Publié

Retour de la série "La servante écarlate" pour une quatrième saison

The Handmaid’s Tale : La servante écarlate
De lʹimportance du regard féminin dans la série "La servante écarlate" / Vertigo / 6 min. / le 27 avril 2021
La quatrième saison de "La servante écarlate", série féministe culte adaptée du roman tout aussi culte de Margaret Atwood, a débuté mercredi aux Etats-Unis sur la plateforme Hulu et démarre ce jeudi en France sur la chaîne OCS.

Après deux ans d'absence, la très attendue quatrième saison de "La servante écarlate" a été lancée mercredi aux Etats-Unis sur la plateforme Hulu et jeudi en France sur la chaîne OCS. C'est le grand retour de l'univers intense et glaçant de cette série, une dystopie sombre qui met en scène l'instauration d'une dictature religieuse et patriarcale sous laquelle les femmes sont privées de leurs droits, torturées, humiliées, violées.

Une série devenue après trois saisons "trop réelle", comme le dit Margaret Atwood elle-même. La romancière a sorti ce livre en 1985 et elle ne pensait pas qu'un jour de nombreuses manifestantes aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde revêtiraient la tenue rouge écarlate et les toques blanches des Servantes pour lutter contre les violences faites aux femmes. C'est dire l'impact de cette série qui vient alerter le réel.

>> A lire aussi : Quand "La Servante écarlate" s'invite dans le monde réel

Une saison marquée par l'empowerment

La série ne fait pas l'unanimité. Beaucoup de voix se sont élevées pour critiquer l'extrême violence des images. On parle de torture porn, un des sous-genres du cinéma d'horreur. Au contraire, d'autres voix estiment qu'il s'agit d'une œuvre salutaire du female gaze, c'est-à-dire un regard féminin sur le patriarcat.

Avec cette quatrième saison, le public retrouve le personnage central, June Osborn, interprétée magistralement par Elisabeth Moss (déjà vue dans "Top of The Lake" ou encore "Mad Men") qui, après avoir réussi à s'échapper de Gilead, décide de rester pour se battre contre le système qui l'a anéantie.

Sandra Laugier, philosophe et autrice de "Nos vies en séries" (Flammarion), a déjà vu les quatre premiers épisodes. Elle raconte, sans rien divulguer, ses impressions à la RTS: "Cette quatrième saison est l'occasion d'un nouveau départ, parce qu'il y avait un certain rapport à la violence, des formes de `torture porn`comme on dit, qui vraiment mettaient beaucoup de spectatrices - et spectateurs sûrement - mal à l'aise. Il y a une vraie transformation et c'est pour cela qu'il y a aussi une rupture avec toutes les scènes de violence et de torture que l'on a vues dans la première saison - mais qui étaient absolument nécessaires puisqu'il faut montrer la somme des oppressions et des violences qui ont été exercées envers les femmes. Dans cette nouvelle saison, on a vraiment de nouvelles thématiques, notamment l'empowerment de l'héroïne".

Malgré les difficultés énormes que June Osborn affronte dans cette saison, il y a vraiment une espèce de positivité.

Sandra Laugier, philosophe et autrice

Un regard féminin

L'empowerment qui marque cette saison passe aussi par le fait qu'Elisabeth Moss, qui est habituellement devant caméra, passe à la réalisation de plusieurs épisodes.

On assiste à l'émergence du "je" féminin dans les fictions audiovisuelles, selon Anne-Sophie Gravel, doctorante en littérature et en arts de la scène et de l'écran à l'Université Laval au Québec. "Traditionnellement, les femmes au cinéma et à la télévision étaient regardées et les hommes sont ceux qui regardent. Dans `La servante écarlate`, on a un personnage principal féminin fort, mais qui est dans un univers extrêmement répressif. Alors, ses moyens d'expression sont limités. Elle utilise donc un jeu narratif détourné pour montrer les points de vue de la protagoniste principale - notamment par la présence d'une voix off très ironique et rébarbative qui montre qu'elle porte un regard très critique sur cette société".

En passant à la réalisation, Elisabeth Moss offre un point de vue véritablement féminin sur le sujet. Depuis #MeToo, les pratiques se renouvellent. "La servante écarlate" est d'ailleurs l'une des premières séries à employer une équipe de scénarisation et de réalisation paritaire.

Sujet radio: Miruna Coca-Cozma

Adaptation web: ld

Publié