Publié

Le batteur fribourgeois Marcel Papaux est décédé à l'âge de 63 ans

Le batteur Marcel Papaux en 2011. [CC-BY-SA - OhWeh]
Vibrations - Figure du jazz suisse, le batteur fribourgeois Marcel Papaux est décédé à l'âge de 63 ans / Vibrations / 5 min. / le 14 décembre 2023
Marcel Papaux est mort dans la nuit de dimanche à lundi, a appris la RTS. Pertinent et percutant, ce grand musicien et professeur fribourgeois qui a joué avec l'élite nationale et internationale du jazz moderne a rejoint les maîtres de la batterie qui l'ont précédé.

C'est une affaire de solidité. Marcel Papaux, plus que par le verbe, donnait de la stabilité par le temps énoncé avec cet instrument qu'il chérissait: la batterie. Des duos aux grands ensembles de jazz, il faisait en sorte que ça sonne. Ça peut paraître mystérieux, surtout dans de la musique improvisée comme le jazz.

Mais plus que par le verbe encore une fois, c'est la maîtrise des espaces sonores et leur distribution vers le ou la soliste qui a fait sa renommée. Comme un Daniel Humair ou un Olivier Clerc (autres immenses batteurs suisses) qui l'ont précédé sur ce chemin de spontanéité absolue et d'écoute quasi télépathique.

Un musicien toujours à l'écoute

Marcel Papaux a étudié au Conservatoire de musique de Fribourg. A cette époque, ses intérêts musicaux allaient encore de la musique classique au jazz en passant par le rock et la musique légère. C'est le pianiste fribourgeois Max Jendly qui l'a convaincu de se tourner en premier lieu vers le jazz. De 1988 à 1996, Papaux a joué dans le big band de Lausanne. Par ailleurs, il a joué pendant plusieurs années avec le trompettiste Matthieu Michel et le pianiste Thierry Lang ainsi que dans le trio de Patrick Muller.

Marcel Papaux savait en permanence comment proposer la meilleure qualité de son, en parfaite adéquation avec le moment présent. Toujours à l'écoute pour rester totalement dans le dialogue, dans le flux d'une imagination formidablement fertile.

Amitié et musique

Le batteur fribourgeois a joué avec une élite nationale et internationale du jazz moderne, de Michael Brecker à Art Farmer, de Thierry Lang à Jean-Christophe Cholet, les grands ensembles de Jérôme Thomas ou encore Toots Thielemans. Avec ce dernier, Marcel Papaux a ressenti une compréhension immédiate, musicale et amicale.

C'était la clef de voûte de Marcel Papaux, à n'en pas douter: amitié et musique, mais avec le swing et sans concession à la force de vie. C'est ce qui rend la musique intéressante.

A ce moment de mon propos, je me dis que Marcel Papaux, toujours un peu encombré par trop de mots, m'aurait dit en face: "Tu ne veux pas continuer après le concert?"

Ivor Malherbe/aq

Sujet développé dans Vertigo du 12 décembre 2023.

Publié