A question saugrenue, réponse pragmatique : Au laboratoire, l’eau la plus pertinente est, selon l’usage que l’on veut en faire, celle délivrée soit par le réseau d’eau courante (froide ou chaude), soit par une installation d’eau ultra-pure.

Le réseau d’eau courante délivre de l’eau provenant d’une installation centrale de production d’eau potable à partir d’eau extraite du milieu naturel (lac, rivière, eau souterraine, nappe phréatique). Cette eau contient tous les ions dissous qui sont présents initialement dans l’eau naturelle, en concentrations variables selon la provenance : cations majeurs calcium Ca2+, magnésium Mg2+, sodium Na+, potassium K+, anions majeurs carbonate CO32- et bicarbonate HCO3-, chlorure Cl-, ainsi que cations et anions mineurs et traces présents en concentrations très basses.

L’eau ultra-pure, quant à elle, est produite au laboratoire en faisant passer de l’eau courante dans une installation de distillation ou de bi-distillation permettant d’éliminer les traces de substances organiques, ou dans une installation de déionisation (déminéralisation) permettant d’éliminer les cations et anions majeurs sur des résines échangeuses d’ions, ou encore dans une installation d’ultrapurification comprenant des résines échangeuses d’ions, un module de destruction par irradiation aux ultra-violets de la matière organique dissoute, ainsi qu’un module d’ultrafiltration destiné à éliminer les colloïdes de petites dimensions.

L’eau ultra-pure a des caractéristiques physico-chimiques exemplaires, puisqu’elle ne contient en principe plus aucun ion étranger dissout, ni matières organique dissoute, ni particules et colloïdes en suspension. Sa résistivité est extrêmement élevée, proche de 25 mégaohm × centimètre à 20 °C ; en comparaison, la résistivité de l’eau déionisée (déminéralisée) est proche de 18 mégaohm × centimètre, et l’eau courante du réseau a une résistitivité nettement plus faible (en raison des ions dissous), de l’ordre de 0.001 mégaohm × centimètre.

Il serait évidemment peu pertinent de vouloir produire de l’eau à partir de substances contenant des molécules d’eau liées intimement. Par exemple, on peut chauffer fortement du sulfate de cuivre pentahydraté, CuSO4·5H2O (sel bleu) pour qu’il perde ses 5 molécules d’eau (que l’on récupère par condensation) et se transforme en sulfate de cuivre anhydride CuSO4. Le procédé requiert beaucoup d’énergie pour très peu d’eau récupérée !