Les os brûlés de la grotte de Cotencher
S’il est des vestiges qui n’accrochent pas d’emblée le regard du visiteur, au Laténium, ce sont bien les os brûlés de la grotte de Cotencher. Et pourtant: quoique peu spectaculaires, ces objets livrent un témoignage important sur la vie quotidienne en Suisse, il y a plus de 40'000 ans. Ces os sont en effet ceux d'une espèce aujourd'hui disparue: l'ours des cavernes, qui occupait ces grottes à l'époque de l’homme de Néandertal.
Vous, promeneurs qui empruntez le sentier qui longe les gorges de l’Areuse, ne savez-vous pas qu’à quelques dizaines de mètres au-dessus de vos têtes se trouve une caverne, protégée par d’épais barreaux en métal? Fermée au public pour des raisons de sécurité, la grotte de Cotencher est un site moustérien ayant livré un grand nombre d’ossements appartenant à une soixantaine d’espèces animales différentes, dont une majorité à l’ours des cavernes. Ces ossements étaient associés à des outils en silex et à une mâchoire supérieure d’homme de Néandertal.
Avant la découverte de ce vestige humain, la présence de l’homme dans la grotte avait déjà été supposée par l'identification de foyers et d’os lissés et polis. Pendant plusieurs décennies, les archéologues ont même cru à l’existence d’un «culte» de l’ours des cavernes, qui semblait faire l’objet d’une chasse systématique et d’une vénération particulière de la part des Néandertaliens. Grâce aux avancées de la recherche, ce mythe a pu être déconstruit. On sait maintenant que les étranges alignements de crânes et d'ossements d'ours le long des parois sont dus à des phénomènes naturels: ces impressionnants plantigrades ont simplement occupé ces grottes lorsqu'elles étaient désertées par les groupes humains.
Chrystel Jeanbourquin, archéologue diplômée de l'Université de Neuchâtel, doctorante à l’Université de Genève et guide-animatrice au Laténium