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"Retour à l’expéditeur", du spectacle bien envoyé!

Visuel de la pièce "Retour à l'expéditeur". [Rebecca Cosne]
Théâtre: "Retour à lʹexpéditeur" / Vertigo / 4 min. / le 10 janvier 2020
La compagnie Kagibi Express invente la comédie épistolaire, le délire postal et l’humour timbré. "Retour à l’expéditeur" est un régal à découvrir en tournée à Genève, Lausanne et Neuchâtel.

Elle débarque de nulle part dans la pile du courrier. Voici une belle enveloppe. Comprenez bien dodue, douce au toucher et même légèrement parfumée. Elle n’est pas adressée au duo de comédien Mathias Glayre et Diane Müller. Ces deux-là nous font rire depuis un petit moment déjà avec leurs impossibles chamailleries pour une histoire de chat coincé dans une boîte, propriété d’un certain Monsieur Schroedinger.

Cette enveloppe mystérieuse est destinée à une certaine Barbara Fontaine. Qui c’est celle-là? Personne ne la connaît. Ni sur scène ni parmi le public, mis à contribution par les deux facteurs improvisés. On ne trouve ni adresse précise d’envoi ni adresse d’expéditeur. Comment lui faire dès lors parvenir son courrier? Et si on l’ouvrait, suggère Mathias, aussitôt rabroué par sa comparse. Mieux vaut se débarrasser de cette encombrante. Sauf que cette lettre n’arrête pas de revenir tel un boomerang si on essaie de la jeter en coulisses. A gauche, à droite, à droite, à gauche, ce ballet de courrier aérien a de quoi rendre fou!

Mathias Glayre et Diane Müller dans "Retour à l'expéditeur". [Nora Rupp]
Mathias Glayre et Diane Müller dans "Retour à l'expéditeur". [Nora Rupp]

Une ode à l'échange épistolaire

A partir de là se joue un jeu de chat et de souris au propre comme au figuré. Dans ce décor tout léger uniquement fait de voiles de tissus colorés suspendus au plafond défilent l’énigmatique lettre, une spectatrice déguisée en rongeur et finalement cette mystérieuse Barbara pas pressée du tout de recevoir sa lettre. "Retour à l’expéditeur" se joue avec un humour un peu timbré (forcément, vu le sujet) où l’improvisation et la participation du public tissent petit à petit une ode à l’échange épistolaire. Une lettre, ça ne fait pas un pli, c’est toute une histoire.

Ce spectacle est paraît-il né au fond d’une malle. Plusieurs malles et valises, même. La correspondance et les notes d’au moins deux générations (tantes, oncles, grands-parents) ayant précédé la comédienne et danseuse Barbara Schlittler dans une maison de famille restée vide pour cause de décès. Ce sont les témoins d’une époque où tout passait par l’écrit et durant laquelle on conservait les échanges, même les plus intimes: rappelez-vous le film "Sur la Route de Madison", avec un Clint Eastwood en amoureux transi sous la pluie.

Ici, heureusement personne ne pleure. Pas même le chat de Monsieur Roedinger qui semble aller au mieux dans sa petite boîte. "Retour à l’expéditeur", créé en complicité par Barbara Schlittler, Katy Hernan et le dramaturge Adrien Rupp (on leur doit déjà l’excellent spectacle "1985…2045" qui avait porté les couleurs suisses au Festival d’Avignon) tient de la comédie faussement absurde et du burlesque. Un régal qui s’apprécie dès huit ans et donne envie de prendre à son tour la plume pour rédiger une petite carte postale.

Thierry Sartoretti/mh

"Retour à l'expéditeur" se dévoile à Genève, St Gervais, du 15 au 22 janvier. Lausanne, CPO, du 29 janvier au 2 février. Neuchâtel, CCN-Théâtre Le Pommier, les 6 et 7 juin.

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