Ces jeunes qui tentent de faire leur place en politique

Grand Format

RTS - Mathieu Henderson

Introduction

Ils ont entre 21 et 31 ans et ont choisi de s'engager en politique. Etoiles montantes au sein de leur parti ou simplement passionnés de la chose publique, ces cinq jeunes expliquent les difficultés à faire leur place dans un monde parfois condescendant envers les nouvelles générations.

Chapitre 1
Michele Barone, vice-président des Jeunes libéraux-radicaux

RTS - Mathieu Henderson

Pour Michele Barone, les partis doivent donner les moyens aux jeunes de se lancer en politique. Sa formation, les Jeunes libéraux-radicaux, a d'ailleurs mis sur pied un programme de formation professionnelle.

Car, selon lui, les jeunes de moins de trente ans sont rares en politique: "Entre 20 et 30 ans, vous avez parfois un nouvel objectif professionnel. C'est un moment dans lequel vous n'avez pas vraiment de stabilité politique." L'avocat stagiaire de 28 ans remettra d'ailleurs prochainement son mandat pour des raisons professionnelles.

>> Lire : "La responsabilité des partis, c'est aussi de préparer la relève"

"La politique n'est pas un truc de vieux"

Michele Barone a toujours été intéressé par la chose publique. "Lorsque je n'avais pas encore le droit de vote, je donnais mon avis sur ce que je pensais qu'il fallait voter. Puis, j'ai regardé les différentes jeunesses de partis qui existaient et c'est surtout à l'issue des élections fédérales de 2011 que je me suis convaincu de me lancer."

Mais cela n'a pas toujours été facile de se faire entendre. "Je me suis fait traiter un jour de débile dans la rue par un politicien, dont je ne dirai pas le nom." Une des erreurs à éviter en politique, selon le jeune PLR, est la "déconnexion du monde réel, du monde du travail et des associations", qui ne correspond pas à la politique de milice en Suisse.

Interview de Michele Barone, vice-président des Jeunes libéraux
L'actu en vidéo - Publié le 14 mars 2019

Chapitre 2
Alice Genoud, Jeunes Verts, conseillère communale de Lausanne

RTS - Mathieu Henderson

La sensibilité des Suisses sur la question de l'écologie est réelle, mais doit passer des idées aux actes, estime Alice Genoud. Aujourd'hui, à l'instar de la jeune activiste suédoise Greta Thunberg, 15 ans, des dizaines de milliers d'écoliers et étudiants débraient chaque semaine aux quatre coins de l'Europe pour une "grève du climat".

"C'est une génération qui va vivre les effets du changement climatique et qui devra composer avec. Leur peur s'est transformée en énergie", estime la conseillère communale lausannoise (Les Verts).

>> Lire : "La Suisse doit passer le cap et innover en matière d'écologie"

"Il y a une condescendance en politique qui me pèse énormément"

Alice Genoud en est persuadée: l'engagement politique peut faire bouger les choses. "Cela permet d'être au coeur de l'action et d'avoir les mains dans le cambouis." L'écologiste de 29 ans s'inquiète pour la relève: "On a besoin de plus de jeunes. D'autant plus qu'il ne faut pas avoir 40 ans d'expérience pour comprendre comment fonctionne une commune, un canton ou la Confédération."

Elle souligne toutefois la difficulté à se faire entendre lorsqu'on est une jeune femme: "J'ai régulièrement des gens qui me disent 'Mademoiselle, vous n'avez pas vraiment compris'. Ce côté condescendant me pèse énormément."

AliceGenoud
L'actu en vidéo - Publié le 17 février 2019

Chapitre 3
Bertil Munk, vice-président de la Jeunesse socialiste suisse

RTS - Mathieu Henderson

Secrétaire international et vice-président de la Jeunesse socialiste suisse (JUSO), Bertil Munk admet des relations parfois compliquées avec le Parti socialiste suisse - plus ouvert au compromis de manière générale. C'est le cas notamment avec la loi fédérale sur la réforme fiscale et le financement de l’AVS (RFFA) soumise à votation le 19 mai prochain. Les délégués du PS l'ont acceptée mais la JUSO s'y oppose.

"Les relations peuvent être tendues, mais sur 97-98% des thématiques on est totalement en adéquation", relève l'étudiant de 21 ans.

>> Lire : "Ce sont les compromis qui détruisent un peu le débat démocratique"

"Il existe une forme de paternalisme assez claire"

Tout comme Alice Genoud (voir ci-dessus), Bertil Munk dit faire face à une certaine condescendance de la part de certains élus plus âgés. La pire phrase à entendre lorsqu'on est un jeune politicien? "Quand tu auras mon âge, tu sauras", répond le Lausannois. Et d'ajouter: "Il y a une forme de paternalisme assez claire."

Pour toucher davantage de jeunes, la JUSO mise sur sa présence sur internet: "On utilise les réseaux sociaux pour mieux communiquer et partager nos idées. Cela fonctionne d'ailleurs très bien, car on arrive à politiser encore mieux la jeunesse", rapporte le vice-président de la formation.

Interview de Bertil Munk, vice-président de la Jeunesse socialiste suisse
L'actu en vidéo - Publié le 27 février 2019

Chapitre 4
Carole Basili, députée suppléante PDC au Grand Conseil valaisan

RTS - Mathieu Henderson

Ce qui a motivé Carole Basili à se lancer en politique, c'est de pouvoir participer à la vie de son canton, de son district et de son village: "Quoi de mieux que se lancer en politique pour participer de manière active au débat: c'était vraiment ma principale source d'engagement," lance la jeune femme.

Mais pourquoi avoir choisi le Parti démocrate-chrétien, qui garde une image assez conservatrice sur certaines questions? Pour l'avocate, c'est l'idée de stabilité qui l'a séduite: "Un centre qui est affirmé: ni de gauche, ni de droite, mais du centre: ça m'a tout de suite plu."

>> Lire : "En politique, on m'a ouvert les bras, car j'étais une femme"

"Les réseaux sociaux me font peur"

Contrairement à la plupart des jeunes politiciens, Carole Basili n'est pas active sur les réseaux sociaux. "J'ai de la peine à m'y mettre", admet-elle. La Valaisanne dit même s'en méfier: "Cette idée que les écrits restent, c'est un peu délicat et cela me fait un peu peur. Je préfère débattre sur des idées dans un parlement plutôt qu'aller m'exprimer sur Facebook où mes positions pourraient être mal interprétées ou sorties de leur contexte."

Une autre erreur à ne pas commettre dans le monde politique, explique-t-elle, est la mauvaise préparation des dossiers. "Je ne suis pas du tout une spécialiste des routes et des transports par exemple, mais il faut s'y mettre."

Interview de Carole Basili, député suppléante PDC au Grand Conseil valaisan
L'actu en vidéo - Publié le 8 mars 2019

Chapitre 5
Virna Conti, présidente des jeunes UDC genevois

RTS - Mathieu Henderson

La jeune étudiante de 24 ans se rappelle précisément le moment où elle a décidé de se lancer en politique. "C'est un épisode qu'on pourrait qualifier de douloureux que j'ai traversé quand j'étais au collège. J'avais pris l'option éducation civique et ce jour-là, nous avions débattu de l'initiative fédérale contre la construction de minarets (...) Je me suis retrouvée face à 22-23 élèves plus le prof (...), j'ai été un peu incendiée."

Virna Conti précise: "Je me suis dit que je n'allais plus jamais me laisser faire sur le plan idéologique." Elle dit s'être dirigée vers l'UDC notamment parce que "c'était le seul parti qui protégeait la Suisse vis-à-vis de l'Union européenne."

>> Lire : "J'ai dit que je n'allais plus jamais me laisser faire sur le plan idéologique"

Non aux manifestations

La Genevoise n'aime pas les manifestations. Elle ne soutient pas la grève des jeunes pour le climat et ne compte pas participer à la grève des femmes le 14 juin prochain: "Il y a d'autres voies pour s'entretenir avec la politique. On n'a pas besoin, comme en France, de descendre dans la rue pour se faire entendre."

Pour faire bouger les choses, Virna Conti compte passer par les institutions. Elle ne cache d'ailleurs pas son ambition de siéger un jour sous la Coupole fédérale: "Avant cela, je dois passer par Genève. Je suis la première viennent-ensuite au Grand Conseil, donc je pourrai certainement y accéder d'ici quatre ans. Et la prochaine étape sera Berne."

Interview de Virna Conti, présidente des Jeunes UDC genevois
L'actu en vidéo - Publié le 2 avril 2019