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La dernière ligne droite du Morginois

Défago était serein, détendu et très souriant pour répondre aux questions de RTSsport.ch dimanche passé. [Miguel Bao]
Défago était serein, détendu et très souriant pour répondre aux questions de RTSsport.ch dimanche passé. - [Miguel Bao]
Vainqueur du mythique Lauberhorn en 2009, Didier Défago mettra un terme à sa carrière sportive au terme de la présente saison. L'occasion était belle pour RTSsport.ch de passer en revue avec le Valaisan de 37 ans quelques épisodes de sa carrière. Sa première course chez les élites alors qu'il avait 19 ans, ses 5 victoires en Coupe du monde, son titre olympique à Vancouver et les Mondiaux de Vail/Beaver Creek qui commenceront le 2 février.
3 mars 2002: Défago monte sur son 1er podium Coupe du monde. C'était lors du super-G de Kvitfjell, en Norvège (2e place). [KEYSTONE - ORN BORGEN]
3 mars 2002: Défago monte sur son 1er podium Coupe du monde. C'était lors du super-G de Kvitfjell, en Norvège (2e place). [KEYSTONE - ORN BORGEN]

Sa première course Coupe du monde (7 mars 96 à Kvitfjell):

J'avais décroché le titre de champion du monde juniors en super-G, quelques jours avant mon baptême du feu en Coupe du monde . Je me souviens, j'étais en Norvège avec Ambrosi Hoffmann, qui lui avait remporté le titre de champion du monde de descente juniors. Après la reconnaissance de la descente de Kvitfjell, je lui avais dit: finalement, je suis content de ne faire que le super-G (rires). Entre les courses juniors et la Coupe du monde, il y a un monde. J'avais été impressionné par la piste. Le jour du super-G, cela s'était plutôt bien passé (ndlr: 15e rang).

"Seulement" 5 victoires Coupe du monde en 16 saisons (Val Gardena 2002, Wengen 2009, Kitzbühel 2009, Bormio 2011, Kitzbühel 2014): Il y en a qui en ont gagné moins que moi (rires). Au début de ma carrière, j'avais imaginé en gagner plus. Quand j'étais gamin, c'était un rêve de disputer la Coupe du monde. Puis, on y arrive... Certaines fois, il m'a peut-être manqué d'y croire un petit peu plus, de rester convaincu jusqu'à la ligne d'arrivée. Entre une victoire et une 3e place, cela se joue à rien (ndlr: 15 podiums en Coupe du monde). Chaque succès procure des sensations magnifiques que l'on a envie de revivre.

Sa victoire à Wengen en 2009: On se dit que tout le travail accompli a enfin payé. Pouvoir gagner à la maison, c'est... J'ai encore ces images dans la tête. Après chaque victoire, j'ai ressenti comme un soulagement. Puis, il y a de l'euphorie. J'ai mis un peu de temps à comprendre que quand on gagne ou que l'on monte sur le podium, il faut vivre ces moments intensément.

"En Suisse, le contrôle des émotions est plus difficile à trouver"

Après Wengen 2009, Wengen 2015? Quand on est plus jeune et que l'on a gagné une fois, on a l'impression d'avoir la clé pour rééditer cet exploit. Ce n'est pas aussi simple (rires). Dans le ski, il y a de nombreux paramètres extérieurs, comme la météo, les conditions de neige, le numéro de dossard, que l'on ne peut pas gérer. Il y a toujours une part d'inconnu... C'est pour cela que je dis que dans le sport, la chance entre aussi en ligne de compte. Franchir la ligne d'arrivée en ayant tout donné, en étant allé à la limite, c'est déjà une satisfaction. Même si la victoire n'est pas au bout.

17 janvier 2009: Didier Défago dompte le Lauberhorn. [REUTERS - Stefan Wermuth]
17 janvier 2009: Didier Défago dompte le Lauberhorn. [REUTERS - Stefan Wermuth]

Courses en Suisse = plus de pression et de sollicitations:

Le contrôle des émotions est plus difficile à trouver quand on court devant notre public. Cela nous prend de l'influx nerveux et psychologique. Avec les années, on apprend à se caler des moments de calme. Il y a des moments où l'on est abordable et d'autres où l'on est plus froid parce qu'on est focalisé sur la performance.

L'ambiance en Suisse nous pousse. Ce n'est pas évident de se surpasser, sans aller au-delà de la limite. Le côté positif de toutes les sollicitations est que les médias parlent de notre sport. Le ski intéresse. Nous avons des fans solidaires. L'ambiance est énorme quel que soit la nationalité du vainqueur. C'est génial. A l'étranger, on n'est pas forcément moins attendu mais on se met peut-être moins de pression.

Sa dernière saison: Je ne réalise pas encore car je suis très focalisé sur les prochaines courses. Je ne sais pas quand ça viendra. Peut-être après les Championnats du monde lors de la dernière ligne droite de la saison. Lorsque j'ai annoncé que je courrais une dernière saison, cela m'a libéré. Ma reconversion avec des sponsors, dans un rôle d'ambassadeur, et la station de Morgins se dessine. Je me réjouis de voir comment fonctionne une station de ski.

Ce qu'il aime le plus dans son métier: C'est le côté adrénaline, la recherche de performance, de perfection... Encore maintenant, j'apprends sur moi et sur mon sport... Même si le ski est un sport très individualiste, il y a aussi un côté équipe que j'apprécie. On mange, on voyage,  on vit 200 jours par année ensemble.

"J'ai envie de monter sur la boîte. C'est faisable"

Son titre olympique à Vancouver: Un seul mot: magique. Sur le moment, je n'avais pas vraiment réalisé. J'ai pu partager ce titre avec mon frère (ndlr: il travaille pour la FIS). J'ai regretté de ne pas avoir pu le faire avec mes proches et mes copains qui n'étaient pas au Canada. J'ai véritablement pu réaliser cet exploit après ma blessure lors de l'automne 2010.

15 février 2010: Le Morginois champion olympique de descente, comme les illustres Zurbriggen (1988) et Russi (1972). [KEYSTONE - Gero Breloer]
15 février 2010: Le Morginois champion olympique de descente, comme les illustres Zurbriggen (1988) et Russi (1972). [KEYSTONE - Gero Breloer]

La déception des Jeux de Sotchi (14e de la descente, élimination en super-G:

(rires) Ca ne s'est pas vraiment passé comme à Vancouver. Pour la descente, très belle et difficile, j'ai eu un peu de poisse avec mon numéro de dossard (27). Il faisait très chaud. J'avais tout de même réussi le 2e chrono sur la 1ère minute. La déception est véritablement venue en super-G où j'avais de grands espoirs. Malheureusement, j'ai commis une grosse erreur. A ce niveau, cela ne pardonne pas.

Objectifs de fin de saison: Au niveau des résultats, j'ai envie de monter d'un cran lors des 3 prochaines courses, à Wengen et à Kitzbühel, et d'être dans les 6. Une fois qu'on y est, le podium peut tomber. Cela ne sert à rien de le cacher. J'ai envie de monter sur la boîte (ndlr: podium) lors des Mondiaux de Vail. C'est faisable.

Une victoire à Wengen, Kitzbühel ou une médaille mondiale? On ne choisit pas. On prend ce qui tombe... Beaucoup de gens disent de moi que j'ai gagné par coups d'éclat. Cela ne me dérange pas parce que j'ai remporté les plus belles courses. Faudra y aller à fond aux Mondiaux. J'ai deux chances (ndlr: descente et super-G) pour ramener du métal. Faudra en saisir au minimum une. J'adore le caractère de la piste de Beaver Creek et sa neige qui est différente qu'en Europe. C'est une piste qui me convient.

Propos recueillis par Miguel Bao après l'émission Sport Dimanche du 11 janvier

twitter @migbao

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Didier Défago en bref

- 392 départs en Coupe du monde
- 15 podiums en Coupe du monde
- 5 victoires en Coupe du monde

- 6 participations à des Championnats du monde
- 4 participations à des Jeux olympiques

- 2010: médaille d'or aux Jeux de Vancouver (descente)

- 1996: champion du monde junior (super-G)
- 1996: vice-champion du monde junior (combiné)
- 1996: médaillé de bronze des Mondiaux junior (géant)
- 1996: 4e des Mondiaux junior (descente)

Wengen: les tweets de notre envoyé

Changement de programme à @WeltcupWengen ! Slalom samedi et descente dimanche. La météo est meilleure pour la fin du week-end... #RTSsport

— Daniel Burkhalter (@DaniBurkhalter) 14 Janvier 2015

La dernière fois que @WeltcupWengen avait dû inverser slalom et descente, c'était en 2008 #RTSsport #philippejeanneret

— Daniel Burkhalter (@DaniBurkhalter) 14 Janvier 2015