Au cours des dernières décennies du XIXe siècle, l’Europe connaît un véritable engouement pour la musique et les grandes capitales se dotent l’une après l’autre de salles de concert. Le 6 janvier 1870, Vienne inaugure le Musikverein. Paris lui emboîte le pas et ouvre le 5 janvier 1875 les portes de l’Opéra Garnier. Dix ans plus tard, le 7 février 1885, Prague voit la naissance de son Rudolfinum, tandis que le 11 avril 1888 Amsterdam accueille son premier concert au Concertgebouw.
Aussi calviniste soit-elle, Genève aime la musique et ne peut manquer de suivre le mouvement. C’est à Daniel Fitzgerald Packenham Barton que revient l’idée de construire dans la ville une nouvelle salle de concert. Diplomate britannique, il occupe entre 1888 et 1897 les fonctions de consul de Grande-Bretagne à Genève. D’origine écossaise, il est né à Edimbourg en 1850, mais vit à Genève depuis sa jeunesse.
Daniel Barton est un mélomane passionné: il dépense sans compter et consacre une grande partie de sa fortune à encourager et soutenir la musique. En 1883, il fait partie des membres fondateurs de l’Harmonie nautique de Genève avec notamment le clarinettiste Louis Bonade.
A l’automne 1889, le consul Daniel Barton lance un défi à Louis Bonade: si l'Harmonie nautique peut interpréter la sixième Symphonie de Beethoven, la "Pastorale", alors il lui construira une salle de concert. Le clarinettiste accepte le défi et demande aussitôt à un ami, Bernard van Perck, de lui écrire une transcription pour harmonie de la partition. Un concert est organisé au Grand Théâtre devant un public conquis. Dès lors, Barton est contraint de tenir sa promesse. Le 18 octobre 1891, il fait poser la première pierre du futur Victoria Hall, ainsi nommé en hommage à Sa Majesté Victoria, reine d’Angleterre.