Dès la scène inaugurale de la série "Fenris", l'angoisse est de mise. Marius (Magnus Krepper) découvre des images d'une caméra cachée dans la forêt. Un loup passe dans le champ. Il se déplace à vive allure, suivi de Daniel (Alfred Vatne). L'adolescent se retourne, effrayé. L'image s'interrompt net. Marius pleure. Depuis, Daniel a disparu. Seul son blouson taché de sang et tapissé de poils du loup a été retrouvé.
Pendant ce temps à Oslo, dans le laboratoire d'un institut qui étudie le loup en Norvège, la biologiste Emma (Ida Elise Broch), fille de Marius, est sommée par son supérieur de contacter son père silencieux depuis quelques mois sur le comportement des meutes. Emma, brouillée depuis l'enfance avec son papa, rejoint son village natal avec son fils Léo (Viljar Knutsen Bjaadal).
En s'appuyant sur cette disparition inquiétante, les scénaristes de "Fenris" donnent à voir le mode de vie du loup, et redorent son image tout en montrant que le pire des prédateurs pour l'homme est l'homme. Certes, si ce chasseur redoutable, qui vit en meute, s'attaque aux troupeaux de moutons, sa peur des hommes le rend incapable de tuer un humain.
"Fenris" est là pour rappeler aussi que 68% des animaux sauvages ont disparu de la surface du globe et même si la cohabitation est difficile avec ce carnivore, il est indispensable à l'équilibre de la faune en régulant la population d'élans.
Une série qui avance à pas de loup
Tous les ingrédients sont convoqués dans ce scénario qui mêle malicieusement thriller, suspens, drames familiaux, secret, ode à la nature. Telle une épaisse brume matinale qui colle au sol, le mystère glue "Fenris" jusqu'au final explosif.
Au-delà de l'enquête, la série brosse le portrait d'une femme complexe, mère célibataire déboussolée qui délaisse son fils au profit de sa passion pour les loups. Héroïne peu aimable, agressive, vulnérable, Emma s'est réfugiée dans son travail pour oublier son trauma. Ce retour douloureux sur les terres de son enfance l'obligera à affronter ses démons pour enfin cautériser une vieille blessure.
Enrobé dans une réalisation impeccable, où la caméra prend régulièrement le rôle du voyeur qui observe l'action à bonne distance, chaque épisode offre un twist final si remarquable qu'il est impossible de ne pas se jeter sur le suivant immédiatement.
Même si la série avance à pas de loup, le sac de nœuds à démêler et la tension grandissante dans ce village où la frontière entre bien et mal est plus complexe qu'il n'y paraît font de "Fenris" un polar captivant.
Philippe Congiusti/ld
"Fenris" de Simen Alsvik et Magnus Monn-Iversen, avec Ida Elise Broch, Jan Gunnar Røise, Jonas Strand Gravli. A voir sur Polar+ via MyCanal depuis le 28 avril 2024.