étiqueté de manière claire et distincte, pour assurer que l’ensemble de la chaîne allant de la production à l’utilisation n’a pas subi de contaminations.

Le dioxygène utilisé dans l’industrie (par exemple pour la soudure), en recherche (généralement de qualité ultra-pure), en aviation, ou dans le domaine médical, a globalement la même qualité initiale en termes de contaminants (lors de la production de dioxygène, tout le soin est porté à obtenir un gaz le plus pur possible et exempt de contaminants). C’est donc lors des opérations intermédiaires, et surtout le stockage et le transfert, que les contaminations sont susceptibles d’apparaître, et c’est ce qui distingue les qualités de dioxygène disponibles sur le marché.

En d’autres termes, s’il fallait sauver un individu dont le pronostic vital serait engagé, mais qu’aucun réservoir de dioxygène médical n’était disponible, le dioxygène de qualité industrielle ferait parfaitement l’affaire! Cependant, un usage prolongé sur le long terme de dioxygène industriel pourrait potentiellement apporter des impuretés à l’organisme (traces de graisses ou d’autres gaz, par exemple dans un local de soudure).